Halloween 2018 : le retour de Laurie Strode

Halloween, le Halloween original de John Carpenter, c'est un de mes films d'horreur préférés, parce que je le trouve parfait. Je trouve son affiche parfaite -une des plus belles affiches de l'histoire du cinéma. Je trouve sa musique parfaite. Je trouve sa réalisation tellement intelligente. Son scénario tellement bien écrit, avec cette montée en puissance de l'horreur, cette ambiance inimitable. Et puis il y a Laurie. La Final Girl. La première Final Girl dans sa définition absolue, celle qui en a inspiré tant d'autres par la suite. Une héroïne toute simple, gentille, intelligente, qui fait tout bien comme il faut pour s'en sortir. Tout le talent de John Carpenter, c'est d'arriver en moins d'une heure de film à nous la faire aimer. Personne ne veut que Laurie meure. Ce ne serait pas juste. Ce n'est pas un personnage jetable comme le sont beaucoup de héros de films d'horreur modernes. J'ai moyennement aimé les suites de ce film, mais pourtant j'attendais le retour de Laurie avec une telle impatience que je savais que je verrais celui-là : Halloween 2018, le dernier chapitre, le combat final, la dernière rencontre. La suite directe de l'un de mes films fétiches. Celle qui efface tout le reste. Celle qui reste.

Jamie Lee Curtis et quelques autres acteurs ont rempilé pour cet ultime opus, pour le plus grand plaisir du fan. Et simplement parce que si Mike Myers a perdu de sa superbe (le premier film s'attachait vraiment à en faire un personnage à part entière, avec une intelligence complexe ; celui-ci le transforme en bête croque-mitaine bourrin), Laurie, elle, on est plus qu'heureux de la revoir. Elle occupe l'écran, elle fascine. Le spectateur sait ce qu'il s'est passé, et il la croit, il est de son côté, dès le début. Pas le reste du monde, visiblement. On se prend en pleine poire ce contraste effrayant entre ce que nous savons de la réalité (le massacre de la nuit d'Halloween 1978) et la nonchalance dont font preuve tous ceux qui ne sont pas des survivants. Jamie Lee Curtis l'a rappelé lors de l'avant-première au Grand Rex (chanceuse que j'étais d'être présente !), et dans toutes les interviews qu'elle a données, ce nouveau Halloween est un symbole. Laurie n'y est pas qu'un prétexte pour frissonner (pour moi, elle ne l'a jamais été), c'est une femme qui se dresse contre l'adversité et reprend le contrôle de sa vie. Qui prend le pouvoir. Message féministe caché ? A peine.

Qu'importe le nombre de victimes que Myers laissera sur son passage, on veut qu'ELLE survive. On veut savoir comment ce personnage abîmé va se sortir de situations effrayantes. Surtout qu'elle n'est pas seule. Quelques minutes du film sont suffisantes pour nous présenter sa famille, pour nous donner envie qu'elle les protège. Ils ont l'air d'être des gens sympa, le genre de voisins que tu inviterais avec plaisir à un barbecue le dimanche. Et pour moi, ça montre que le réalisateur de ce Halloween 2018 a vraiment compris le film d'origine. Il ne s'agit pas tant d'effrayer le spectateur (même s'il ne s'en sort pas trop mal) que de le faire s'inquiéter pour la vie de son héroïne. C'est une catégorie de film qui nous fait avant tout puiser dans nos capacités d'empathie - et pourtant, les autres personnages, les no-names, les gens pas sympa, on s'en détache complètement, parce que les voir se faire massacrer fait aussi partie du plaisir du film.

Il y a vraiment beaucoup de choses qui m'ont plu dans ce nouvel Halloween. La réalisation est très soignée, elle fonctionne bien. Les acteurs sont bons. Les références au passé sont plaisantes, mais je pense qu'il est tout à fait possible (bien que déconseillé !) d'aller voir cette suite sans jamais avoir vu le premier opus, car on sent vraiment que le scénariste s'est dit que peut-être que certains spectateurs avaient vu l'original à sa sortie en salle, et jamais plus ensuite. J'ai adoré la musique, écrite par ce cher Carpenter avec l'aide de son fils : c'est très 1978 et en même temps la refonte du thème principale est moderne. Les effets spéciaux (physiques pour la plupart) sont assez bien faits pour ne pas nous sortir de notre suspension de crédibilité. Quant au scénario, s'il n'est pas très original (on suit plus ou moins le même cheminement que le film d'origine, que n'importe quel slasher movie), il fait le job.

Ce qui est assez amusant, c'est qu'on peut voir tout ce que les films d'horreur récents ont apporté à ce nouvel opus. Je pense notamment au parallèle presque choquant au début du film entre Laurie et Sidney, l'héroïne de la saga Scream, au début de Scream 3. C'est édifiant, l'inspiration est palpable. Laurie est le personnage qui a inspiré des générations de films d'horreur, tous les slashers ou presque lui font référence... et pourtant, en fin de carrière, Laurie s'inspire à son tour de ces films qui ont succédé à Halloween. Ce qui est plutôt cohérent, finalement, car Halloween n'était pas réputé pour ses suites alors que Scream 1, 2 et 3 sont tous les trois très bons. Reprendre une recette qui marche, dans l'univers du film de genre, c'est pas bête...

Faut-il aller voir ce nouveau Halloween ? Je pense que oui, si vous êtes un fan de l'original. Il n'est certainement pas aussi parfait que le premier film. Pourtant il a l'avantage de ne pas faire que jouer sur le facteur nostalgie. Il propose un film moderne, qui joue sur les codes sans chercher à les transgresser, et qui offre une expérience cinématographique plaisante, drôle (les dialogues sont géniaux !), effrayante ce qu'il faut, avec un message intelligent en arrière plan. Comme je dis toujours, un bon film d'horreur doit soit terrifier, soit faire rire, mais il reste incomplet s'il ne propose pas de bons personnages ou n'est pas porteur d'un message. Ma conclusion ? Ce Halloween 2018 était tout simplement bon. Allez le voir.

On vous le conseille fortement !