Get Out, le cauchemar que vivent les noirs aux Etats-Unis

Les événements de ces derniers jours aux Etats-Unis m'ont fait réaliser que je n'avais jamais pensé à vous parler, ici, du brillant film Get Out réalisé par le brillant Jordan Peele, et c'est une erreur que je vais réparer TOUT DE SUITE !

Il y a quelques années, le film Get Out a fait du bruit lors de sa sortie en salle. C'est un film d'horreur, j'aime les films d'horreur, donc je l'ai vu. Je l'ai même acheté en DVD et je l'ai tellement adoré que je le re-regarde régulièrement (et il devient plus terrifiant à chaque visionnage). Enfin, je dis "film d'horreur", c'est surtout un thriller plutôt "grand public", plutôt facile à regarder (ok, il y a 10-15 sec de film qui sont un peu dégueu, vers la fin, c'est tout), haletant et surprenant. Bref, à mon avis, il devrait plaire a beaucoup de gens. Il n'est pas effrayant selon les critères habituels du film d'horreur. Mais il a été terrifiant pour moi, et je peux vous dire que je ne suis pas terrifiée facilement par des petits films d'horreur de ce genre.

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Get Out raconte l'histoire d'un photographe noir américain, Chris, qui doit rencontrer pour la première fois de sa vie ses beaux-parents. Sauf que sa copine et sa belle-famille sont des blancs bien-pensants, et qu'ils ont justement prévu ce week-end là de recevoir plein de leurs amis à la maison... D'un pitch assez banal, Jordan Peele a réussi à sortir un bel objet cinématographique, avec un scénario efficace et un message glaçant. Scénario qui lui a valu l'Oscar du meilleur scénario original en 2018 !

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Ce film m'a terrifiée. Je peux voir des tueurs lacérer des victimes avec des avalanches de faux-sang, je peux supporter les fantômes, les démons, les psychopathes qui semblent intuables, les créatures repoussantes, les choses tapies dans l'ombre... Mais la vérité de la réalité des choses, elle, c'est plus compliqué. Parce que Get Out, dès les 15 premières minutes, nous plonge dans le quotidien de Chris, et on comprend ce que c'est d'être un noir aux Etats-Unis. Et ce n'est pas un psychopathe de slasher, un médecin fou ou n'importe quel monstre classique de film d'horreur qui installe la sensation de mal être, de terreur... Qui, au fur et à mesure, nous plonge dans l'horreur. Non. Ce sont les petites phrases, les comportements, les "micro-agressions", les grands sourires bienveillants et condescendants de tous les blancs que le personnage principal rencontre. Cette impression de guet-apens, de ne pas pouvoir faire confiance à qui que ce soit, de devoir prendre sur soi et faire comme si tout était normal.

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Et ce sont toutes ces sensations qu'on ressent pendant 1h40, tellement réelles, qui contribuent à faire de Get Out un bon film. Il ne s'amuse pas à expliquer ce qu'est le racisme. Il le montre. Sans explication de texte. Sans sous-titre. Sans commentaire. Ce qui est magistral, c'est qu'en ne nous disant rien, il nous dit tout. Le film est clairement destiné en grande partie au public blanc occidental, et a clairement pour but de nous rappeler que nous, on n'a eu a subir ça que pendant 1 heure et 44 minutes.

Get Out est un très bon film d'horreur dans le sens où il parvient sans difficulté à nous faire ressentir de nombreux degrés de peur. Mais ne vous y trompez pas, c'est essentiellement un film sur le racisme. Je me dis qu'en ce moment, c'est tout à fait le genre de film qu'il faut avoir vu.

 

Vous ne pouvez pas ne pas le voir !

Get Out est sur Netflix, donc si tu as Netflix, tu n'as pas d'excuse pour ne pas le voir (sauf si tu es une personne très facilement terrifiée bien sûr, cœur sur toi).