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Les j3ux sont faits
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LJSF est un blogzine communautaire et une association sur le thème des cultures ludiques et de l'imaginaire.
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20 novembre 2015

Penny Dreadful, une ligue des gentlemen extraordinaires avec une pincée d'horreur

Présente sur Netflix, la série Penny Dreadful me faisait de l'oeil depuis les premières minutes de mon abonnement au service. Il faut dire qu'elle avait de quoi intriguer, avec son casting de luxe (Timothy Dalton, Eva Green ou encore Josh Hartnett) et son esthétique gothique qui fait bon genre ces derniers temps à la télévision. Pas étonnant de la part de John Logan, qui avait déjà scénarisé des films aux ambiances similaires comme Hugo Cabret ou Sweeney Todd. Cette fois, le prolifique scénariste nous emmène dans ce Londres victorien de fiction que nous connaissons tous si bien, afin de nous faire découvrir un monde fantastique et horrifique.

Penny_Dreadful_S2

Le concept de la série est très proche de La Ligue des Gentlemen Extraordinaires, de Alan Moore. Dans le sens où de grandes figures de la littérature fantastique de l'époque, telles que Dorian Gray, Mina Harker ou le docteur Frankenstein, se retrouvent dans une même histoire, leurs destins s'entremêlant au fil des obscures affaires auxquels ils sont confrontés. Les héros de cette épopée gothique, quant à eux, sont le père de Mina, sa meilleure amie (non pas Lucy comme dans les romans mais une certaine Vanessa Ives) et un cowboy aux allures de gentil psychopathe. Ces trois personnes qui semblaient ne rien avoir en commun vont se retrouver à combattre les forces du mal (les fameuses), enquêter sur des phénomènes étranges tout en essayant, tant bien que mal, de vivre leur vie le plus normalement possible.

penny-dreadful-personnages

La force d'une série comme Penny Dreadful, c'est bien entendu l'incroyable talent des acteurs qui la peuplent. Eva Green est éblouissante, bien loin de ses rôles de potiche (malheureusement) habituels, mais elle parvient à ne pas faire de l'ombre à tous les acteurs, accomplis ou non, qui gravitent autour d'elle. Visuellement, c'est très beau, avec des images fortes, des maquillages plutôt sympa, des décors impeccables, des costumes sublimes, et une mise en scène très conventionnelle mais efficace. Véritable galerie de personnages avant d'être une série à histoires, Penny Dreadful nous fait progressivement entrer dans la vie de chacun, qui arrive toujours à l'écran avec une énorme part de mystère. Du coup, on se retrouve très vite à regarder l'épisode suivant parce qu'on aimerait bien en savoir plus.

Penny-Dreadful_monstre

Les deux saisons actuellement existantes sont assez différentes l'une de l'autre. La saison 1 est clairement ancrée dans l'horreur, son but est d'effrayer à la fois ses personnages et, dans une moindre mesure, ses spectateurs. Vampires, monstres, psychopathes, loups-garous, possession démoniaque : on touche a presque tous les styles d'horreur et de fantastique, et ça s'enchaine très (sur)naturellement. La saison 2, quant à elle, se concentre un peu plus sur le personnage de Vanessa Ives, et ses monstres sont des sorcières perverses et manipulatrices, très "Hocus Pocus" sur les bords. Il y a clairement moins d'horreur, et l'enquête est moins soutenue puisqu'on connaît dès le départ l'identité des adversaires, leurs motivations et leurs pouvoirs. Si la série y perd en originalité, elle y gagne en cohérence. En effet, alors que la saison 1 part dans tous les sens et semble se servir des éléments mystérieux pour ne pas nous avouer qu'en fait, les scénaristes eux-mêmes ne savent pas trop ce qu'il se passe, la saison 2 se construit une mythologie logique et efficace.

penny-dreadful-season2

Sur bien des aspects, je trouve que Penny Dreadful ressemblerait à ce qu'aurait pu donner True Blood sans HBO -et si ça se passait à une autre époque. On y retrouve cette même ambiance malsaine, où les personnages sont toujours au bord de la folie, ces scènes crues et beaucoup de sang. L'influence de la religion, la relation des personnages au surnaturel, la représentativité LGBT, tout m'y fait penser. A quelques détails près. Déjà, il faut admettre que là où True Blood nous offre des scènes de cul à tout va, comme pour combler le vide de ses scénarios, Penny Dreadful s'en sert la plupart du temps pour approfondir le développement des personnages. Bon, bien entendu, pas toujours, mais dans l'ensemble, on n'a pas l'impression que les gens se foutent à poil gratuitement à chaque épisode. Ce qui aurait été dommage, parce que clairement, Penny Dreadful est une série qui se prend très au sérieux, et cela leur permet d'éviter de faire rire leur public avec ce qui ressemble chez True Blood à une running joke.

En fin de compte, même si l'évolution de la série sur 2 saisons me laisse à craindre que le concept va s'épuiser au fil des saisons, je trouve pour l'instant que Penny Dreadful est une série de grande qualité, que vous prendrez probablement plaisir à regarder. Pour vous faire votre avis, je vous conseille de regarder la saison 1, au moins !

 

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