Revoir tous les Mad Max et mourir (ou aller à la plage)

Vous vous souvenez peut-être que l'année dernière, quand je suis sortie du cinéma après avoir vu Mad Max : Fury Road, quatrième volet de la saga culte, je n'ai pas pu m'empêcher de vous envoyer le voir. A mes yeux, il reste le meilleur film de l'année 2015, et pourtant, j'ai eu l'impression, à en parler avec vous, que cet avis était loin de faire l'unanimité. En fait, je rencontre un peu partout des fans de la saga d'origine qui reprochent à Fury Road de trahir la première trilogie. Tiens, ça me rappelle quelque chose. Évidemment, ça m'a donné envie de creuser.

Mais du coup, j'étais intriguée. J'avais vu Mad Max premier du nom il y a fort longtemps et n'en avais aucun souvenir. J'avais vu Mad Max 3 : Beyond the Thunderdome, mais en fait, je n'avais pas du tout compris que c'était une suite, juste un autre film, indépendant. Honnêtement, si vous n'avez pas vu le 2, c'est difficile de faire le lien ! J'ai raccroché les wagons trop tard. Bref, en tant que néophyte, les critiques des fans hardcores m'ont vraiment donné envie de savoir ce que j'avais raté. Phoenix, beaucoup plus fan de la saga que moi, m'a donc installée sur un fauteuil pour me montrer les 3 premiers volets. Verdict.

J'ai revu les trois premiers Mad Max, donc. Et vous savez quoi ? Je pense que les fameux fans hardcore, pour qui le quatrième opus trahissait la saga, devraient les revoir aussi. Parce qu'à mes yeux, avec le bagage que j'ai acquis, avec tout le recul possible, Mad Max : Fury Road reste probablement la meilleure suite de la saga. Entendons-nous bien : le premier film est un chef d'oeuvre. Il crée un univers, des personnages, donne un ton. Il raconte une histoire passionnante, qui se suffit à elle-même, est super bien réalisé, c'est un vrai plaisir, une vraie claque. Il ne sera jamais égalé par aucun des opus qui lui ont succédé. D'ailleurs, objectivement, il y a un vrai gouffre entre le scénario du premier film, ancré dans un futur très proche mais finalement assez similaire à notre présent, et le second, qui tombe dans le post-apocalyptique le plus total, sur fond de crise écologique. Un peu comme si Mad Max consistait en deux univers, rattachés par un héros qui conserve le même nom, la même droiture,  la même violence. Mad Max, c'est avant tout l'histoire d'un type qui ne parle pas beaucoup, qui subit, qui réplique, et des personnages hauts en couleur qu'il croise sur sa route. En cela, chaque nouvel épisode reste très fidèle à l'original, même si chaque fois, on part un peu plus loin dans le délire. Chaque fois, la constante, c'est que Max le Fou est probablement l'être le plus sain d'esprit de la région.

Mad Max : Fury Road assume sa filiation avec les deuxième et troisième opus, grâce à un scénario qui référence les deux films, tout en se réinventant. De Mad Max 2, Fury Road tire son aspect brut, violent. On y retrouve le sable du désert, les innocents à sauver, les fous qui les menacent, l'omniprésence des machines, le vide et le désespoir tout autour d'un îlot de vie qui semble voué à disparaître. Fury Road s'inspire aussi de Mad Max 3 pour ses thématiques sous-jacentes : la filiation, l'écologie, la place des femmes et des enfants dans un monde d'overly manly men, le monde moderne, les lois et la vengeance... A mi-chemin entre ces deux bons films, le quatrième opus profite en plus d'un budget visiblement plus confortable. En fait, c'est comme si ce dernier Mad Max offrait à toute la sage un petit coup de jeune : nouvel acteur principal (qui n'a pas forcément besoin d'être convaincant puisque Mel Gibson faisait la plupart du temps le minimum syndical dans les autres films), effets spéciaux à couper le souffle, ambiance incroyable, musique qui décoiffe. Georges Miller offre un sacré lifting à la post-apo des années 1980. Son scénario, très basique, est une fois de plus le prétexte pour nous faire vivre une épopée sombre et optimiste à la fois. Mais là où Mad Max 2 et 3 souffrent de lenteurs et ont du mal à garder un rythme effréné, Fury Road ne lâche jamais la pédale d'accélérateur.

Alors oui, à la réflexion, on peut reprocher à Mad Max : Fury Road de ne plus avoir beaucoup de points communs avec le tout premier film. Mais dire que Georges Miller s'est compromis avec son petit dernier en trahissant l'esprit de la saga, c'est être un peu borné et surtout, très hypocrite. Car si on y regarde bien, son univers et son personnage avaient déjà été redéfinis en 1981 lors de la sortie de Mad Max 2. Un univers enrichi depuis, permettant au réalisateur de faire glisser ses films d'un style purement Western à quelque chose de nouveau, mais qui place toujours la vitesse et la violence au coeur du processus.

Bref. Cet été, prenez quelques heures pour vous refaire l'intégrale de la saga, et ensuite, j'espère que vous aurez plein de choses à me dire dans les commentaires, que vous ayez -ou non- aimé Mad Max : Fury Road lors de la sortie.