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17 septembre 2014

Moment Disney : Portrait d'Aurore

Aurore, la toile de fond

Affiche de La Belle au Bois Dormant (1959)

Film : La Belle au Bois Dormant, 1959

Age : 16 ans

Nationalité : Anglaise

Statut : Mariée

CV : princesse Disney officielle, future reine régnante d’un royaume et reine consort d’un autre, probablement future mère du souverain d’un grand royaume unifié (Aurore ne sert peut-être à rien, mais elle a quand même un CV qui claque)

Chansons : Je voudrais, J’en ai rêvé                  

Un nouveau mercredi, une nouvelle princesse ! Ayant montré de la sympathie pour Blanche-Neige et Cendrillon, plusieurs lecteurs m’ont demandé comment je comptais défendre Aurore. Vous savez quoi ? Je ne vais pas le faire.

Défendre Aurore est à peu près impossible tant elle est fade. Pourtant, La Belle au Bois Dormant est un excellent Disney, mais elle en est le personnage le moins intéressant, de très loin. Connait-on d’ailleurs le moindre trait de sa personnalité ? Ce qu’elle aime, ce qu’elle n’aime pas ? Quelles sont ses aspirations – à part rencontrer un beau garçon en se baladant dans les bois ? Ne cherchez pas les réponses à ces questions : elles ne se trouvent pas dans le dessin animé – non, avoir une jolie voix n’est pas une personnalité. Le seul indice que nous laisse le scénario, c’est que, tout comme le Blanche-Neige, elle s’enfuit quand elle rencontre son homme idéal ; mais contrairement à elle, elle lui donne rendez-vous en partant. Timide mais pas trop : la femme parfaite d’après tous les manuels de bonne conduite.

Le hobby d'Aurore, valser avec des fringues

- Elle n'est somnambule que les jours de lessive. C'est quoi son problème ?
- Oh Phil, c'est superbe sur vous
Amy Mebberson

Quant à l’histoire, basée sur un conte de Perrault, elle est légèrement revisitée, pas forcément pour le meilleur : le prince n’est plus un quelconque chevalier qui vient se confronter au maléfice, mais le prince qui a justement été fiancé à Aurore à sa naissance, et qui l’a justement rencontrée dans la forêt sous une fausse identité, et qui a justement eu le coup de foudre pour elle. Tellement de coïncidences, c’est beau ; on dirait un roman feuilleton du XIXe siècle.

L’article doit-il s’arrêter là ? Sur la conclusion que La Belle au Bois Dormant est un dessin animé médiocre avec une héroïne médiocre ? Bien sûr que non.

La fadeur d’Aurore n’enlève rien à la qualité du dessin animé pour une bonne raison : la Belle au Bois Dormant n’est pas l’héroïne de son propre film. En tout et pour tout, elle n’apparaît que 18 minutes sur les 75 que dure le film, n’a que quatre scènes où elle n’est ni un nourrisson ni au milieu d’un roupillon, et seulement deux où elle parle. Evidemment qu’elle n’a pas de personnalité : elle n’a pas le temps.

Plutôt qu’une héroïne, Aurore est un prétexte pour mettre en scène les vraies protagonistes du film : les trois Marraines-Fées, Flora, Pâquerette et Pimprenelle, ainsi que leur antagoniste, Maléfique – qu’on ne présente plus. Les trois Marraines mènent le film du début à la fin, sauvant la princesse puis le prince en lui permettant de vaincre Maléfique. Cette scène est d’ailleurs ambigüe : est-ce vraiment le prince qui la tue en portant le coup, ou les Marraines en jetant un sort à l’épée ?

Alors qu’Aurore reste un personnage de la même fibre que les précédentes héroïnes du studio, les trois Marraines-Fées prennent cette image à contre-pied. Bien qu’étant des figures maternelles, elles ne sont pas de parfaites ménagères ! Lorsqu’elles préparent la fête d’anniversaire d’Aurore, elles sont incapables de coudre, de préparer un gâteau, et même de faire le ménage sans l’aide de leurs baguettes. (Comment ont-elles fait pour élever une petite fille pendant 16 ans sans savoir rien faire de cela ? Je suppose que c’est le moment où Disney nous gratifie d’un Ta Gueule C’est Magique.) Et entre elles, c’est l’amour vache : elles se donnent du « très chère », mais multiplient les réflexions passives-agressives.

Les marraines fées s'envoient des vacheries pendant les corvées

Pimprenelle : Ma chère, cette robe est affreuse !
Flora : C’est parce qu’elle est sur vous, chère.

Quant à Maléfique, elle est rentrée depuis longtemps au panthéon des méchants de légende, au point d’ailleurs que Disney lui a consacré un film. Eith l’a d’ailleurs déjà évoquée dans un précédent article. La sécheresse de son apparence et sa cruauté créent un excellent équilibre entre elle et les Marraines-Fées, parfaitement illustré par deux thèmes musicaux particulièrement réussis.

Dans l’ensemble, La Belle au Bois Dormant ne vole donc pas son statut de classique. On peut par contre se passer de sa suite, un épisode inclus dans Enchanted Tales : Follow your dream (2007), qui tente vaguement de créer une personnalité à Aurore – sans grand succès. En revanche, on peut noter que c’est le premier film d’animation où l’on voit une princesse Disney occuper officiellement des fonctions politiques, car son père lui confie la régence pendant une (courte) absence.

 Pour conclure, il est important de se rappeler qu'on ne peut pas juger Aurore sur les mêmes critères que la plupart des princesses Disney, puisqu'elle n'est pas un personnage principal mais secondaire. Elle joue le rôle de toile de fond, et c'est une très jolie toile de fond.

Princesse précédente

Princesse suivante

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Commentaires
E
Oh oui ! Je veux tout savoir sur le Prince Philippe. :)
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S
Merci Elodie ! Je songerais à étudier les personnages masculins... Quand j'aurais épuisé les féminins. ;)
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E
J'aime beaucoup cette chronique sur les princesses Disney. Ce serait intéressant d'étudier les personnages masculin. Dans mes souvenirs, le prince ne brille pas non plus par sa personnalité.
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