Little witch academia : de la magie, des sorcières et de la bonne humeur!
L'année 2017 s'anonce un grand cru en matière de séries animées japonaises: les suites d'énormes franchises telles One Punch Man, Stein's;Gate ou l'Attaque des Titans pointent le bout de leur nez, l'adaptation animée de Full Metal Panic s'est vue doter d'une séquelle après plus de 13 ans d'attente, sans compter le retour, plus discret, du reboot de la franchise Yamato pour une seconde saison, qui nous avait déjà été teasée de manière alléchante par le film voici près de deux ans. En plus, cette année marque déjà le dixième anniversaire de l'une des meilleures séries de la décénie passée, Tengen Toppa Gurren Lagann. Ladite série ayant été réalisée par ceux qui allaient par la suite fonder le studio Trigger, dont l'actuelle production télévisée, Little Witch Academia, sera notre sujet du jour (admirez la transition subtile). Car bien que l'année soit prometteuse, on ne peut pas en dire autant de la saison hivernale, un peu chiche à mon goût en séries intéressantes; heureusement il est toujours possible de trouver des perles même au milieu d'une saison peu engageante, et Little Witch Academia est clairement de celles-ci.
Bien sûr, il est un peu tôt pour se prononcer sur la réussite ou non de cette version télévisée de Little Witch Academia, puisque seul le premier épisode a été diffusé à l'heure où j'écris ces lignes. Cependant, l'anticipation pour cette série a fort à faire avec les deux OAV produites par le studio en 2013 et 2015 où elle trouve ses racines. Ces deux productions ayant posé de manière réjouissante les personnages et les bases de l'univers, le moment est donc adéquat pour s'y plonger afin de comprendre pourquoi LWA est bel et bien l'anime à ne pas manquer de ce début d'année.
A l'origine du projet, on retrouve deux éléments: d'une part, un réalisateur incontournable de l'industrie de l'animation japonaise des deux dernières décennies: Yoh Yoshinari. Animateur-clé sur des séries légendaires telles qu'Evangelion, Gurren Lagann, et Panty & Stocking with Garterbelt, il se distingue par un style ultra dynamique, tout en mouvements exagérés et explosions lumineuses. D'autre part, la section Young Anime Creator Project de l'Anime Mirai 2013, concours d'animation visant à favoriser l'arrivée de jeunes talents dans l'industrie de la japanimation sous la direction de membres reconnus. C'est donc de la participation du jeune studio Trigger (fondé en 2011) à cet évènement qu'est né le premier court métrage intitulé Little Witch Academia, qui est donc également la première production du studio. Le retour extrêmement positif sur le premier épisode motiva l'équipe à lançer un kickstarter pour financer en partie une suite; si je vous en parle aujourd'hui, vous imaginez naturellement que l'initiative a porté ses fruits, atteignant l'objectif en quelques heures et récoltant au final de quoi doubler la longueur du film. Little Witch Academia: The Enchanted Parade sort donc en octobre 2015. Enfin, c'est l'annonce d'une série complète, toujours sous la direction de Yoshinari, qui ravira en 2016 les fans des deux premières oeuvres: la série a maintenant (janvier 2017) commencé sa diffusion japonaise après une attente fébrile.
Little Witch Academia nous conte les aventures d'Atsuko "Akko" Kagari, apprentie sorcière à l'académie magique de Luna Nova. La vocation d'Akko pour la sorcellerie remonte à son enfance, où elle s'émerveillait des spectacles magiques de la célèbre sorcière Shiny Chariot. Bien sûr, tout n'est pas rose pour Akko qui doit composer avec l'anthipathie de certaines de ses camarades: non seulement elle n'est pas issue d'une lignée de sorcières, mais le côté "showbiz" de son idole n'est pas forcément bien vu par la communauté des sorcières "sérieuses".
Pleine de rêves et d'énergie, Akko tente donc de survivre aux dangereux cours de l'académie sans provoquer trop de catastrophes (les écoles de magie version japonaise n'ont apparemment rien à envier à Poudlard en matière de normes de sécurité douteuses) aidée de ses deux camarades de chambrée, Sucy l'experte en poison désabusée, et la timide Lotte douée pour communiquer avec les esprits. Le premier film nous présente ainsi nos protagonistes et l'univers associé au rythme de sortilèges, de chasses au trésors, et de monstres pas forcément amicaux. Enchanted Parade met Akko aux prises avec l'organisation de la parade annuelle des sorcières, qui n'était jusqu'ici pas à l'avantage de ces dernières... et qui pourrait bien mener à une catastrophe sans précédent, d'autant qu'Akko se met à dos toutes ses amies à force de dirigisme!
Chaque film se devant d'être relativement indépendant, on ne retrouvera pas de grande intrigue de fond, bien que plusieurs éléments autour du personnage de Shiny Chariot (le bâton magique de cette dernière se retrouve à la fin du premier film en possession d'Akko pour une raison... mystérieuse) laissent des pistes subtiles pour un développement du background, que l'on espère évidemment voir la série exploiter. Rassurez-vous cependant, l'aspect slice of life des OAV ne les empêche pas de fournir des climax impressionnants et explosifs dont Trigger a le secret.
Si l'histoire et les personnages de LWA ne font pas exactement dans l'originalité, c'est bien la réalisation et la présentation de l'ensemble qui emportent véritablement l'adhésion. Le budget est conséquent et cela se ressent dans l'animation très fluide au dynamisme caractéristique du réalisateur et de ses collaborateurs. Si les quelques illustrations de l'article n'étaient pas un argument suffisant, il me faut le redire ici: le design général est charmant et les décors sont extrêmement travaillés. Tout est fait pour renforcer le plaisir visuel du spectateur et nous plonger sans effort dans ce monde fantastique coloré. Les personnages sont infiniment sympathiques et présentent tous des traits de caractère marquants; l'expressivité des visages et l'excellente performance du cast vocal contribuent à les rendre attachants. On pourra peut être reprocher à Akko de tarder à retenir la leçon de son attitude égoïste dans Enchanted Parade, mais c'est un peu le but du film que de faire s'égarer le personnage. Côté musical c'est également du tout bon, avec des thèmes orchestraux enjoués rendant parfaitement l'ambiance légère de l'histoire, signés Michiru Oshima (compositrice entre autres de l'OST de FMA 2003).
Au final, si les films me paraissent des incontournables que je ne peux que recommander, qu'en est il de la série animée, d'après son premier épisode? Pas de surprise, les mêmes remarques s'appliquent. Ce pilote nous présente donc, après un apperçu du spectacle de Shiny Chariot lors duquel est née la passion de l'héroïne pour le monde magique, l'arrivée d'Akko à Luna Nova ainsi que sa rencontre avec Lotte et Sucy. On remarquera que la série est un reboot de l'histoire: Akko ne trouve pas le Shiny Rod de Chariot de la même façon que dans le premier OAV. Un choix tout à fait compréhensible vu que les spectateurs des films n'ont pas forcément envie de revoir la même chose à moindre budget, et que les nouveaux arrivants seraient quelque peu perdus si l'anime reprenait à la suite d'Enchanted Parade. Rassurez-vous, les personnages et le setting restent les mêmes, et c'est un plaisir de les retrouver.
Techniquement la série est naturellement un cran en dessous des films, les contraintes budgétaires n'étant pas les mêmes. C'est malheureusement les décors qui souffrent le plus du passage à la version TV, les responsables de cet aspect constituant le seul changement notable de staff par rapport aux originaux. L'animation n'est pas forcément aussi constante et détaillée que celle des films, non plus: mais on reste clairement dans le haut du panier de ce qui se fait en anime actuellement.
Musicalement, pas de changement de compositrice, j'ai souri jusqu'aux oreilles lors des premières notes du thème principal. A moins que le studio ne s'égare gravement en cours de route, soit inondé ou détruit, j'ai du mal à imaginer comment la série animée LWA pourrait être autre chose qu'un plaisir à regarder. Avec en filigranne la promesse d'enjeux plus importants que de simples rencontres avec des monstres!
Akko réussira t-elle à faire voler un balai droit? Quelle énigme se cache dans le bâton magique Shiny Rod? Celui-ci va t-il se transformer en robot géant à bord duquel Akko combattra des fibres maléfiques de l'espace à coup de galaxies et de super attaques? Ou terminera t-on sur une trollesque introspection psychologique existentielle des personnages à coups de plans fixes pour cacher le fait que la série a épuisé son budget?
Blague à part et pour conclure, Little Witch Academia est un vent de fraîcheur sur la production animée japonaise, et toutes les itérations de la franchise méritent le visionnage. Je dirais même que s'il ne fallait suivre qu'une seule série animée cet hiver, ce serait celle-ci. Mettez donc votre chapeau pointu, enfourchez votre balai, et lançez vous dans ce qui est à la fois la toute première et la nouvelle production du désormais incontournable studio Trigger.