Le film original Jeu d'enfant, qui mettait en scène la poupée tueuse Chucky, était un petit chef d'œuvre. Sorti en 1988, il est instantanément devenu culte : il a réussi à transformer le synopsis le moins flippant qui soit (une bête poupée est possédée par l'esprit d'un psychopathe) en véritable film d'horreur effrayant et émouvant. Un tour de force qu'aucun film "de poupée" n'a réussi à reproduire depuis.
Jeu d'enfant a eu une production difficile : la vision de Tom Holland, le génial réalisateur, et de Don Mancini, le scénariste, n'était pas vraiment compatible avec les technologies de l'époque... Souvent, Tom Holland a regretté publiquement d'avoir accepté de faire ce film, tant il aurait préféré pouvoir utiliser des effets spéciaux numériques qui ont révolutionné le cinéma seulement quelques années plus tard... Don Mancini de son côté a continué à faire vivre Chucky avec moins de maestria dans la réalisation, mais en remplaçant la terreur glaçante et l'intelligence du premier opus par un humour noir dévastateur. Chucky, c'est 30 ans de cinéma d'horreur, 7 films et surtout, une réputation.
Pas facile donc de passer derrière ce monument du cinéma avec la prétention de rebooter la saga ! Et pourtant, à mes yeux de fans de cinéma d'horreur, ce reboot était nécessaire pour que Chucky puisse continuer à vivre sur nos écrans. Le cinéma d'horreur a évolué, mais pas vraiment le personnage, ni son histoire. Si Don Mancini a connu le succès avec les hilarantes suites du premier film, ces dernières semblent ancrées dans une autre époque... Et surtout, les moyens techniques d'aujourd'hui permettent de donner une seconde jeunesse à la terrifiante poupée tueuse. Bref, je pense que ce reboot était une bonne idée et j'avais vraiment hâte de voir ce qu'il pouvait donner. Les premières images, les premières informations sont arrivées, et m'ont donné envie de continuer à y croire : l'incroyable Mark Hamill au doublage, un scénario qui délaisse le vaudou et se concentre sur les dérives de la robotiques, la présence d'Aubrey Plaza... Le scénariste et le réalisateur sont pratiquement inconnus ? Bonne nouvelle, on sait qu'ils ont tout à gagner à réussir ce reboot.
Aucune déception à l'horizon pour ce Chucky : La Poupée du mal !
Aussi bon que l'original, aussi bon que les meilleures suites de la saga, il parvient à faire le lien entre le thriller horrifique intense de 1988 et l'humour noir, décomplexé, des autres films de la saga. Il s'inscrit parfaitement dans la lignée, jouant ingénieusement de l'humour et du suspens à tour de rôle. Les gens qui ont fait ce film sont des experts : ils savent ce qu'est un film d'horreur, aiment ça, connaissent le genre et ses codes sur le bout des doigts. Ils proposent un film qui est certes un bel hommage à ces 30 années de Chucky mais sans s'arrêter là. Ils nous offrent un film moderne, indépendant, imaginatif.
J'étais moyennement convaincue par le design du nouveau Chucky, mais à mon plus grand étonnement, j'ai très rapidement adopté ce nouveau petit bonhomme. La faute à une réalisation hyper dynamique et surtout, à un doublage du tonnerre, qui a progressivement effacé toute animosité. Séduite ? Complètement. Toutes les nouveautés apportées à Chucky, c'est ma came. Je suis fan, je me suis vraiment beaucoup amusée. Parce que finalement, entre deux "berk" face à des scènes gores (très créatives, façon Destination Finale, quel bonheur !) et deux "gasp" face à des scènes pleines de suspense (voir parenthèses précédentes), j'ai vraiment beaucoup, beaucoup rit. Pas seulement moi et mon humour de merde, mais toute une salle qui ne venait pas pour ça. C'était malin, c'était fun, c'était bien.
Du point de vue des effets spéciaux là encore, rien à dire à part mon admiration pour les équipes qui assurent un spectacle visuel de qualité. J'ai été bluffée de ne pas percevoir les différences entre effets physiques (qui semblent prédominer) et effets générés par ordinateur. Beau boulot donc, et je peux vous assurer que ces dernières années, cette qualité a plutôt été rare.
Les différences avec l'histoire d'origine sont nombreuses, mais elles permettent d'assurer la cohérence du film et proposent un point de vue différent. Là où le Chucky originel flirtait avec le fantastique et nous faisait douter de son existence, Chucky version robot est bien réel. Trop réel, trop réaliste, trop proche de nous. On se croirait dans un épisode de la série d'anthologie Black Mirror ! La "folie" de Chucky s'explique logiquement, ses motivations sont claires, ce qui le rend bien plus palpable et effrayant que ne pourrait l'être son prédécesseur.
Exit le trio de protagonistes du premier film (le flic, la mère, le jeune enfant) : inspirés par les films d'aventure des années 80, les créateurs de ce nouveau Chucky ont décidé de nous raconter l'histoire d'un groupe de préadolescents. Un choix dans l'air du temps, qui se justifie par le niveau de violence auxquels les personnages font face et qui sert bien l'histoire. Et si comme moi, vous regrettez que Karen et Mike ne soient ici que des personnages secondaires... Eh bien il vous restera toujours l'original pour compléter l'expérience.
A quelques micros-détails près (petites incohérences, manque de profondeur de certains personnages), ce nouveau Chucky est pour moi un sans faute. C'est en tout cas certainement le meilleur reboot que j'ai vu récemment. De chouettes références, de belles inventions, un scénario malin, de super acteurs : je vous invite, si c'est votre style de film, à pousser les portes d'une salle obscure pour aller passer un bon moment devant un film bien meilleur qu'il ne pourrait sembler.
On vous le conseille fortement !