Black Lagoon
Lorsqu'on évoque les pirates devant vous, vous pensez peut être à des individus folkloriques coiffés d'un bicorne noir, avec cache oeil et jambe de bois qui passent leur temps à siroter du rhum en cherchant des trésors. Si vous êtes un poil Otaku, vous imaginez de suite un individu coiffé d'un chapeau de paille aux membres élastiques... Mais au fond de vous mêmes, vous savez très bien que les pirates, ce sont à la base des bandits, qui pillent ou capturent des navires, massacrent sans pitié leurs occupants et trempent le plus souvent dans des affaires louches... et plus encore à notre époque, dans ce monde corrompu où s'affrontent les organisations mafieuses, les tueurs à gage et autres trafiquants. Nous voici déjà un peu plus proches de l'univers de Black Lagoon, peuplé de véritables criminels qui s'assument et tentent de s'enrichir tout en évitant les écueils d'un monde souterrain, fatal au moindre faux pas. Embarquez donc avec moi pour Roanapur, zone de non-droit régie par les organisations criminelles, à la rencontre de nos fameux pirates. Oh, et ne vous prenez pas une balle perdue en chemin, je n'irai pas pleurer sur votre tombe, et en plus je faucherai votre part du butin.
Black Lagoon est à la base une série de manga de Rei Hiroe, dont la publication a commencé en avril 2002. La série a été ensuite adaptée en anime, par le studio Madhouse, en 2006, qui le diffusa sous la forme de deux saisons de 12 épisodes, séparées de seulement trois mois. On notera que l'adaptation s'est avérée très fidèle à l'original, à l'exception de l'inversion de quelques arcs, par exemple les deux situés à la fin de la saison 2, tout simplement car celui choisi pour clore la diffusion possédait une conclusion de meilleur effet pour une fin de saison. Cependant, l'adaptation animée s'est arrêtée au sixième tome du manga, le plus avancé dans la publication en 2006. Une troisième saison est prévue depuis pas mal de temps, mais sa date de diffusion n'a pas été dévoilée;la parution du manga étant lente (9 tomes actuellement) il est logique de repousser une adaptation qui se veut fidèle et ne s'autorise aucun HS. Il est assez probable ceci dit que la suite nous arrive courant 2010 en anime, sous forme d'OAV reprenant le long arc développé par les tomes 7 à 9. On notera que la série (manga comme anime) est licenciée en France.
Black Lagoon commence en 1995, par les mésaventures d'un jeune employé Japonais, Okajima Rokuro, qui se retrouve prisonnier sur un bateau, en plein milieu des mers d'Asie du Sud-Est, avant d'avoir compris ce qui lui était arrivé. En réalité, il devait transporter un disque de données pour ses patrons, lequel semble intéresser de 
nombreuses personnes. La preuve, Rokuro s'est fait capturer par trois pirates modernes chargés par des mafieux de récupérer le disque: Revy, une jeune fille à la gâchette facile, Benny, l'informaticien Juif, et Dutch, un grand Black qui semble le chef. Sauf que les patrons de Rokuro n'ont pas très envie que les données top secrètes faisant l'objet de leurs transactions louches soient diffusées n'importe où; aussi n'auront ils aucun scrupule à sacrifier ce dernier comme un pion en envoyant des mercenaires détruire les pirates, et leur bateau, le Black Lagoon. L'opération échoue, en partie grâce à une ruse de Rokuro. 
Le résultat final: notre employé, qui commençait à en avoir marre de sa vie bien rangée et sans saveur métro/boulot/dodo envoie au diable ses supérieurs, et comme il commence à prendre goût à l'adrénaline constament générée par une vie de hors-la-loi, il rejoint sous le pseudonyme de Rock l'équipage de ses ex-ravisseurs. Nous suivons alors les missions diverses de la Lagoon Company, la "société de livraison pas toujours légale" de nos pirates. L'histoire est ainsi divisée en plusieurs arcs indépendants, durant chacun quelques épisodes.
Travaillant pour diverses organisations louches, nos criminels ont pour port d'attache la ville fictive de Roanapur, en 
Thaïlande: véritable repaire de la société "underground" d'Asie, cette ville est sous l'autorité des cartels, triades et autres mafias russes (dont une branche, Hotel Moscow, est le client le plus régulier de la Lagoon Company). Bagarres dans les bars, bordels à tous les coins de rue et fusillades constantes sont les principales attractions de la ville; et le commerce d'armes et de drogue y est évidemment florissant. Ambiance malsaine, vous avez dit? Parfaitement, et c'est d'ailleurs ce qui fait le charme de la série: on oublie les "gentils pirates", ici, nous n'avons que de vrais bandits vivant dans un monde pourri et corrompu, et qui s'assument totalement en tant que voleurs et assassins. Le manichéisme n'a pas sa place dans un monde où tous sont immoraux jusqu'à l'os. Voilà l'univers dans lequel Rock débarque, et auquel il s'adapte finalement plutôt bien, grâce à son talent inné pour la négociation et la stratégie... Hors de question pour lui de toucher un flingue, ce qui change agréablement, soit dit en passant, des clichés du genre, mais il se révèlera bien vite un complément indispensable à l'équipage du Black Lagoon.
Rassurez vous en ce qui concerne les bastons: c'est principalement à la hum,"charmante" Revy que seront dues les séquences les plus survoltées de ce qui reste une série d'action pure, égrénée de force fusillades et course-poursuites. C'est dans ce genre de scènes que l'on retrouve l'humour de la série, qui tranche quelque peu avec son fond sombre, d'abord par les répliques aussi cinglantes qu'ordurières des personnages à l'encontre de leurs ennemis, ensuite et surtout par le concentré jouissif et explosif des gunfights, pas forcément portés sur le réalisme. En fait, les combats oscillent sans cesse entre réalisme (flash des détonations, bruit des douilles qui tombent...) et la fantaisie la plus totale (chasseurs de prime adeptes d'armes lourdes, katana qui coupe des balles (un grand classique ^^) et surtout, Revy est intouchable, alors que les ennemis claquent en deux tirs). Ceci dit, on ne part pas dans le n'importe quoi
total, les mouvements des persos sont toujours àpeu près régis par les lois de la physique. Et puis plus la série avance, plus ça devient sanglant et malsain, le côté jouissif augmente en proportion: regardez le premier arc de la saison 2, par exemple... Pas la peine non plus de trop se prendre la tête durant l'action, de toute manière le spectacle et le divertissement sont magnifiquement assurés, et à la base c'est tout ce que l'on demande à la série. Et puis, rien que la poursuite avec la bonne "Terminator" (épisodes 8 à 10) ou l'attaque des chasseurs de primes sur les locaux de la Lagoon Compagny (épisode 17) vous procurent déjà ce petit frisson jouissif généré par de l'action explosive fleurant bon la poudre.
Mais en plus du background plutôt original et sombre, Black Lagoon développe -quand même- ses personnages principaux, surtout Rock et Revy. D'ailleurs, avant d'aller plus loin, une petite présentation des intervenants s'impose:
Rock: Comme je le disais dans mon résumé, Rock, lassé de sa vie de salaryman ennuyeuse à mourir, a rejoint l'équipe du Black Lagoon après s'être fait jeter comme un vieux chewing gum par ses patrons. Et ne vous fiez pas à son air naïf, on s'apperçoit au fil de la série qu'il est bien mieux adapté que prévu à l'univers dans lequel il s'embarque: outre ses talents de négociateur, il s'avère plutôt courageux et n'hésite pas à tenir tête ouvertement à des individus armés jusqu'au dents et de mauvaise humeur (qui a dit Revy?). Et pour un type qui refuse de troquer son costume de businessman pour une tenue plus "adaptée" à son nouveau job, et encore plus d'utiliser un flingue, Rock dispose d'un certain charisme, qui change des héros plus classiques de japanime ou même de films d'action ricains.
Revy:Une femme fatale, une vraie! Ayant vécu depuis sa plus tendre enfance dans un climat de violence extrême, l'héroïne 
principale de Black Lagoon voit d'abord d'un très mauvais oeil l'arrivée de Rock dans l'équipage. Evidemment, ils finissent par dévelloper une relation plutôt intéressante, basée autant sur leur opposition que leur complémentarité. On est loin d'une love story à l'eau de rose, toutefois, le climat ne le permet pas. Revy est clairement la bourrine du groupe, surnommée "Two-Hands" en raison de son habileté aux armes; elle ne se sépare jamais de ses deux Beretta 92F (9mm) modifiés, les "Sword Cutlass" (référence aux armes des pirates traditionnels, oui,oui). Sinon, elle boit comme un trou, fume comme un pompier (comme la quasi-totalité des personnages d'ailleurs), et jure comme un charretier. Je lui trouve un petit côté Lara Croft (en mieux :p), pas vous?
Dutch: Le chef de la bande de pirates, un grand Noir toujours calme qui sait gérer les situations extrêmes. Il a combattu au Vietnam dans sa jeunesse, et se montre plutôt rusé lors des missions. Utilise un fusil à pompe en cas de combat. C'est lui qui trouve les missions pour la lagoon company, grâce à ses nombreuses relations dans les milieux louches de Roanapur, (comprendre: tous les milieux.) notamment avec la mafia russe.
Benny: Informaticien génial, Juif, et chargé principalement de la logistique et des opérations informatiques. On sait que ses talents de hacker lui ont valu d'être recherché aux USA, tant par la mafia que par la CIA. Il évite toujours les conflits et a la confiance du reste de l'équipage, notament de Dutch.
Blalalaïka: Chef d'Hotel Moscow, une branche de la mafia russe très active en Thaïlande; elle est l'une des personnes les plus influentes de Roanapur. Anciennement soldat d'élite de l'URSS, elle a déserté avec toute son escouade lors du conflit en Afghanistan, pour se consacrer aux activités illicites; et autant vous dire qu'avec tout un groupe d'ex-spetznas sous ses ordres, elle s'est rapidement fait respecter dans le milieu. La trace de brûlure qui parcourt son visage lui vient de ses campagnes militaires, et lui donne une prestance inégalable, conjointement à ses yeux de glace. Impitoyable, glaciale, terrifiante, très intelligente et efficace: voilà autant d'adjectifs qui collent à la peau de cette femme, "l'une des plus redoutables du monde". Accessoirement, mon personnage préféré.
Eda: Une nonne (?) affiliée à l'église de la Violence, plaque tournante indispensable du commerce d'armes à Roanapur. N'allez donc pas croire qu'elle est entrée dans les ordres pour se repentir de ses péchés, c'est une chasseuse de primes redoutable qui boit, fume et jure presque autant que Revy, dont elle est la grande rivale. Rivalité qui génère des scènes plutôt... électriques entre nos deux tueuses.
Alors bien sûr, quand il faut laisser une place prépondérante à l'action, il est difficile de développer dans le détail tous les personnages. Notons tout de même que le manga (et par 
extension, l'anime) n'est pas fini, et que l'on peut donc espérer en apprendre davantage sur ceux restés dans l'ombre, notamment Dutch et Benny. Il est clair que seuls Revy, Rock et Balalaïka nous ont jusqu'ici dévoilé leur background, et ont montré pour les deux premiers une certaine évolution, au point d'apparaître réellement complémentaires, et de déteindre quelque peu l'un sur l'autre. Sans Rock, Revy foncerait toujours comme une bourrine sur tout ce qui bouge; et Rock emprunte peu à peu à Revy l'état d'esprit nécessaire pour survivre dans ce monde de brutes... sans renoncer à ses principes, toutefois. En ce qui concerne les autres personnages, leur charisme supplée souvent au manque de 
développement de leur background. Les personnages secondaires ne sont pas en reste, apportant selon le cas noirceur ou humour à l'ambiance générale.
En outre, vivre continuellement au contact des facettes les plus noires de l'âme humaine leur a permis de développer une philosophie cynique et réaliste de la vie, dérangeante mais bien plus proche du monde réel que l'idéalisme qui caractérise nombre de mangas et animes.
De plus, la série contient nombre de références, visuelles et verbales, au cinéma d'action américain ou aux westerns spaghettis, voire à certains évènements historiques réels (encore une fois, le premier arc de la saison 2, qui évoque le règne du dictateur Roumain Ceaucescu). De quoi ajouter une petite subtilité à une série qui, certes, reste un divertissement bourré d'action, mais, digne de son étiquette seinen, vise un public mature et susceptible de réfléchir de temps en temps.
Côté technique, l'anime se montre plus que satisfaisant, avec des 
graphismes soignés et détaillés et surtout, une animation fluide et nerveuse, idéale pour une série d'action. Coté musical, on remarque particulièrement l'openning, dynamique et violent (autant verbalement que par les images, centrées sur Revy et ses flingues), qui annonce clairement le ton. Quand à l'ending, il s'avère très... spécial, avec sa musique pleine de mélancolie qui démarre quelques secondes avant la fin réelle de l'épisode, nous rappelant une facette plus tragique de ce monde... quoique... Quand au reste de la partition musicale, elle colle bien aux scènes illustrées, plutôt rock pour les combats, plus soft et discret lorsqu'il s'agit d'illustrer des scènes plus calmes; ceci dit les musiques se font assez souvent discrètes par rapport à l'image.
En bref, nous tenons là une excellente série, qui s'avère un divertissement très efficace, et sait conserver une part d'originalité. Clairement destinée à un public averti, elle nous plonge comme jamais dans un univers de criminels sans foi ni loi, oscillant sans cesse entre le délire et le glauque, et marqué par des personnages aussi charismatiques que violents, vulgaires et ivrognes... En bon français, des badass comme on en voit rarement. Bienvenue dans l'enfer de Roanapur, paradis pour les damnés!
No one lives for ever...
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