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Les j3ux sont faits
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LJSF est un blogzine communautaire et une association sur le thème des cultures ludiques et de l'imaginaire.
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4 novembre 2019

Le Cycle de Syffe, de Patrick K. Dewdney : votre nouvelle passion fantasy (critique du tome 1)

1320775-600x330Ici SiLa, qui vous parle d'habitude de gâteaux pendant le calendrier de l'avent. J'ai changé de registre aujourd'hui, vous allez vite comprendre pourquoi.

Cela faisait un moment que j'avais le Cycle de Syffe dans un coin de ma tête, celui que j'appelle "ah oui, j'aimerais bien le lire ça un jour". Le premier tome, L'Enfant de poussière, est sorti en 2018 aux éditions Au Diable Vauvert. Il a été arrosé de tout une flopée de prix de littératures de l'imaginaire francophones (Prix Julia Verlanger, Pépites de Montreuil, prix Imaginaire de la 25e heure du Mans) et je n'en avais lu que de bonnes choses, tout en craignant un peu la complexité de la chose.

J'ai enfin pu mettre le nez dedans il y a dix jours, en me disant qu'au pire ce serait toujours un peu d'imaginaire pour se sortir la tête de la grisaille de la rentrée littéraire.

Quelle erreur de jugement, mes amis ! Car voilà-ty pas que je me retrouve avec entre les mains une véritable claque de littérature de l'imaginaire, un début de saga aux proportions dantesques, telles qu'on peut les entrevoir depuis ce premier tome qu'on pourrait presque qualifier d'introductif, malgré ses plus de 600 pages (interlignes simples, marges étroites). Je n'arrête pas d'en rebattre les oreilles à tout le monde depuis, et pour me faire taire un peu, on m'a suggéré de vous en parler ici sans craindre d'être interrompue, dont acte.

L'histoire est somme toute assez classique : on suit Syffe, un enfant (au début du tome) qui grandit pour devenir un jeune adolescent (à la fin du tome), au long de ses découvertes, de sa formation et de ses rencontres. Il apprend, il voyage, il laisse derrière lui son enfance, le tout dans un univers médiévalisant très (très) low fantasy.

Mais alors, pourquoi ai-je tant aimé, que dis-je, ai-je été soufflée par L'Enfant de poussière ? Je vous remercie de m'avoir posé la question.

Raison 1 : la construction du récit

Tout est fait dans la subtilité la plus extrême, notamment le worldbuilding. Alors oui, on prend son temps - 600 pages, je vous ai dit ? Mais qu'est-ce que c'est plaisant ! Parce que rien n'est pressé, rien n'est forcé, tout paraît organique dans ce récit. Il n'y a pas de raccourcis paresseux, il n'y a pas de clichés gratuits, tout est justifié. Et à la fois, rien de superflu n'est mis en jeu. Pas de descriptions à rallonge juste pour le plaisir (et pourtant Dieu sait que j'adore ça, les descriptions). Si on décrit un élément, c'est qu'il y a une raison. Le détail sur lequel on s'arrête nous renseigne sur l'histoire de la ville, sur l'état d'esprit de l'observateur, sur ce à quoi on peut s'attendre pour la suite - que ce soit destiné à être utilisé tel que ou à créer la surprise, on n'en sait encore rien.

Alors oui, on peut voir un mot être utilisé pendant une bonne centaine de pages avant de connaître sa signification précise, mais est-ce que c'est pas ça aussi la beauté d'un monde bien construit ? On en comprend juste assez le temps que cette traduction en particulier devienne intéressante pour le récit.

Ces petites touches sont portées par le fait que le récit est écrit à la première personne, du point de vue du jeune héros : on comprend ce qu'il comprend, le reste demeure dans l'ombre. Réalisme assuré, surtout que l'exercice n'est pas ici prétexte à nous présenter les rouages de l'univers par les yeux du jeune naïf, mais bien à ne consentir au lecteur qu'une vue partielle et partiale des événements.

En plus, perso, j'adore lire un paragraphe auquel je ne comprend qu'un mot sur deux au début d'un bon gros bouquin, c'est un sentiment d'anticipation des plus agréables. Mais c'est peut-être juste que je suis bizarre.

Raison 2 : la construction des personnages

Je n'ai trouvé aucun rebondissement téléphoné, mais ça ne veut pas forcément dire grand-chose car je devine rarement la suite de ce que je lis. En revanche, ce dont je suis sûre, c'est que chaque retournement de situation, même inattendu, a toujours été justifié avant. Rien n'arrive de nulle part.

Et ça, ça tient à une chose (notamment) : la construction des personnages. Ils ont une vraie personnalité, une vraie psychologie fouillée et nuancée. Si je puis exprimer une petite critique : ça manque un peu de personnages féminins. MAIS, et c'est un grand mais, celles qui sont là sont très bien écrites, d'autant qu'il s'agit surtout d'enfants.

Syffe n'est pas naïf-puis-courageux-puis-héroïque. Il n'est pas naïf-puis-meurtri-et-désabusé-puis-héroïque. Il est un enfant de huit ans qui grandit. Tout simplement. Et le réalisme du récit tient principalement à la justesse de sa psychologie et des relations qu'il noue avec les autres personnages.

Raison 3 : l'aventure, pu**** (pardon, je m'emporte)

Bon évidemment, tout cela nous ferait une belle jambe si ce jeune homme restait à Corne-Brune faire chauffer sa soupe aux pois. Heureusement, il n'en est rien, car cette merveille dont je vous parle est un roman d'aventures ! Des retournements de situation, des rêves prémonitoires, du suspense, des enlèvements, des monstres, de la trahison, des batailles, des enquêtes, du mystère ! On en prend plein la vue, on est accro, on se demande ce que l'avenir nous réserve, on veut connaître tous les personnages : c'est la fête ! Dans la dernière partie du tome, l'auteur nous balance un cliff-hanger par fin de chapitre, et ça marche. Car, pour toutes les raisons énoncées ci-dessus, le divertissement est de très haute qualité.

Alors ne boudez pas votre plaisir, plongez la tête la première dans le Cycle de Syffe ! De rien.

Le tome 2, La Peste et la vigne, est hélas emprunté dans ma médiathèque. Mais finalement, heureusement parce que sinon je ne pourrais pas faire mon travail correctement (vous me voyez choisir la lecture de polars plutôt que la suite de cette merveille ? Moi non plus)

Dès qu'il revient et que je finis sa lecture, je vous en reparle ici car j'en aurai forcément beaucoup à dire.

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