Je me souviens, quand j'étais gamine, tout le monde était dingue d'égyptologie. C'était la grande mode. Je savais que ce n'était pas la première fois dans l'histoire de l'humanité, cet intérêt soudain pour les pyramides, mais c'est rigolo, parce que pour moi, les dauphins, les égyptiens anciens et les dinosaures, ça reste des trucs de gosses nés dans les années 1980. Bon alors, je vous rassure, les dinosaures et les dauphins, il n'y en a pas -encore- dans ce 3ème épisode du reboot/prequel de la saga X-Men. Mais on accueille notre ami En Sabah Nur, alias Apocalypse, avec des images bien kitchounes qui nous font penser que peut-être, les documentaires sur les Anciens Astronautes pourraient avoir inspiré Bryan Singer.

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Si vous pensez que je délire et que vous ne comprenez pas tout, ne vous inquiétez pas. Je suis allée voir X-Men : Apocalypse et je suis extatique. Ce n'était peut-être pas le meilleur film de la franchise (à mes yeux, le premier X-Men reste un monument indétrônable de la pop-culture), mais bon sang, pour une fan du comic-book comme moi, quel kiff. Je peine à comprendre ce qui a poussé la quasi-totalité de la presse spécialisée à lui casser du sucre sur le dos. Etait-ce parce que le scénario ne s'embarrasse pas à nous ressasser les épisodes précédents, au risque de perdre le spectateur ? Parce qu'il reprend les codes des comic-books comme s'ils étaient accessibles à n'importe quel public ? Parce qu'on ne voit pas assez Mystique à poil ? Aucune idée. Mais moi, je lui ai trouvé bien plus de qualités que de défauts.

Côté défauts, il y a toujours à dire. Déjà parce que je suis une fan très exigeante, et ensuite parce qu'il s'agit de la Fox et de ses cactus dans les poches. Le scénario ne cherche pas à voler très très haut (mais ça passe et surtout, ça ne trahit pas l'esprit du comic-book), et esthétiquement, c'est quand même très proche du premier film X-Men, qui, on le rappelle, date de 2000. Sachant que l'action se passe dans les années 1980... Donc forcément, visuellement, ça pique un peu. Les fans noteront quelques petits raccourcis crispants (CALIBAN !!!!!! Mon pauvre Caliban...) par rapport à l'histoire originale, mais comme je l'ai toujours apprécié dans les autres opus, même si les auteurs prennent des libertés avec l'histoire des personnages, l'essentiel est conservé. On se demande également comment la continuité avec les épisodes 1 et 2 pourra être justifiée étant donné les écarts qui ont été faits ici. Mais bon, à ce niveau, tout ça tient plutôt du pinaillage, car ça n'enlève aucun plaisir à voir le film. Sauf si vraiment, les années 1980, c'est pas votre truc.

Non, mon gros problème, c'est le nombre de personnages. La présence de Psylocke, que les fans attendaient beaucoup, celle de Tornade, de Jubilé ou encore de Diablo (dans une moindre mesure) n'apportent pas grand chose à cet épisode. La taille surdimensionnée du casting n'est pas très bien gérée, et si certains ont un temps d'écran raisonnable (Jean Grey, Scott Summers, et les protagonistes de X-Men : First Class), ce n'est pas équilibré avec les autres. Les personnages nommés CI-dessus n'ont presque pas de dialogues, tandis que le chouchou du public, Quicksilver, s'offre au moins deux belles et longues scènes ainsi que d'excellentes répliques. Il y a clairement du favoritisme, et le favoritisme, c'est le mal. Ceux qui me répondront que c'était déjà le cas dans Days of Future Past, le précédent opus, auront bien raison : on se souvient tous que les quelques scènes de Malicia ont sauté pour la sortie en salle, et qu'il a fallu sortir une version director's cut pour pouvoir revoir la redoutable mutante. Bref, n'est pas Joss Whedon qui veut, et question gestion d'un grand nombre de personnages principaux, on préfère encore la façon de faire de Marvel.

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A part ça, le film s'impose une nouvelle fois comme une oeuvre survitaminée, pleine de combats pas dégueus, de bons sentiments, d'actions, encore de combats, d'explosions et de super-pouvoirs de ouf-malade. On a envie de faire partie de cette équipe, de rejoindre les X-Men, d'entrer à l'école du professeur Xavier. On est dans tout ce qu'il y a de plus classique en terme de film de superhéros : tout le monde est puissant, tout le monde a des fêlures, tout le monde va devoir aller au-delà de ses capacités pour vaincre le nouveau méga-méchant de l'univers Marvel. Des gens seront blessés ou tués, des erreurs seront commises. A la fin, même si certains personnages ont buté des dizaines de personnes, on leur pardonne un peu parce que après tout, au fond, ils sont sympa, ils ont aidé à buter le vilain pas beau. Et puis franchement, pourquoi s'embarrasser d'une morale rigide quand on a l'espoir ?

On est TELLEMENT a 10 000 kilomètres de Civil War et ses pseudo-cas de conscience. Ici, Singer nous rappelle façon blockbuster que les X-Men, c'est avant tout une histoire de guerre froide entre les humains et les mutants, entre les minorités et le reste du monde. Une histoire de personnages qui sont tellement puissants que parfois, malgré leur volonté, ils font de terribles erreurs. Et que c'est ça qui entretient la guerre et la haine. On ne peut pas faire une plus belle métaphore de notre monde, n'est-ce pas ? Au fil des années, le comic-book a admis dans les rangs des gentils X-Men des personnes aux tendances génocidaires telles que Magneto, parce que la foi de Xavier en l'humanité, elle ne s'arrête pas dès qu'un type passe la ligne. A une époque où des Dexter et autres Punisher prônent la peine de mort sous les applaudissements du public, ça fait du bien.

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Alors oui, OK, ça donne peut-être l'impression aux néophytes que le scénario est pas super cohérent, j'entends bien. Je pense même que certaines scènes se lisent différemment qu'on soit fan du comic-book ou non. Mais à mes yeux de lectrice, ce film, c'est de l'or. On y trouve un magnifique combat mental (des scènes cultes dans les comics, jamais vraiment exploitées à l'écran) et plus généralement, les pouvoirs des personnages sont vraiment exploités. Ils ne servent pas juste de prétexte à quelques effets spéciaux ou combats rigolos, et rien ne pourrait être résolu sans eux. L'humour est présent, mais très léger, anecdotique, il sert uniquement à relâcher la tension. On s'enfonce dans cette histoire, tout s'enchaîne sans couac, sans temps mort -à part peut-être la grande scène de Quicksilver, mais elle est tellement chouette qu'on ne se rend pas vraiment compte qu'elle traîne en longueur.

Chaque instant passé devant cet écran de cinéma, de la dernière publicité aux dernières secondes de la scène post-générique (une scène offerte comme un cadeau aux afficionados des comics), j'ai eu l'impression de voir les pages de ma BD préférée s'animer. La magie a opéré, une fois encore. J'ai adoré rencontrer cet adorable Scott Summers, cette touchante Jean Grey, ce facétieux Diablo. J'ai adoré les auto-références - références aux autres films de la saga mais aussi aux grands arcs du comic-book. J'ai adoré cette façon d'adapter, sans copier, en prenant des libertés, sans trahir. J'ai adoré cet Apocalypse surpuissant, demi-dieu mais au final tellement fragile, tellement instable. J'ai adoré les différents niveaux de lecture, les blagues. J'ai adoré, comme toujours, le style du réalisateur, cette façon qu'il a de nous rendre spectateurs, éloignés de l'histoire, tout en nous plongeant dedans, la tête la première. J'ai adoré être au bord des larmes, trembler, réagir. J'ai envie de faire un énorme câlin à tous les gens qui ont permis que ce film existe. Et vous savez quoi ? J'ai trop hâte de voir la suite. Parce que les années 1980, c'était cool, mais les années 1990 promettent un avenir encore plus radieux.

 

4e
On vous le conseille fortement !