Daredevil et Jessica Jones : le renouveau Marvel sur Netflix

Promis, juré, je ne suis pas payée par Netflix. C'est même l'inverse. J'ai appris à apprécier ce nouveau venu du streaming légal (en France tout du moins) et depuis quelques mois, il est devenu ma plate-forme préférée. Et le fait que des séries Marvel soient produites par Netflix n'est finalement qu'un argument de plus en sa faveur.

En 2015, donc, j'ai regardé Daredevil et Jessica Jones, deux séries qui comportent pour l'instant une seule saison, se déroulent dans le même univers, dans la même ville, et traitent du thème des super-héros avec un oeil différent. Ce qui est génial, c'est qu'on dirait que les auteurs ont tout fait pour que les gens qui n'aiment pas les trucs avec des super-héros dedans puissent apprécier ces deux séries.

Daredevil est une très chouette série, qui combine tout un tas de choses que j'aime bien : un super-héros, des bons acteurs, une réalisation au poil, un magnifique générique, des personnages secondaires fouillés et un rythme très soutenu. Sans oublier plein de combats. Cette saison 1 nous présente l'élévation de Matt Murdock au rang de super-héros, un peu comme l'a fait le film en son temps, mais là, c'est beaucoup mieux. C'est donc un Daredevil sans nom, sans costume, mais plein d'espoir et avec une volonté de fer qu'on va suivre au fil des épisodes, des échecs et des réussites. Mais pas seulement ! Car l'atout principal de la série, c'est d'offrir énormément de temps d'écran aux méchants et aux sidekicks.

Sa Némésis, interprêtée par le génial Vincent D'Onofrio, est pratiquement l'une des raisons qui m'a poussée à vouloir voir chaque nouvel épisode. Lui, comme d'autres malfrats de sa clique, sont développés avec beaucoup de finesse, au point qu'on commence à se prendre d'affection pour eux. Tous sont présentés comme des humains avant tout. Ce qui ne les empêche pas de se comporter comme de véritables méchants dignes de ce nom ! Les alliés de Murdock, quant à eux, sont très attachants. Du coup, on en viendrait presque à trouver un petit défaut à la série : parmi tous ces personnages hauts en couleur, Daredevil lui-même peine à briller de sa belle couleur rouge et parait parfois un peu fade.

La série est globalement très plaisante, avec ce mélange assez improbable des genres arts martiaux / judiciaire, sans en faire trop non plus. Je vous la conseille donc chaudement.

Jessica Jones est un des derniers bébés de la plate-forme. C'est une série sérieuse, très mûre, qui traite d'une héroïne qui, malgré son bon fond et sa bonne volonté, n'est pas vraiment du genre à finir en couverture des magazines. Là où la série s'en sort brillamment, c'est qu'elle ne nous parle absolument pas de super-héros et de super-vilains. Cette première saison traite avec une certaine intelligence des relations abusives. Sous toutes leurs formes. Le parcours de la protagoniste n'est pas celui d'une super-héroïne classique, qui cherche à combattre un méchant puissant et menaçant pour sauver la ville/le monde.

Il s'agit plutôt du combat d'une personne blessée contre le manipulateur qui a détruit sa vie -et celle de tant d'autres. La lecture qu'on peut en faire n'est pas très subtile, mais efficace, car plusieurs formes de violences comportementales sont dépeintes au fil des épisodes. Et il y a fort à parier que quand une personne un peu trop autoritaire (je plaide coupable), ou au contraire une victime de ces violences, se retrouve confrontée à cette série, ça cogite. En tout cas, la série a reflété certains comportements que j'admets avoir par moment, et m'a renvoyé un miroir déformant très désagréable. Le genre de miroir qui te donne envie d'évoluer, de faire changer les choses. De ne pas devenir un des monstres de cette série. Un très bon point pour Jessica Jones, donc.

Il y a quelque chose de presque militant dans cette série. Les minorités n'en sont pas. Les couples sont mixtes, homosexuels ; les personnages sont des hommes, des femmes, des personnes de couleur ; peu importe : ils ne sont jamais présentés comme des minorités oppressées, juste comme des gens normaux. C'est très rafraichissant, car on est loin de la ridicule loi des quotas qui pointe souvent son nez dans les séries américaines, offrant les habituels rôles "de l'asiatique", "du noir", "de la nana canon et mystérieuse", et autres faiblesses scénaristiques récurrentes.

Malgré cela, Jessica Jones n'est pas la meilleure série du moment. Elle a de sérieux problèmes de rythme, des personnages secondaires pas toujours bien développés, et parfois, les scénaristes semblent oublier que le personnage principal a des super-pouvoirs. Pourtant, je vous la conseille quand même, car malgré ses défauts, elle propose une histoire intéressante servie par des acteurs hyper talentueux (Tennant y est, comme on pouvait s'y attendre, tout simplement génial, et l'actrice principale est vraiment convaincante).

Encore une fois, Marvel prouve qu'avec les quelques licences pourries/moribondes/confidentielles qui lui restaient après avoir vendu les droits des X-Men, des Quatre Fantastiques et de Spiderman, il est possible de ratisser le fond de son catalogue et d'en sortir des petits trésors. Le succès de ces nouveaux films et de ces nouvelles séries leur permet d'oser encore plus, de s'éloigner des sentiers battus. Et dans le cas qui nous intéresse, c'est Netflix qui a également osé mettre les pieds là-dedans, et comme à leur habitude, ils ont bien fait. Bref, si votre bonne résolution de l'année consistait à vous abonner à ce service, tentez l'aventure au moins pour ces deux séries !