Le Metal et les médias partie 2 : les médias
II) Le Metal et les médias
II-1) La couverture médiatique du Metal
II-1-1) Définition du champ d’étude
Tout d’abord, il convient de définir ce qui est entendu par « médias ». D’après le petit Larousse, il s’agit de « tout support de diffusion de l’information […] constituant à la fois un moyen d’expression et un intermédiaire transmettant un message à l’intention d’un groupe ». Cette définition recouvrant un domaine très large, nous ciblerons notre étude principalement sur la télévision sans pour autant omettre la radio, le cinéma et la presse écrite.
Le Metal a toujours été précédé d’une image sulfureuse. De la même manière que ses ancêtres le blues et le rock, il s’est toujours vu fustigé par les médias généralistes qui se positionnent souvent comme des gardiens de la morale. Cependant, malgré les frasques de certains groupes, cela reste avant tout de la musique. Nous pouvons néanmoins distinguer deux types d’approches : une axée sur la musique, et une axée sur l’image reflétée par les groupes et les fans. Pour appuyer l’analyse, des acteurs de la scène Metal française ont étés interrogés afin de recueillir leur avis sur la médiatisation de ce courant musical en France (voir ANNEXE 2).
II-1-2) La musique Metal dans les médias Français.
En premier lieu, attardons nous sur cette absence de représentation musicale. La première apparition de Metal à la télévision française fut celle de Led Zepplin à l’émission Tous en scène de 1969 [i]. Il faudra cependant attendre 1982 pour voir une émission consacrée au rock apparaître sur le Paysage Audiovisuel Français : Les enfants du Rock. Ce sont des journalistes aujourd’hui aussi reconnus que Jean Pierre Dionnet, Alain Chabat, Antoine de Caunes, Alain de Greef , Philippe Manœuvre ou Pierre Lescure qui l’animaient. Cette période fut l’une des plus fastes pour le Metal dans les médias. La presse spécialisée apparaît quant à elle en avril 1983 avec Enfer Magazine, bientôt rejoint par son concurrent direct Metal Attack. Elle est la réaction à l’indifférence affichée au Metal par la presse rock telle que Rock’n’Folk. Le tirage d’Enfer Magasine était de 40000 exemplaires pour le premier numéro et culminera à 100000 exemplaires en 1987, prouvant l’engouement pour ce style. Toujours cette même année, l’émission recevra un Sept D’or de la meilleure émission de variété, avant de migrer d’Antenne 2 vers Canal+ et de prendre la forme de Nulle Part Ailleurs. Mais d’autres émissions prennent la relève comme Metal Express[ii] ou son petit frère Rock Express[iii] sur M6.
Pendant la seconde moitié des années 90, le Metal devient de moins en moins représenté musicalement à la télévision française. Il ne reste que Nulle Part Ailleurs qui invite ponctuellement des artistes de ce style musical à jouer live, voire leur consacre une émission[iv]. Pendant ce temps là, avec la même irrégularité, la presse quotidienne, principalement Le Monde chronique des albums affiliés Metal. Les radios nationales restent quant à elles sourdes à ce phénomène et ne consacrent aucune émission à ce style musical. La fin de Nulle Part Ailleurs en 2001 marquera la fin du Metal à la télé. Il ne reste plus que l’émission Tracks qui consacre de temps en temps cinq minutes à un artiste de cette scène.
Depuis la fin de Nulle Part Ailleurs et hors Tracks les apparitions du Metal sont quasiment nulles. Elles se résument à un live du groupe Lofofora[v] dans Top of the pop, un live de Samaël[vi] tournant au lynchage par Arthur dans son émission sur Europe 2, une interview de Gojira[vii] dans Le Journal Inattendu de RTL et bientôt un passage de Motorhead[viii] et de Deep Purple dans l’émission Taratata du 12 janvier 2007. Du côté du septième art, le retard de la France peut être symbolisé par le film Spinal Tap, le premier film Heavy Metal sorti et élevé au rang de film culte dans le monde dés 1984. Il n’est sorti en France qu’en 2001.
Les personnes interrogées sur ce sujet attribuent ce vide médiatique à une absence de public. Cette affirmation est cependant à nuancer. On peut tout d’abord s’appuyer sur les chiffres de vente. Il est fréquent que des groupes de Metal comme System Of A Down[ix] se hissent en tête des ventes de disques en France. De plus, certains groupes de Metal comme Metallica ou Iron Maiden ont récemment[x] rempli le Parc des Princes, choses que peu de groupes étrangers, appartenant à des styles pourtant plus représentés dans les médias, arrivent à faire. On peut aussi citer la presse spécialisée. On compte actuellement 4 titres spécialisés dans le Metal, accompagnés de 2 titres spécialisés dans la culture Gothique et d’au moins 4 titres rock laissant une place importante à la culture Metal. Pour finir, il y a le cas de l’Eurovision de l’année dernière où le vainqueur, un groupe de Hard Rock nommé Lordi à été massivement plébiscité par le public Français.
II-1-3)Le Metal dans le reste de l’Europe.
Cependant, la situation est différente dans une grande partie du reste du monde. Que ce soit aux Etats Unis, au Canada, en Amérique Latine, en Australie, en Espagne, en Italie, au Japon, en Europe de l’Est, en Allemagne, en Belgique ou dans les Pays Scandinaves, tous ont intégré à différents niveaux le Metal dans leur paysage musical. L’étude sera cependant restreinte à l’Europe occidentale. En effet, des études sociologiques menées sur les amateurs de cette musique montrent des disparités autour du globe, mais montrent aussi une certaine homogénéité dans l’ouest de l’Europe[xi], zone géographique dont la France fait partie. Dans ces pays, la sortie d’albums des groupes les plus en vue est relatée au Journal Télévisé, les radios diffusent les singles de ces artistes en boucle et ils sont fréquemment nominés à des émissions équivalentes aux NRJ Music Awards en France.
On peut citer l’exemple du groupe Within Temptation qui, outre son classement en tête des charts pendant plusieurs semaines en Belgique et aux Pays Bas lors de la sortie de son album « Mother Earth » a été récompensé par le prix Cornamus[xii] ainsi que du titre de « Meilleur Groupe de Rock Internationnal » lors des TMF Awards de 2005. Le phénomène est tel dans certains pays que des artistes de Metal extrême arrivent à se hisser en tête du nombre de passages radios pendant plusieurs semaines. Ce fut par exemple le cas du groupe de Black Metal Satyricon qui imposa son single « Fuel For Hatred » ainsi que « Volcano » l’album duquel était tiré le single en tête des charts norvégiens pendant deux mois. Le groupe a même été invité lors de shows télévisés en prime time ou à la fin de journaux télévisés pour promouvoir leur album. Les exemples sont nombreux, mais même si tous les pays sus-cités ne diffusent pas du Metal en continu sur leurs radios nationales, ils ont tous au moins une radio entièrement dédiée à ce style et des émissions télévisuelles dédiées.
2) Une musique souffrant d’une image négative dans les médias français
II-2-1)Les reproches formulés par les médias français
Dans le paragraphe précédent, nous avons vu que le Metal (en tant que musique) était de moins en moins présent dans les médias français. Cependant les médias généralistes (et principalement la télévision) y voient un ennemi à combattre. Le premier reportage négatif sur ce sujet à la télévision française semble dater de 1983 où le magazine Moi Je diffusé sur Antenne 2 proposait un reportage sur « la violence dans les écoles » mettant en scène deux amateurs de Hard Rock. Le reportage cherchait à alimenter la thèse selon laquelle les amateurs de Metal étaient des voyous dangereux. Cette diabolisation a duré un certain temps, puis l’attention s’est reportée sur le Rap, puis sur les Raves Party.
On assiste cependant à un retour du Metal dans les magazines à sensation à la fin des années 90[xiii]. Il est cette fois présenté comme la porte d’entrée vers le satanisme, qui va conduire ses adeptes à l’isolement, au meurtre et au suicide, s’appuyant sur des faits divers aussi sombre que le massacre du lycée de Columbine ou l’émergence de la scène Black Metal en Norvège et l’influence qu’elle a eue sur le reste de l’Europe. Ces derniers mois, outre les articles parus au sujet des vainqueurs de l’Eurovision dans des magasines à sensation comme Ici Paris et les propos tenus lors de cette émission par Michel Drucker, dont on ignorait la verve, le récent rapport de la MIVILUD[xiv] mettant en exergue une recrudescence du satanisme en France a fait refleurir les émission faisant l'amalgame du satanisme et du Metal.
Si, malgré son côté très théâtrale, le On ne peut pas plaire à tout le monde de juillet 2006 sur ce sujet semblait présenter la situation de manière assez réaliste, on ne peut pas en dire autant des deux émissions de M6 sur le sujet[xv]. Au lieu de présenter le problème lié au Metal sont, dans un cas, allé chercher des adolescents mals dans leur peau et dans l’autre ont ressorti des faits divers ayant plus de 10 ans. La caractéristique commune de ces deux émissions était de faire l’amalgame entre le Metal et le satanisme sans chercher à approfondir. Dans les deux cas, il n’y a pas d'ouverture sur d’autres points de vue possible, réduisant ainsi les perspectives sous lesquelles aborder ce sujet.
Cependant, certains articles de la presse générale transmettent une autre image de ce style (comme l’article de Télérama présent en Annexe 3) mais l’image que les gens ont du Metal est une musique primaire (principalement due à la confusion entre le Metal et le Metal extrême), et que ce style l’est d’autant plus qu’il s’adresse à un public tout aussi primaire, machiste et conduit au satanisme, au repli sur soi, à la violence, au nazisme, à des comportements sadiques, à la profanation…etc. Mais qu’en est-il vraiment ?
II-2-2)Que valent ces accusation? Le cas du machisme et de la primitivité musicale
Si ces accusations sont portées, c’est qu'il y a probablement un fondement. Mais si la France est un des seul pays d’Europe à se focaliser sur ces représentations de manière aussi importante, ne peut donc pas penser que la réalité est peut être amplifiée ?
On ne peut pas nier que ce milieu est essentiellement fréquenté par des hommes. Le terme de milieu machiste à même pu se vérifier durant les années 80. Aujourd'hui, on trouve de plus en plus de groupes dirigés par des femmes. Cela a pour effet que de plus en plus de filles s’intéressent à ce mouvement musical, même si leur nombre n’atteint pas celui des hommes. Cela peut aussi nous amener à nous demander si le machisme dont faisait preuve cette scène durant les années 80 n'était pas simplement une réaction au désintérêt que portait les femmes à ce style de musique.
Il en va de même pour l'aspect primaire et basique de la musique. Dans un premier temps, hormis pour le Grunge et le Néo Metal, on ne peut parler de musique basique, tant le Metal demande un bagage musical important, que ce soit au niveau de la rapidité d'exécution ou des rythmiques peu souvent binaires[xvi]. Pour ce qui est de la primitivité, la légitimité de l'accusation est plus discutable. En effet, la frange du Metal appelée Metal extrême se veut le vecteur d'une certaine brutalité musicale qui peut donc prendre la forme d'une musique primaire. Cependant, même dans la sphère Metal extrême cette affirmation n'est pas généralisable. Hors de cette sphère, le Metal peut même s'avérer être une musique raffinée (comme dans le Metal Progressif[xvii], le Metal Atmosphérique[xviii] ou le Metal Gothique).Il en va de même pour le public. Comme nous l'avons déjà vu, les études sociologiques visant à tirer la « fiche » de l'amateur de Metal lambda l'a montré inséré socialement et plutôt du genre à suivre des études longues. Pas exactement le portrait d'une brute épaisse. De plus, pour avoir fait un certain nombre de rassemblements Metal (voir Metal extrême) je n'ai jamais eu l'occasion de voir de débordements. Bien entendu, ces débordements existent. Mais ils sont aussi marginaux que les gens qui les déclenchent.
II-2-3) Le cas du satanisme
Cependant, l'image la plus véhiculée ces derniers temps à propos du Metal est qu'il invite au satanisme. Dans le récent rapport de la MIVILUD à ce sujet, on peut lire à ce sujet que « La fréquentation assidue de concerts de Metal n'est pas sans risques (Athmosphéres hypnotiques favorisant les états de transe, messages subliminaux appelant le passage à l'acte et stimulant les pulsions suicidaire, etc.) » et que, parmi « Les signes qui doivent alerter [d'un comportement sataniste potentiel] », on retrouve « Des goûts de plus en plus orientés vers les formes les plus dures du Rock Metal ».
A la base, le lien entre le Metal et le satanisme en temps que religion (ou secte dans le cas présent) ou philosophie n'est pas évident. D'un côté, malgré l'intérêt porté par les principaux acteurs de la scène à l'occultisme[xix], le satanisme est réfuté. De l'autre, LaVey, le créateur de l'église de Satan rejette la scène rock et Metal en bloc, jugée trop bruyante pour ses oreilles et préférant la musique classique. Cependant, certaines personnes (principalement des jeunes) interpellées par le message de leurs idoles ont trouvés l'église de Satan toute prête à recruter de nouveau adeptes. Ce phénomène s'est retrouvé encore amplifié à l'arrivée de Mercyful Fate qui, en se révélant adepte de la pensée de LaVey, a dévoilé celle ci à de nombreuses personnes ne soupçonnant pas son existence.
Cependant, même présentée comme telle, l'église de Satan n'est pas une religion. Le « satanisme contemporain » comme l'appelle son créateur est plus une philosophie de vie issue de travaux comme ceux de Twain ou de Nietzsche. Satan n'y est pas ici l'antéchrist mais une entité qui s'élèverait contre les religions. « [Ses principes] n'étaient pas basés sur de simples actions blasphématoires, mais en opposition à l'instinct grégaire et au dévouement à une éthique nietzschéenne du développement anti-égalitaire de l'homme tel un dieu sur terre, libéré des chaînes de la moralité chrétienne »[xx]. L'idéologie véhiculée n'en est pas moins dangereuse, comme en témoigne l'interdiction de vente à laquelle a été soumise la bible satanique sur le territoire Français pendant plus 30 ans, le livre ayant été publié en 1969 aux Etats Unis.
Néamoins ces dérives d'adolescents trop manipulables ne constituaient pas une grande menace en soi, due à la relative marginalité du phénomène combiné à la prise de conscience de l'absurdité d'une telle croyance une fois l'adolescence passée (ce phénomène n’est il pas en tout point comparable à la révolte anarchiste d'autres adolescents ?). Ceci était sans compter sur l'arrivée, dés 1991, d'un nouveau courant musical dont le comportement du noyau dure de la scène allait cristalliser toutes les peurs liées au Metal : Le Black Metal. Déjà présenté précédemment, il a commencé à faire parler de lui dès 1992, après l'incendie de l'église de Fanoft en Norvège. D'autres incendies ont suivi suite celui ci. La scène Black Metal, essentiellement composée d'adolescents et de jeunes adultes, était engagée dans une voie de surenchère consistant à savoir qui était le plus maléfique. Ses fondateurs revendiquaient aussi un satanisme cru légitimé par les racines païennes, ayant pour but l'éradication de la religion chrétienne en Norvége. En effet, le satanisme des débuts s'est très vite mué en une façade cachant un paganisme radical. Ils se servaient du fait que les chrétiens aient chassé les païens lors des croisades. Leur surenchère interne est allée jusqu'au meurtre d'un homosexuel, puis jusqu'au massacre d'Euronymous[xxi] par Varg Vickerns[xxii] en 1993. Ce dernier semble aussi impliquer dans divers affaires de profanation de cimetières, et d'incendies d'églises, même s'il nie ces accusations. Il est aussi l'un des premiers artiste influent de cette scène à revendiquer ses idées politiques d'obédiences néo-nazis, même si avant lui, d'autres groupes tels Darkthrone avaient fait couler de l'encre en certifiant leur musique comme du « Black Metal Aryen ». En prônant de telles idées radicales, Varg a fédéré nombre de jeunes (notamment en Europe et plus précisément dans les pays germaniques). On a donc pu noter un certain nombre d'incidents graves en Europe entre 1993 et 1996. C'est en grande partie sur ces faits que se basent les médias de vulgarisation pour attaquer le Metal.
Dans la question des actes cités si dessus, il y a plusieurs vecteurs a prendre en compte. Tout d'abord, les personnes ayant commis ces actes étaient visiblement fragiles psychologiquement, à l’instar de Varg, dont la lecture d'interviews ne laissent pas présager un état psychologique stable. La question est de savoir si le Metal est une musique plus propice aux gens instables ou mals dans leur peau. Sur ce point on ne peut apporter de réponse et aucune enquête n'a, à ce jour, tenté d'y répondre. La seconde question est de savoir si le Metal affaiblit la raison de ses auditeurs, comme a essayé de nous le faire croire M6 dans les reportages précédemment cités. Là encore, aucune étude sérieuse n'a essayé de l'analyser sous cet angle. Ce satanisme qui fait peur relève d'un endoctrinement de personnes influençables qui risquent de se faire récupérer dans d'autres mouvances. Le problème reste bien réel, mais il serait abusif de la généraliser à toute la scène. Les actes précédemment cités ne concernent à la base qu’une dizaine de personne (même si d’autres gens se sont reliés à cette idéologie) et ces idées sont rejetées de manière unanime par la majorité des amateurs et par la presse spécialisée. Il suffit de lire le courrier des lecteurs des magazines Français pour se rendre compte du rejet que causes ces idées extrémistes. Il serait donc quelque peu abusif de fustiger toute une scène sous prétexte qu’une infime partie de celle ci à dépassée de loin les bornes du politiquement correct.
CONCLUSION
Nous avons vu que, de la même manière que le Metal a évolué, sa couverture médiatique a changée que ce soit en France ou a travers le monde. Cependant, ces dernières années, les médias français se focalisent plus sur les drames associés vieux de dix ans que sur la musique elle même. Ils mettent en exergue des vérités non vérifiées et n'analysent pas le problème de manière rigoureuse.
On peut néanmoins se demander pourquoi la France est un des seuls pays à rejeter autant cette culture. Parmi les hypothèses les plus probables, on peut mettre en avant le fait que, malgré le nombre de groupes de Metal français[xxiii], aucun (hormis Trust) n'a vraiment brillé sur la scène internationale. De plus, aucun courant musical associé au Metal ne viens de France. La presse spécialisée (étrangère comme française) en étaient même à se gausser avant même d'avoir écouté lorsqu'une production française arrivait jusqu'à leurs oreilles. Aujourd'hui, les choses commencent à changer, notamment grâce à Gojira qui est entrain de prendre de l'ampleur internationalement. Nous sommes cependant encore loin de la situation de chez nos voisins européens.
Cette absence de médiatisation est aussi revendiquée par une partie de la scène. En effet, la plupart des amateurs cherchent une certaine reconnaissance musicale de ce style mais critiquent les groupes passant à la radio, les accusant de faire des concessions artistiques pour les maisons de disques. Cette attitude est typique de l'ambiguïté de cette scène qui refuse les concessions tout en revendiquant une forme de reconnaissance médiatique et musicale.
On peut aussi faire un parallèle entre le Metal et la société. Comme le Rock dans les années 60, il a assumé son rôle de paria, renvoyant aux gens leurs propres peurs. Il n'est que l'évolution du rock à une société qui se fragmente de plus en plus, où tout est plus rapide. Le fait que les sous genres extrêmes du Metal viennent des Etats Unis n'est pas proprement étonnant. Ils ne sont que le reflet d'une société dite industrialisée de plus en plus violente. Le Metal n'est peut être donc que la réaction à la société moderne : rapide, violente, fragmentée et religieuse. Sa diabolisation en France ne serait-elle pas la preuve que cette dernière n'a pas encore acceptée la modernisation du monde (à titre comparatif, les seuls pays où le Metal est diabolisé sont les pays Islamique du proche et du moyen orient ainsi que les pays émergeant d'Asie dont l'empreinte communiste est encore forte).
L'aspect religieux du Metal est lui aussi important. Plus que la religion, ce sont les croyances qui redeviennes très importante dans la société moderne. L'esthétique du Metal est beaucoup plus anti-chrétienne qu'anti-religieuse. Le conflit n'est donc pas esthétique mais idéologique, opposant des croyances différentes. Il faut aussi prendre en compte le fait que tous les artistes de Metal ne sont pas anti-chrétiens ou satanistes. Nombre d'entre eux remercient dieux dans leurs CDs ou sont partisan de croyances plus ou moins ésotériques. Là encore, ce phénomène est assimilable à un phénomène sociologique. La complexité du monde actuel amène beaucoup de gens à douter de l'avenir. Pour se rassurer, ils ont de plus en plus recours à une rationalisation du monde à travers des croyances et des religions (un parallèle intéressent peut d'ailleurs être fait à ce sujet avec la recrudescence des sectes). Outre les peurs sociales, le Metal cristallise aussi toutes les peurs religieuses. Cela peut expliquer pourquoi il jouit d'une popularité particulière dans les pays industrialisés accordant beaucoup d'importance à la religion (comme les Etats Unis, l'Angleterre ou les pays Scandinaves). On peut aussi voir dans ce phénomène une autre piste expliquant l'indifférence dont font part les médias Français envers ce style de musique.
[i] DVD : PAGE, J., CARRUTHERS, D. 2003. Led Zepplin. Warner Music Division. Dans les bonus du DVD on trouve l’enregistrement de l’émission. Led Zepplin y joue Communication Breakdown et Dazed and Confused.
[ii] On peut voir un numéro datant de 1992 entièrement consacré à Iron Maiden sur http://www.dailymotion.com/video/xbm09_iron-maiden-metal-expressm6/
[iii]Une vidéo d’une émission sur Slayer datant de 1995 est disponible sur http://www.dailymotion.com/video/xbkt5_slayer-rock-express
[iv]Ce fut notamment le cas avec Sepultura en juin 1996.
[v]Groupe Français très engagé politiquement officiant dans un style au croisement du Speed Metal et du Hardcore. Les bonnes ventes se leur album « Le Fond Et La Forme » leur avaient permis de jouer dans Top Of The Pop.
[vi]Groupe suisse officiant dans un Heavy Metal matinée de musique électronique et inspiré par la musique traditionnelle orientale.
[vii]Gojira est un groupe un peu à part dans
la scène Metal
hexagonale. Il officie dans un Death Metal des plus novateurs mais fréquente aussi beaucoup la nouvelle vague de chanson française. Ils ont étés signés pas Les Têtes Raides et ont déjà partager l’affiche avec des artistes comme Benabar, Babylon Circus, ou M lors de tournées comme Avis de KO social (où ils étaient le seul groupe de Metal à avoir été convié). L’intégralité de l’émission est téléchargeable sur http://www.gojira-embracetheworld.com/audios.html
[viii]Groupe culte des années 80 représentant le lien entre le Hard Rock, le Heavy Metal et le Punk. Ils sont notamment connus pour leur single « Ace Of Spades ».
[ix]Groupe Américain dont les membres sont tous d’origine Arménienne. Ils officient dans un Néo Metal particulièrement ambitieux, repoussant les frontières du genre. Ils se sont aussi illustrés au côté de Michael Moore lors de manifestations contre la guerre en Irak aux Etats Unis.
[x]Iron Maiden y a joué le 25 juin 2005 et Metallica le 23 juin 2004.
[xi]REINER, R., op cit. La conclusion est que les amateurs de Metal français, comme leur camarades européens, représentent en grande majorité des étudiants et des travailleurs (il y a très peu de chômeurs), qu’ils ont pour la très grande majorité suivi des études après le Baccalauréat (principalement à un niveau Deug ou Licence) et sont issu de familles de classe moyenne et aisée. Contrairement, par exemple, aux amateurs des Etats Unis globalement très peu diplômés et pour beaucoup au chômage.
[xii]Prix annuel des pays bas récompense le groupe national vendant le plus d’albums à l’étranger.
[xiii]Plus particulièrement depuis que Marilyn Manson s’exporte hors des Etats Unis. Ce qui revient à la fin des années 90 / début des années 2000.
[xiv]Mission Interministérielle de Lutte et de Vigilance contre des Dérives sectaires.
[xv]Ces deux émissions étaient Zone Interdite et Secrets D’actualité.
[xvi]En musique (et plus particulièrement dans le rock et la pop) la rythmique de base est appelée Binaire. Concrètement cela signifie que chaque mesure est composée de 4 temps dont le premier est appuyé.
[xvii] Subdivision du metal apparue au début des années 90 revendiquant l'héritage de groupes comme Yes, Pink Floyd, Genesis ou Emerson, Lake and Palmer. Le Metal dit Progressif se veut un Metal alambiqué et très technique. Le fer de lance de cette scène est le groupe américain Dream Theater dont la particularité (cependant représentative de ce genre), outre la virtuosité de ses membres, est de proposer des morceaux « fleuves » dépassant fréquemment les dix minutes dont les ambiances se succèdent et sont d'inspiration aussi variées que le blues, le jazz, la folk, le rock, la musique classique ou la bossa.
[xviii]Assez proche du Metal progressif, il se focalise moins sur la virtuosité instrumentale, lui préférant le développement d'ambiances souvent sombres et feutrées. Il se distingue aussi des autres genre par sa grande utilisation de la guitare acoustique. Parmi les fers de lance de cette scène, on peut citer Anathema ou Porcupine Tree.
[xix]Outre les thématiques des chansons d'AC/DC ou de Black Sabbath sur le sujet qui était plus des provocations que l'expression profonde), il est important de savoir que Jimmy Page (le guitariste de Led Zepplin) et Tony Iommi (le guitariste de Black Sabbath) vouaient un certain « culte » à Alester Crowley (un écrivain anglais du début du XX eme siècle surnommé à l'époque « L'homme le plus malfaisant du monde » pour le côté résolument occulte et blasphématoire de ses propos) allant jusqu'à racheter les originaux de ses écrits ou le manoir dans lequel il vécu et mourût).
[xx] MOYNIHAN, M., SØDERLIND, D., op cit, p.35
[xxi]Ont peut lui attribuer la création de
la scène Black Metal
Norvégienne avec son groupe Mayhem. Il est aussi à l'origine de presque toutes les dérives qu'a connu ce mouvement, notamment en incitant certaines personnes à passer à l'acte. Il est aussi à l'origine du Black Circle, sorte de regroupement des personnalités les plus influentes de
la scène Black Metal
Norvégienne.
[xxii]Seul membre du groupe Burzum, il est aussi une des personnalités les plus importantes de
la scène Black Metal
Norvégienne.
[xxiii] REINER, R., op cit. Dans son ouvrage, il cite des studios de répétitions parisiens affirmant que 75% des groupes répétant dans leurs locaux étaient des groupes de Metal.