Après avoir boudé la convention pendant plusieurs années, j'ai décidé de retourner à Paris Manga pour voir si, avec le temps, elle avait su évoluer en un lieu appréciable et organisé. Parce qu'on ne peut pas dire qu'on n'aime pas si on n'a pas goûté, comme dit ma mère. Et que mes deux dernières expériences se sont déroulées à une autre époque, dans un autre lieu. Si la convention en elle-même a conservé ce goût fade, force est de constater que cette fois, il y avait du bon aussi. Un peu. Je sens que vous êtes curieux, je vous raconte ?

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Vous avez rarement entendu parler de Paris Manga sur ce blog, parce que je n'avais pas grand chose à en dire (ni moi, ni aucun rédacteur d'ailleurs), à part que je conseillais à tout le monde d'éviter de s'y rendre. Je m'y suis rendue en 2007 puis en 2010, et ces deux visites n'ont pas été concluantes. Un espace bondé, des stands commerciaux dans tous les sens, une organisation laissant à désirer, peu d'animation, une ambiance pourrie, des visiteurs désagréables... Pour moi, le fait que ce salon existe depuis 10 ans, au rythme de 2 éditions par an, ça tient du paranormal. Ce qui est amusant, c'est qu'en 10 ans, il n'y a pas grand chose qui a changé. Déjà, la moyenne d'âge du public n'a pas évolué : quand Japan Expo brasse un public de tous âges, avec des personnes qui viennent tous les ans depuis plus de 10 ans, Paris Manga reste bloqué à une moyenne d'âge entre 16 et 25 ans. Comme si en prenant de la maturité, le public finissait par rejeter son statut de vache à lait. 

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Il y a toujours une interminable fil d'attente pour entrer, et il y a toujours plus de monde du côté des préventes que du côté des achats sur place. Les préventes qui attendent plus longtemps pour entrer, un classique. Sans compter que la carte bleue n'est pas prise à l'entrée, ce qui ajoute au temps considérable perdu ! En bon optimisateur, notre président s'est franchement demandé si on ne pouvait pas faire diminuer la file de moitié avec un lecteur de cartes bleues sans contact. Mais ce n'est pas l'esprit Paris Manga, où tout est moins cher. Le tarif, lui, a pris un peu d'embonpoint, mais Paris Manga reste tout de même l'une des conventions les moins chères de région parisienne. On fait toujours autant la queue aux toilettes (faut dire que 10 cabines pour plusieurs milliers de visiteurs, c'est pas le meilleur calcul du monde). Il y a toujours autant de freehugers, et de préférences, des freehugers agressifs qui ne se gênent pas pour au choix insulter / insister / faire des câlins de force. L'ambiance est clairement moins bon enfant qu'à Japan Expo.

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Dans les allées, c'est toujours un joyeux bordel. Les gens se bousculent sans se demander pardon, emmerdent les cosplayeurs et, nouveauté par rapport à 2010, font des selfies à tout bout de champ (bloquant les allées et parasitant les shootings des photographes). En plus, comme le plan n'est pas clair du tout (sérieusement, c'est pas pour ce que ça coûterait d'ajouter un peu de couleur), qu'il n'est pas disponible (ni imprimé, ni sur le site Internet qui buguait) ni affiché partout et que les indications sont quasi-inexistantes, on a tendance à vite se perdre, alors même que l'espace n'est pas bien grand. A côté de ça, Geekopolis édition 2 passait pour un long couloir éclairé.

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Niveau cosplay, on croise un peu de tout mais ça reste moins impressionnant ou haut niveau que dans d'autres conventions. Du coup, hormis quelques très jeunes cosplayeurs prometteurs et quelques cosplays vraiment cool, je n'ai pas rapporté des masses de photos. De toute façon, la foule est tellement dense que ç'aurait été un peu compliqué de prendre en photo la plupart des costumes qui m'ont tapé dans l'oeil. Côté fanzine, on constate ici aussi que l'espace alloué est toujours un peu juste et j'ai passé un temps fou à essayer de retrouver le stand de Mageek pour leur dire bonjour ! Enfin, à la différence de la dernière édition à porte de Champerret, il y avait au moins de l'espace devant les stands.

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Bon, sinon, il n'y avait pas que de quoi râler. La bouffe était bien gérée, avec pas mal de points restaurations qui n'étaient pas pris d'assaut de bonne heure. Parmi les nombreux stands commerciaux, on trouvait pas mal de choses variées, et surtout, il y avait moyen de faire des affaires : contrairement à Japan Expo, les commerçants ne gonflent pas les prix et semblent là pour déstocker. On retrouve certains vendeurs habitués de petites conventions, sympa et qui font facilement des prix. Bref, de ce point de vue, c'était plutôt une bonne surprise et donc, une bonne raison de s'y rendre.

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Autre point qui m'a particulièrement surprise, c'est la gestion des invités. Je me souviens de ce pauvre Dave Prowse qui était tout seul au milieu de stands de goodies, avec un périmètre de sécurité autour de lui et qui avait tellement l'air de s'emmerder en 2010... Sci-Fi Show (la partie qui, naturellement, me botte le plus dans cette convention) était à l'époque reléguée au sous-sol de l'espace de convention, et l'artist alley était vraiment minable (alors même qu'il y avait des grands noms invités !). Comme dans la majorité des conventions, les dédicaces pour les acteurs américains et anglais étaient payantes (et chères). Quelque part, ce n'est pas ce qui me dérange le plus, même si c'est un système que je n'apprécie pas plus que ça, je comprends que les organismes qui vont venir des gens connus ont des frais très importants. Donc il y avait des beaux noms (Christopher Lloyd en tête), et sur les deux jours, ils enchaînaient conférence, photoshoot et dédicaces. Pour le photoshoot et les dédicaces, on reste dans du format anglo-saxon très classique.

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Pour les panels, par contre, c'est une autre histoire. Je pense que pas mal de conventions pourraient en prendre de la graine ! Paris Manga a fait le choix de scènes ouvertes (et non de salles fermées), ce qui peut proposer un problème avec le brouhaha général de la convention, mais à l'inverse, a l'avantage de permettre à un maximum de gens de pouvoir y assister. Le son était très bon, donc le brouhaha n'était pas gênant sauf quand les spectateurs posaient une question d'une voix timide. Car en fait de conférence, il s'agissait de sessions de questions/réponses avec le public.

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Je vous imagine déjà plisser les yeux, parce que oui, généralement, une demi-heure de questions/réponses c'est généralement une demi-heure de souffrance. Entre les gens qui posent des questions complètement débiles ou qui ne concernent pas l'artiste invité, qui posent des questions déjà posées ou qui veulent faire confirmer une de leurs théories/se faire mousser, les artistes doivent parfois avoir envie de pleurer. Si nous n'avons pas coupé aux questions débiles, les animateurs (que je salue au passage pour leur remarquable travail) ont eu deux très bonnes idées : faire poser les questions par des enfants si possible, et reformuler les questions pour les rendre plus pertinentes. Un vrai travail de pro, et j'en rajoute une couche, mais beaucoup d'organisateurs de conférences devraient s'en inspirer !

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Les questions des enfants sont souvent un peu limitées, mais terriblement mignonnes, et c'est finalement beaucoup moins ridicule que d'entendre un adulte demander à Christopher Lloyd s'il aimerait bien avoir une vraie machine à voyager dans le temps. Quant aux questions débiles, elles étaient habilement contournées par l'animateur, qui parvenait à coup sûr à les rendre bien plus intriguantes et à obtenir de véritables réponses inédites.

En seulement deux conférences sur la scène dédiée, je me suis en partie réconciliée avec Paris Manga. Tout d'abord parce que la conférence avec les acteurs de X-Or était passionnante, et que voir l'acteur principal effectuer une "transformation" en live à 70 ans passé, c'était inespéré. Ensuite parce que j'ai eu la chance d'assister à une suprise concoctée par les organisateurs, à savoir la première rencontre entre Christopher Lloyd et Pierre Hatet, son doubleur officiel. La rencontre était hyper émouvante et les deux hommes ont fait preuve de beaucoup d'humour et d'esprit, rendant ce moment vraiment inoubliable.

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Ce retour à Paris Manga m'a permis de me faire une opinion plus juste de la convention. Si je ne compte pas y retourner à chaque édition, parce que globalement, il n'y a pas grand chose à y faire et que l'ambiance n'est pas géniale, j'admets qu'occasionnellement, j'irai peut-être passer la tête par la porte pour voir ce qui s'y passe, notamment si une ou plusieurs têtes d'affiche sympathiques se pointe. A suivre, donc.

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