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1 septembre 2012

Conférence Doctor Who à la Comic Con (Partie 1)

Alors que le tout premier épisode de la saison 7, Asylum of the Daleks, sera diffusé ce soir outre-manche, replongez-vous dans la conférence Doctor Who qui s'est tenue à la Comic Con Paris le 8 juillet 2012.

Vous n'y étiez pas ? Nous si, et voici la première partie de la retranscription intégrale !

Enjoy !

 


 

conférence-dr-who_1

 

Les invités étaient là pour expliquer les détails de la production d'un épisode de la série :

Caroline Skinner, la productrice exécutive de la saison 7.

Chris Chibnall, scénariste notamment de deux épisodes de la prochaine saison, il a ramené les Siluriens dans un double épisode de la saison 5.

Toby Haynes, qui a réalisé 5 épisodes d'affilée de Doctor Who.

Murray Gold, qui a réécrit le générique de la série et toutes les musiques depuis 2005.

Les questions étaient posées par : Alain Carrazé et Romain Nigita (8 art City)

 


 

Pouvez-vous nous parler de la chronologie de la production d'un épisode, et à quel moment chacun d'entre vous intervient ?

 

conférence-dr-who_5

Caroline Skinner : Au niveau de la production, moi et Steven (Moffat) sommes impliqués dans toutes les étapes : suivre le développement du script jusqu'à ce qu'il devienne un scénario, embaucher l'équipe du tournage et les réalisateurs... Doctor Who est plus qu'un simple programme télévisé, c'est une licence importante et très inventive, il faut aussi prendre en compte les fans et les événements à organiser.

 

Chris Chibnall : Moi, je ne suis qu'un des scénaristes de Doctor Who, donc je fais ce que Steven Moffat me dit de faire. Ce qui est génial, quand on est auteur, c'est qu'on participe aux premières réunions, donc on sait avant tout le monde à quoi va ressembler la nouvelle saison, quelles sont les idées qui vont être développées, et ensuite on nous dit quel épisode nous auront à écrire. Enfin, parfois on nous indique l'épisode à écrire, parfois on nous demande ce qu'on voudrait faire. Ensuite, je m'installe seul dans une pièce durant un certain nombre de semaines, j'écris, je pleure, je tape. Steven Moffat me demande "Est-ce que tu as du mal ?", je lui réponds "Oui", il me dit alors "Fais avec, tu es en retard". Et finalement ils font l'épisode. On a beaucoup de chance à ce stade, quand on travaille pour Doctor Who, de faire vraiment partie de l'équipe : on a le droit de voir les rushs, les tournages, les épisodes, et tout le reste.

 

Toby Haynes : Mon travail commence quand on m'envoie le script. C'est le meilleur moment: il arrive dans une enveloppe marqué "Confidentiel, Doctor Who" et j'ai le droit de le lire et de le réaliser ! C'est aussi un moment difficile car en lisant le script, c'est excitant et captivant, mais plus c'est excitant à la simple lecture, plus ça risque d'être compliqué à faire, et donc c'est également terrifiant. Ensuite, il faut faire le casting des personnages, trouver les lieux de tournage, puis arrive le tournage, le moment le plus fou, et enfin c'est l'étape de la post-production, là où le vrai travail commence. (Il se tourne vers Murray Gold)

 

murray-gold_2

Murray Gold : (En français) Bonjour Comic Con ! (Hurlements du public – surtout féminin) Je travaille lorsque tout le monde a fini. Je travaille dans une maison complètement vide. Je reçois tous les "films", et je commence à écrire les musiques, tout seul, et c'est very lonely (très solitaire). Je travaille encore quand les autres sont en vacances ! C'est une façon de faire très différente car je ne rencontre personne, ni les acteurs, ni les caméramans, mais je crois vraiment qu'ils existent.

 

 

Chacun d'entre vous a déjà travaillé sur d'autres séries. Est-ce que la production de Doctor Who est comparable aux autres productions anglaises ou bien est-elle totalement différente ?

 

Caroline Skinner : Oh que oui, c'est différent ! C'est bien plus grand et bien plus fou ! C'est Doctor Who... A la fin d'une journée difficile, je suis complètement stressée et quand on me demande pourquoi, je répond que c'est d'avoir parlé de monstres toute la journée. J'ai eu des expériences bien pires, mais ça n'arrive qu'ici ! Un jour on est dans un décor historique, le lendemain dans un vaisseau spatial, c'est comme faire un film chaque semaine.

 

daleks-2

Chris Chibnall : Doctor Who, c'est plus dur, meilleur, plus excitant, plus difficile, plus agréable que n'importe quelle autre série à créer comme à suivre. Ça doit être drôle, ça doit être exaltant, ça doit être effrayant, ça doit être émouvant, ça doit avoir des personnages passionnants... Et tout le monde doit sans cesse courir dans tous les sens, personne ne reste tranquillement assis dans Doctor Who !

 

Toby Haynes : Je pense que ce que j'aime dans cette série, c'est qu'on est toujours à un cheveux du désastre ! C'est ce côté "à la limite de la catastrophe" qui est vraiment excitant. J'adore également travailler dans ces studios parce que ça donne l'impression d'être dans un film hollywoodien, quand vous allez dans les studios vous avez un chameau ici, des décors égyptiens par là, etc. Les studios de Doctor Who, c'est pareil, vous voyez un Dalek dans un coin, des tas de trucs et vous vous demandez "Mais, à quoi ça sert ? Qu'est ce que ça va être ?". J'arrive tous les jours sur le plateau en avance pour me promener, pour ressentir l'atmosphère des lieux, pour me préparer à faire la série.

 

Murray Gold : Pour moi, c'est un peu plus difficile que pour les autres de la production, mais en même temps, c'est un peu plus facile. Évidemment, il y a beaucoup de musiques, il y a 40 minutes dans chaque épisode, ça rend mon métier plus difficile. Mais en même temps c'est l'amour pour la série... C'est ce que tout le monde dit, on travaille dur parce qu'on veut que la série soit réussie. Il n'y a aucun intérêt à avoir des patrons diaboliques qui nous forceraient à travailler encore plus dur car tout le monde, quelle que soit sa fonction, travaille déjà du mieux qu'il peut.

 

 

conférence-dr-who_6

On va s'intéresser à l'écriture avec Chris : il y a deux cas, soit Steven Moffat vous suggère un thème, soit c'est vous qui lui proposez. Comment ça se passe ?

 

Chris Chibnall : C'est différent à chaque fois. J'ai scénarisé deux épisodes de la saison 7, qu'on vient juste de terminer.

Caroline Skinner : Et ils sont super.

 

Chris Chibnall : Pour le premier épisode que j'ai écris pour la prochaine saison, j'ai eu une réunion très courte avec Steven, il m'a juste dit le titre qu'il voulait donner à l'épisode, j'ai dit "oui ?" et il m'a répondu "ok, c'est bon, tu peux y aller". C'est ainsi que nous sommes partis sur celui-ci. Ensuite, pour le deuxième épisode, j'avais une idée d'histoire que j'ai racontée à Steven et Caroline. Steven m'avait demandé un épisode à propos de Amy et Rory, et je lui ai dit "d'accord, qu'est-ce que tu penses de ça ?"

 

Caroline Skinner : Donc il nous a raconté son histoire, en nous disant qu'il n'était pas sûr que ce soit si bien que ça, mais c'était le meilleur pitch que j'avais jamais entendu ! Steven et moi avons quitté la salle en se disant "ne lui dit rien, mais c'est une histoire absolument géniale pour un film, on doit vraiment l'utiliser dans Doctor Who".

 

Chris Chibnall : Et moi, je suis rentré chez moi en me disant que ça aurait pu faire un super film et que j'aurais pu être payé très cher pour cette idée. Et puis après, je me suis dit que ça avait complètement sa place dans Doctor Who. Cette série est meilleure que n'importe quel film !

 

 

smith_tennant_change-thumb-550x397-37293Est-ce qu'il y a des règles qui vous sont données pour écrire un épisode de Dr Who ? Est-ce que ça change quand le Docteur change ?

 

Chris Chibnall : Pas vraiment. Je pense que tous les gens qui travaillent sur la série la connaissent très bien, l'aiment et ont pleinement conscience de l'histoire. Ce qui est constant dans Doctor Who, et d'ailleurs tous les auteurs et les gens de la production y font attention, c'est "l'essence" de la série. On ne veut pas que le Docteur tienne une arme, il faut qu'il ait un comportement moral, qu'il soit héroïque, intelligent... Mais plus que tout, ça doit être nouveau, la série doit aller de l'avant. Un auteur doit aussi observer le jeu de l'acteur : quand vous regardez la série, vous voyez bien que Matt Smith est un Docteur différent de David Tennant. L'auteur s'en sert et écrit spécifiquement pour l'acteur. Ça peut prendre des années pour réussir à identifier ce truc, mais ça fait partie du travail. Le Docteur de Matt a tellement de folie, d'humour, c'est merveilleux d'écrire pour lui !

 

 

Chaque invité a choisi un extrait vidéo qu'il décide de commenter. Chris Chibnall a sélectionné un extrait de The Hungry Earth (La Révolte des Intra-Terrestres), lorsque le Docteur rencontre la silurienne Alaya.

docteur-alaya

 

Chris Chibnall : On ne s'assoit jamais dans Doctor Who, sauf quand on parle avec un Silurien.

 

Pourquoi avoir choisi cet extrait ?

 

Chris Chibnall : C'est impossible de choisir parmi ses propres épisodes ! J'ai pris cet extrait car Matt est génial, je l'adore dans cette scène. J'aime aussi Neve McIntosh. C'est une grande performance d'acteurs. J'adore l'apparence des Siluriens, car -on parlait tout à l'heure de faire du neuf avec du vieux- même si ces monstres existaient déjà dans Doctor Who, et qu'ils étaient vraiment appréciés, il a fallu les renouveler, aller plus loin, afin de les utiliser à nouveau. Et je pense que le travail effectué par les équipes de maquilleurs sur les Siluriens était extraordinaire. Ça les a réinventés.

Et puis aussi, quand ils m'ont demandé de choisir des extraits, je pensais que ce serait les nouveaux épisodes, je me disais qu'on pourrait montrer ce morceau, et celui-ci, et il y a cette scène où ils s'assoient encore...

Caroline Skinner : Cette autre scène est vraiment bonne.

Chris Chibnall : Mais on ne nous a pas laissé faire !

 

 

Comment travaille-t-on pour moderniser ces monstres ?

 

Chris Chibnall : Pour les Siluriens, ça venait de tout le monde. L'idée était de Steven Moffat, qui m'a demandé deux histoires avec les Siluriens. Nous avons réfléchit ensemble à l'histoire, ensuite nous avons parlé avec Ashley Way, le réalisateur, et le responsable des effets spéciaux... C'était vraiment une collaboration, mais bien sûr dans Doctor Who c'est toujours le cas.

 

silence

Toby Haynes : De mon côté, je suis tenu à ce que décident les auteurs. Le Silence, c'était un nouveau méchant, ce qui était super, car Steven m'a pitché l'histoire en me disant qu'il voulait créer le monstre le plus effrayant qu'ait jamais connu la série. Il m'a expliqué ça, et comment rendre complètement flippant une série qui est sensée avoir un public familial. Tout se joue sur une fine ligne entre le trop et le trop peu terrifiant, et c'était très difficile de rester entre les deux, passer de moments vraiment effrayants à des choses plus légères. Le Silence était cool. Dès le script, on faisait référence au Cri de Munch. Après, les gens qui font les maquettes et les effets spéciaux ont travaillé dessus. Ils font des dessins, des modèles, tout ça pour créer à partir de rien quelque chose que les gens ne risquent pas d'oublier. D'ailleurs, ils sont sensés les oublier...

 

Caroline Skinner : Je pense que c'est vrai, quand il s'agit de nouveaux monstres, il faut se demander ce que les enfants vont vraiment aimer, ce qui va marquer, stimuler leur imagination. Pour les anciens, il faut que le script reprenne les éléments qui ont eu du succès, ce qui a toujours attiré les fans, mais changer quelques détails pour les rendre encore plus cool. On peut faire bien plus aujourd'hui qu'à l'époque de l'ancienne série, mais à ce moment, ça fonctionnait car les idées étaient bonnes.

 

 

Est-ce qu'il vous arrive, lorsque vous recevez un script, de devoir le refuser pour des questions de budget ? Intervenez-vous dès l'écriture dans ce cas ?

 

tardisCaroline Skinner : Je suis impliquée dès le début du processus, donc je veille à ça, mais non, ça ne m'est encore jamais arrivé de devoir dire "non, on ne peut pas faire ça". C'est ce qui est génial dans cette équipe, chaque jour, ils réalisent des choses qu'on pensait totalement impossibles à faire à la télévision. Et tout ça, c'est parce qu'ils aiment ce qu'ils font. Dès que Steven nous présente une idée,mais si elle parait irréalisable, tout le monde essaye de trouver une solution pour la faire fonctionner.

 

Toby Haynes : C'est une des qualités de Doctor Who, pour moi... C'est comme "Plus grand à l'intérieur", vous voyez ce que je veux dire, plutôt que de construire un énorme vaisseau spatial, ils ont fait ça, et c'est devenu une icône, des gens portent des TARDIS sur leur t-shirt. Et tout ça parce qu'ils ne pouvaient pas se payer un immense vaisseau spatial !

 

 

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Commentaires
B
Bravo pour la traduction de l'interview, content de voir tous ces efforts enfin récompensés ^^<br /> <br /> <br /> <br /> allez, maintenant faut que j'invente un TARDIS fonctionnel. Facile.
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