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Il y a bien longtemps, dans un pays lointain, très lointain, naissait un anime de science fiction qui allait devenir l'une des séries les plus influentes de sa génération: Space Battleship Yamato (Uchuu Senkan Yamato en VO). Une légende qui traversa l'Univers jusqu'au Grand Nuage de Magellan, et dont le nom résonne sur toutes les planètes habitées de ce côté de la galaxie. Plus prosaïquement, la série posa une pierre marquante pour l'élaboration d'anime se voulant plus riches et matures. Elle fut également une étape décisive pour l'exportation de la culture populaire japonaise vers l'occident. Les otaku fans de space opera, quelque peu frustrés du faible nombre de productions animesques en la matière, ont soudain vu leurs rêves réalisés, car la série pionnière de leur genre favori s'est récemment vu attribuer un remake luxueux: Space Battleship Yamato 2199. Cette nouvelle série est elle à la hauteur de son glorieux ancêtre, ou le bilan sera t-il plus mitigé, comme ce fut le cas pour plusieurs dérivations de la franchise passée la première saison? Montons sans plus attendre à bord du dernier espoir de la planète Terre pour le découvrir!

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A l'origine de Yamato, on retrouve un grand nom du manga et de l'animation japonaise: Leiji Matsumoto. Avant de crééer Albator et Galaxy Express 999, il collabora en effet avec le producteur Yoshinobu Nishizaki à la création d'un nouvel anime de science-fiction, en 1974. La série de 26 épisodes passa relativement innaperçue lors de sa première diffusion, mais devint extrêmement populaire à la sortie en salles du premier film d'animation en 1977, en navigant dans le sillage de Star Wars. C'est d'ailleurs au succès de Star Wars que l'on doit la localisation de Yamato aux Etats-Unis. La série peut se vanter d'avoir été le premier anime Japonais non-épisodique à s'exporter, sous le titre de StarBlazers. Plusieurs suites et spin-off, créant une continuité parfois variable, ont vu le jour au cours des années 70 à 90. Si l'accueil des fans de la première heure vis à vis de ces suites ne fut pas toujours des plus chaleureux, deux saisons supplémentaires et plusieurs films ont contribué à ancrer Yamato dans le paysage de la science fiction japonaise. En vérité, toutes les légendes de la SF japonaise, de Macross à Gundam en passant par Gineiden doivent quelque chose à Yamato. Cependant, des disputes légales entre Matsumoto et Nishizaki au sujet des droits d'adaptation de la série ont fait obstacle à certains nouveaux projets d'exploitation de la franchise. Ces querelles étant désormais réglées, deux films, un d'animation et une version live ont relancé la machine en 2009 et 2010. Ce qui nous amène enfin à notre sujet, le remake de la série originale, paru en 2012-2013.

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La direction de cette nouvelle série a été confiée à Yutaka Izubuchi, designer pour la série originale et bien connu pour avoir participé, à des degrés divers, à nombre d'anime de méchas/science fiction (Escaflowne, Eureka 7...) ces vingt dernières années. Le staff de Yamato 2199 contient nombre d'autres grands noms de l'animation japonaise, au design comme au casting vocal. Autant dire que la série est un peu un rêve d'otaku old school. La diffusion de ce remake a suivi un schéma peu commun, ce qui explique en partie le manque de couverture de la série par les sites occidentaux, et la méconnaissance relative qu'en a un public pourtant acquis à la cause. En effet, les 26 épisodes sont d'abord discrétement sortis sur grand écran (10 à 20 salles dans tout le Japon!), sous forme de 7 films, regroupant chacun deux à quatre épisodes, diffusés entre avril 2012 et août 2013. Les versions DVD/Blu Ray des épisodes sortaient deux mois après le film correspondant, et la diffusion télévisuelle de la série a eu lieu d'Avril à Septembre 2013. Facile de se perdre, et peu pratique pour décider s'il faut considérer Yamato 2199 comme un anime de 2012 ou de 2013... Mais pas une raison pour refuser d'embarquer à la (re)découverte de la série proprement dite. Et si l'idée de regarder Battlestar galactica contre les nazis de l'espace vous tente, il est temps de découvrir plus en détails cette légende revisitée du space-opéra phare de la japanime.

Nous sommes donc en 2199, et la Terre est sur le point de succomber aux violentes attaques de Garmillas, un puissant empire extraterrestre.

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L'ennemi détruit les flottes spatiales terrestres les unes après les autres sans la moindre difficulté, et la planète est soumise à un bombardement de météorites permanent. En vérité, si rien n'est fait, l'humanité pourrait bien s'éteindre d'ici un an! Heureusement, une aide inespérée parvient sous la forme d'un message en provenance de la lointaine planète Iscandar: les Iscandariens savent comment redonner vie à une planète dévastée et irradiée, et ils peuvent confier ce secret aux Terriens... à condition que ceux-ci prouvent leur valeur en allant le chercher eux-mêmes, sur Iscandar. Le message contient également les plans du Wave Motion Engine, un moteur hyperspatial qui permettra à l'humanité de construire un vaisseau capable de franchir les limites du système solaire, puis de voyager jusqu'au Grand Nuage de Magellan. Ce vaisseau, construit sur les restes d'un célèbre bateau de guerre japonais de la seconde guerre mondiale, dont il porte le nom, c'est bien sûr le Yamato. (On notera que, contrairement à la série originale où le véritable Yamato était récupéré et transformé en vaisseau spatial, il ne sert ici que de camouflage à la base où le nouveau vaisseau est construit).

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La source d'énergie du moteur hyperspatial peut également être utilisée pour générer des boucliers, mais surtout, pour alimenter l' arme icônique de la série, le monstrueux canon ornant la proue,capable de détruire flottes et planètes en un tir: le Wave Motion Gun. Commandé par le capitaine Okita, le Yamato s'engage donc dans son périlleux voyage aux confins de l'Univers connu, soumis aux attaques de plus en plus soutenues des flottes impériales. Son avancée et ses victoires finissent par attirer l'oeil et les foudres de Dessler, le machiavélique tyran de Garmillas.

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Là où le cast de la série originale se résumait essentiellement à Okita, au principal héros Susumu Kodai, qui a dû prendre la place qui revenait à son frère disparu au combat, son meilleur ami Daisuke (chargé de la navigation), et sa copine Yuki Mori, auxquels s'ajoutaient quelques extras ponctuels, 2199 accorde une attention bien plus grande aux divers membres de l'équipage, prenant le temps de développer pour chacun un minimum de background et de détailler leurs motivations. Le casting féminin est étendu et quelques personnages changent de genre dans ce remake (comme la pilote d'exception Akira, que les fans de BSG risquent d'appeler "Starbuck" tout du long). Ce qui permet accessoirement de mieux répartir les rôles à bord par rapport à l'original, où Kodai et Yuki remplissaient à peu près tous les postes en fonction de ce qui était nécessaire à l'épisode en cours. Et les épidodes entiers consacrés au chara-développement contribuent grandement à l'implication dans les scènes d'action, sans oublier la tension parfois créée par des motivations conflictuelles entre les membres de l'équipage (e.g ceux qui pensent que la technologie du Yamato serait mieux utilisée pour évacuer l'humanité vers une autre planète). En bref, le spectateur est heureux de voguer dans l'espace en compagnie de cet équipage, et l'ambiance n'est pas sans rapeler Battlestar Galactica ou Terra e (pour ce dernier, on a d'ailleurs affaire au même chara designer)

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Et l'ennemi n'est pas en reste. Certes, les Garmillons ont un design et une organisation (sans parler des noms de leurs commandants qui sont des versions à peine déformées de leurs contreparties historiques) qui font extrêmement "nazis dans l'espace", peut être même plus encore que dans l'original. Mais ce n'est pas pour autant que les ennemis sont dépourvus de motivations et de personnalité, et si tous ne bénéficient pas de la même attention scénaristique, il est agréable de voir des vilains de space-op offrir bien plus que de la chair à canon laser.

Pour ce qui est de l'action, ou même de l'ambiance SF en général, Yamato 2199 nous sert

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royalement. Les batailles spatiales sont impressionnantes et le rythme effréné de ces séquences ne laisse pas le temps à l'ennui. Nous sommes dans un remake de vieille SF, donc l'espace est un océan, avec son lot de batailles navales, de torpilles, de scrutage de radar, de batailles de chasseurs virevoltant entre les grands vaisseaux, et on verra même un dangereux sous-marin spatial. Pas de réalisme à attendre, les tactiques de combat utilisées n'ont pas à être logiques ou rationnelles, mais doivent avoir l'air cool. D'autant plus que le public bien informé ne se fera guère d'illusion sur l'issue de ces dernières- bien sûr, le Yamato va s'en sortir, et bien sûr, les personnages principaux survivront à l'épisode- il était donc d'autant plus important pour la série de miser sur le fun de ces séquences. Les amateurs de SF d'exploration auront également de quoi savourer: la découverte par l'équipage d'endroits inconnus susceptibles de contenir de quoi aider le Yamato dans sa quête est également au programme.

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On saluera aussi le dépoussiérage d'une partie du scénario de l'original: 2199 s'attache à justifier certaines erreurs et/ou incohérences de la série originale, voire même à transformer ces erreurs en point de scénario: par exemple, les commandants aliens avaient une couleur de peau suspicieusement humaine lors des premiers épisodes, avant que la série ne se décide pour le teint bleu caractéristique des Garmillons. 2199 retconne ce point en faisant de ces commandants des "citoyens de seconde classe", venant de mondes conquis par l'Empire et enrôlés dans l'armée des conquérants. Basique mais plutôt efficace puisque non seulement cela permet de donner un apperçu de la politique suprématiste et conquérante de Garmillas dès le début de la série, mais également de justifier les troubles internes à l'Empire lors des épisodes ultérieurs. Une partie de l'équipement du Yamato ou les connaissances de certains personnages sont exposées de manière plus rigoureuse et quelques épisodes à l'avance, afin d'éviter d'aparaître comme des Deus ex Machina (bien que la série ne s'en débarasse pas complètement).

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Pour ne rien gâcher, la série est graphiquement magnifique. Même l'usage intensif de CGI lors des batailles spatiales n'est pas si gênant lorsque l'on voit le niveau de détail accordé aux designs. Les environnements variés, qu'il s'agisse des abords d'une planète inconnue, d'une base spatiale, ou d'une nouvelle planète sont absolument sublimes et la série est un véritable plaisir à regarder. L'animation est à des années-lumière du côté cheap de la série de 74: ici les valeurs de production sont bien plus élevées et le tout est d'une fluidité sans faille. Les références visuelles à d'autres titres phares de SF sont foison - en fait certaines scènes semblent tirées plan par plan de BSG ou Star Trek. Deux séries qui, ironiquement, doivent beaucoup au Space Battleship Yamato original.
Musicalement on retrouvera des versions modernisées des thèmes de la série originale. On sent définitivement que l'on vient d'une vieille série des 70's, mais le thème principal est toujours aussi entraînant.

En conclusion, Space Battleship Yamato 2199 est à l'animation japonaise ce que le remake de Battlestar Galactica fut aux séries space-op occidentales: revisitant avec brio un vieux classique, la série parvient à surpasser en tous points son modèle et se pose comme l'un des meilleurs space-opéra que l'animation japonaise nous a offerts ces dernières années. Passionnant de bout en bout malgré un setting un peu old-school et l'usage sporadique de Deus ex Machina, ce reboot d'une franchise légendaire au Japon nous offre une aventure prenante animée par des personnages fort attachants, et nul doute que l'aventure ne vous laissera pas indifférent. Yamato 2199 nous parle de la vie, de l'univers et de tout le reste et le voyage mérite d'être accompli. L'année à venir devrait d'ailleurs voir sortir un film inédit basé sur la nouvelle série. S'il fallait ne choisir qu'un anime pour l'année 2013, définitivement, je recommanderais d'embarquer pour le Grand Nuage de Magellan, et de se plonger dans Uchuu Senkan Yamato 2199.

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