Moment Disney : Portrait de Marianne

Marianne, la minorité visible

Film : Robin des Bois, 1973

Age : Inconnu

Nationalité : Anglaise                                                         

Statut : Mariée

CV : princesse de second plan, femme de hors-la-loi

Chanson : Hier, deux enfants

Bon, on en parle de Lady Marianne ? Je me suis longtemps posée la question ; Marianne n’est pas et n’a jamais été une princesse officielle des écuries Disney et elle n’est jamais désignée par ce titre dans son film. Cependant, elle est quand même nièce de roi, cela m’a paru suffisant pour l’intégrer dans ma sélection de princesses. Et c’est comme ça que je me retrouve à avoir un jour de retard : avouons-le, il n’y a pas grand-chose à dire.

Marianne est le deutéragoniste du dessin animé Robin des Bois, un mot fort savant pour dire qu’elle est un personnage secondaire. C’est assez logique : si le film ne s’appelle pas Lady Marianne, c’est qu’il y a une raison. Bien qu’étant le premier personnage féminin, elle n’apparaît que 30 minutes dans tout le film ; c’est certes 12 de plus qu’Aurore, mais comme celle-ci, elle n’apparait pas du tout durant le troisième acte, sans avoir l’excuse d’être en plein roupillon. Mais il faut dire que quand elle apparait, ce n’est pas très brillant.

Marianne n’a absolument aucun rôle dans son film, à part celle d’être l’intérêt amoureux de Robin et de jouer la demoiselle en détresse dans une scène. Autant dire qu’elle ne sert strictement à rien. Sa situation est très différente de celle d'Aurore : même si la Belle au Bois Dormant ne fait pas grand-chose, elle reste le point central du film autour duquel tournent les autres personnages. Rien de cela chez la renarde, dont la présence est tout à fait accessoire.

La légèreté de cette représentation féminine est telle que ce film est le premier que nous étudions à ne pas passer le Bechdel test. Ce test se déroule en trois étapes : y a-t-il plus de deux personnages féminins avec un nom ? Se parlent-elles ? D’autre chose que leur intérêt amoureux ? C’est sur ce troisième point que Robin des Bois trébuche : quand Lady Marianne parle à sa dame de compagnie ou à la jeune lapine, ce n’est que pour disserter sur le fait qu’elle rêve d’épouser Robin.

Ce point peut paraître anecdotique, car il est vrai que Robin des Bois est un film davantage orienté vers un public masculin que les « films de princesses » que j’ai étudié jusqu’ici – et donc la sous-représentation féminine pourrait être normale. Pourtant, quand on fait passer le même test aux personnages masculins des « films de princesses », quelle que soit l’époque, ils le passent haut la main…

Il est intéressant de voir que cette princesse parfaitement inutile émerge des studios Disney dans un moment où ceux-ci connaissent de grandes difficultés. Après la mort de leur créateur, ils errent pendant quelques décennies avant de retrouver le chemin qui leur convienne. Pendant cette débâcle, les films sont bouclés tant bien que mal, et c’est pour ça que Robin des Bois fini par être un puzzle entre des séquences d’animation originales et du matériel piqué sans vergogne à des films précédents. Et hop, un petit coup d’Aristochats et de Blanche-Neige dans une scène de danse, et hop, on pille les personnages du Livre de la Jungle et de l’Apprentie Sorcière pour créer le Prince Jean et Petit Jean… Quand on est familier de ces autres longs métrages, cette impression de pot pourri ne joue pas en faveur du dessin animé, qui n’est pourtant pas si mauvais.

Bref, Lady Marianne aurait pu décrocher une place honorifique parmi les princesses, mais à la place, elle devra se contenter du rôle de faire-valoir.

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