La journée du 8 mars, depuis 1977, est la journée internationale de lutte pour les droits des femmes (et non pas la journée de la fâââme, comme on va l'entendre toute la journée). C'est donc sans doute la journée la plus appropriée pour revenir sur certains comportements sexistes au sein de la communauté geek. Aujourd'hui sur le devant de la scène : les MMO.
Il y a quelques années, la blogueuse Mar_lard avait écrit un long post très complet sur le sujet. Les réactions avaient été très vives. D'une part, de nombreuses femmes avaient partagé de leurs propres expériences, démontrant par leur nombre qu'il ne s'agissait pas de quelques cas isolés. D'autre part, de nombreux autres geeks (en majorité des hommes) s'étaient montré très incrédules. La situation ne pas être si terrible que ça, si ?
(Je ne passe que rapidement sur ceux qui ont répondu à Mar_lard en lui envoyant des menaces de viol ou de meurtre. Répondre aux accusations de harcèlement par plus de harcèlement, une logique imparable !)
Confrontée à une situation de harcèlement pendant une partie, et découvrant par la suite que la partie avait été streamée, la joueuse Neristhyra s'est amusée à remonter les images de la partie et à les agrémenter de quelques commentaires de son crû afin d'illustrer le problème. Et, accessoirement, de mettre le coupable (un joueur pro) devant ses responsabilités. C'était cette vidéo que je voulais vous transmettre aujourd'hui, mais les choses ont pris un tour inattendu. Contrairement à la plupart des cas de harcèlement sur le net, celui-ci n'est pas resté lettre morte. La vidéo de Neristhyra a beaucoup circulé. Malgré les inévitables haters, la joueuse a reçu énormément de soutien. Le joueur fautif a du s'excuser publiquement et, aux dernières nouvelles, aurait été expulsé de sa team.
S'il peut être satisfaisant de constater que ce genre de comportement ne bénéficie plus d'une complète impunité, Neristhyra est tout de même gênée de l'ampleur de la réponse de la communauté et a préféré retirer sa vidéo du net. Elle explique : "ça sensibilisait vraiment la communauté gaming sur le fait que le harcèlement en jeu est réel, mais le problème c'est que je ne voulais pas déclencher une telle croisade contre UNE personne qui s'est platement excusé, tant sur sa chaîne twitch que en privé auprès de moi."
Si la question de l'utilisation de la violence dans la lutte féministe est une vraie question, je ne vais pas le détailler sur ce blog, dont ce n'est pas l'objet. Cependant, j'aimerais vous donner trois raisons de ne pas utiliser la violence et la menace dans ce cas précis :
1) C'est pas très gentil (j'en reviens pas d'écrire un truc pareil).
2) C'est illégal, et vous vous exposez aux même sanctions que n'importe quel harceleur.
3) Et surtout, ce n'est pas utile. Dans le cas de Neristhyra, le simple fait de faire connaître publiquement le faits de harcèlement et de demander des comptes au joueur et à sa team a suffit à entraîner des conséquences. Or, quand la voie légale marche, rien ne sert d'utiliser les grands moyens.
La morale de cette histoire, parce qu'il y en a une, est que rien ne sert de s'acharner sur une personne. Le sexisme et le harcèlement en ligne sont des problèmes globaux, qui ne doivent pas être adressés uniquement à un niveau individuel. Or, le web est un outil puissant. Il peut permettre de réparer les injustices, mais aussi détruire des individus. Or, rappelez vous : un grand pouvoir implique des grandes responsabilités.
Merci à tous d'avoir lu cette petite histoire du 8 mars. Nous vous souhaitons à tout.e.s une bonne journée de lutte.