Les Rencontres du Ciel et de l'Espace (édition 2012)

Amoureux de science-fiction, c'est à vous que je m'adresse : si vous aimez voir les étoiles dans le générique de Star Wars, vous aimez forcément les voir en vrai. Autant vous dire que ça tombe bien, car ces trois derniers jours avaient lieu les Rencontres du Ciel et de l'Espace, un événement bisannuel organisé depuis 1998 par l'Association Française d'Astronomie (AFA) à la Cité de Sciences de La Villette.
Conférences passionnantes, une braderie de matériel astronomique et des stars du milieu présentes, bref, encore une fois, le programme était alléchant.

Déjà, il faut le noter, la première surprise a été le nombre incroyable de visiteurs lors de cette édition. Je crois que je n'avais tout simplement jamais vu autant de monde assister à des conférences sur l'astronomie et l'astrophysique. A tel point qu'en arrivant en retard à l'une d'entre elle, je n'ai eu d'autre choix que de rester debout... Du jamais vu avec une queue monstre à l'entrée et plus de 8000 personnes qui se sont succédées sur trois jours. En tant qu'amoureuse d'astronomie, je suis ravie de voir à quel point l'engouement grossit d'année en année.

Sur trois grandes salles / amphithéâtres en simultané, les conférences traitaient de sujets variés comme les météorites, les planètes du système solaire, les étoiles lointaines, les exoplanètes, etc. Difficile de choisir ! En plus de ces conférences, des salles abritaient des tables rondes et ateliers pour apprendre à photographier le ciel, à se servir d'instruments d'observations, découvrir des logiciels de traitement d'image ou en apprendre plus sur les programmes qui rendent l'astronomie accessible aux enfants ou encore aux "publics empêchés". 

Sans oublier les stands sur lesquels vous pouviez acheter du matériel, des livres, des météorites, des photographies du ciel et obtenir de la documentation sur un tas de projets comme le LHC (Large Hadron Collider, là où on aurait découvert le fameux Boson de Higgs), l'ESO (European Southern Observatory) et les travaux du CEA (Commissariat à l'Energie Atomique) ou du CNRS. Bref, c'était vraiment la fête de la Science !

J'ai pu assister à plusieurs conférences lors de la journée du samedi. Deux d'entre elles, que j'ai suivies dans la totalité, viendront chacune leur tour en début de semaine dans des articles dédiés. Mais je peux dès maintenant vous dévoiler une partie du contenu de "La conquête chinoise de l'espace : des vols habités à la Lune", présentée par Philippe Coué, un spécialiste du programme spatial chinois.

On a pu le voir ces dernières années, les Chinois ont énormément travaillé pour rattraper leur retard en terme de conquête de l'espace. Et selon ce qu'on a pu entendre lors de la conférence de Philippe Coué, plus qu'une mise à niveau, le programme spatial chinois va probablement les amener à dépasser les Américains, les Russes et les Européens.

Actuellement, le fer de lance du programme chinois, c'est le lanceur CZ-5 (Changzheng 5 ou Longue Marche 5). Les premiers lancements de cette fusée auront lieu d'ici 2014 et vont surtout servir à "s'entrainer" à aller mettre des objets en orbite. En effet, entre 2018 et 2021, une station modulaire sera placée en orbite autour de la Terre. En gros, c'est une sorte de version chinoise de l'ISS (la station spatiale internationale) qui sera normalement habitée en permanence (avec une relève tous les 6 mois) par des taïkonautes (ça, c'est le nom des astronautes Chinois) jusqu'à la fin des années 2020. Même s'il est peu probable que l'ISS soit abandonnée d'ici là, les Chinois ne cachent pas qu'ils aimeraient faire de leur propre station un programme international qui prendrait la suite de l'ISS.

Mais la grande priorité du programme spatial de la Chine, c'est la Lune. Depuis les années 1980, c'est un projet qui est à l'étude et le plan est déjà tout tracé : la Chine souhaite commencer par envoyer des sondes automatiques (en gros, des robots) afin de tâter le terrain pour l'envoi, à terme, d'engins habités. Et ce n'est pas des promesses en l'air !

Déjà, la Chine tente de construire son programme spatial lunaire seule dans son coin, sans l'aide des Américains. Elle veut acquérir par elle-même ses connaissances sur la Lune et du coup, elle reprend tout depuis le début. Elle commence par mettre en place un plan de reconnaissance globale de la Lune grâce au programme Chang'e. Chang'e 1 entre en orbite lunaire en 2007 et y reste jusqu'en 2009, suivi par Chang'e 2 en 2010 qui expérimente les liaisons à grande distance avant d'être envoyé autour d'un satellite géocroiseur.

Progressivement, il est prévu que des tests d'atterrissage sur la surface lunaire soit effectués, ainsi que des observations de la Terre depuis la Lune. Vers 2013-2015, Chang'e 3 va déposer un Rover (un petit robot capable de se déplacer sur la Lune) et par la suite, le programme permettra de récupérer des échantillons prélevés sur le sol lunaire.

Comme la Chine souhaite faire les choses bien et surtout, veut faire un joli coup politique, elle prévoit un survol de la Lune à l'aide du CZ-5 vers 2020. Seulement, ce lanceur n'est pas adapté pour réaliser une mise en orbite d'un engin habité autour de la Lune. Un lanceur lourd, le CZ-9, sorte de copie du fameux Apollo américain, est actuellement en cours de réalisation.

Par la suite, dans les années 2020, la Chine prévoit d'envoyer des engins habités sur la Lune et d'ici 2030 songe sincèrement à être le premier pays à tenter la colonisation de l'espace lunaire. Et vu le sérieux avec lequel ils se sont lancés dans la conquête de la Lune jusqu'ici, il n'y a que si un changement politique majeur a lieu dans les deux décennies qui arrivent que ça pourrait ne pas arriver. En effet, le système de plans quinquennaux avec lequel le gouvernement chinois fonctionne ne laisse que peu de place aux projets irréalisables.

En conclusion ? Et si la Chine était LA nouvelle nation des étoiles ? En tout cas, une chose est sûr, ils ne s'arrêteront pas à la Lune mais iront jusque Mars puisqu'ils vont lancer en 2013 un nouveau programme similaire à Chang'e, mais à destination de Mars !

Pour revivre les principales conférences, rendez-vous sur Twitter (@afastronomie  et @cieletespace).

Lire le compte-rendu de l'édition 2010 des Rencontres du Ciel et de l'Espace.