Que peut-on partager sur les réseaux sociaux ?
Les amis, ces derniers jours, nous avons tous assisté à (et pour certains, vécu) un drame. C'est normal d'avoir mal, d'avoir peur et de vouloir parler. A titre personnel, j'espère que vous allez tous bien. Un article sur les attentats de Paris (et les autres) n'ayant à mon avis rien à faire sur notre blog, je ne vais pas m'étendre plus longtemps dessus. Des centaines de très bons articles publiés dans des journaux de qualité le feront mieux que moi. Je me contenterai de poster un petit article pratique, qui, je pense, pourra vous servir de pense-bête dans ces circonstances, mais aussi tout le reste du temps.
La question est donc : que peut-on partager sur les réseaux sociaux ? Parce que des partages, on y assiste, de manière saccadée, répétitive, ad nauseam, depuis 3 jours. Ce qui est normal. Ce qui l'est moins, c'est que sous couvert de panique, on replonge dans des mauvaises pratiques pourtant maintes fois dénoncées par les geeks de votre entourage (pas tous, mais au moins ceux qui sont fans des Hoaxbusters). Bref : c'est du bon sens, ça fait des années qu'on vous le répète, mais ça ne fait jamais de mal d'en repasser une couche.
Allez, on souffle un coup, on sort sa serviette, on arrête de paniquer, on rebranche son cerveau et :
- On arrête de diffuser des chaînes, ces mails/sms/messages FB ou Twitter qui vous demandent à tout prix de partager leurs informations au max.
Je ne sais pas quelle est la raison qui vous pousse à faire ça, mais moi, quand j'étais plus jeune, on m'avait expliqué que les chaînes étaient toujours lancées par des individus mal intentionnés, dans le but de surcharger les réseaux. Éventuellement, ça sert à véhiculer des messages, mais comme on ne sait jamais vraiment qui est derrière, donc quel est le message, on applique un principe de précaution : dans le doute, on s'abstient. Cette règle s'applique pour tous les points ci-dessous.
On reconnaît une chaîne au fait que les informations sont souvent floues, le message a pour but de vous faire peur ou de vous attendrir, mais il n'y a jamais de source. Ou alors, la source est bizarre. Il y a souvent des numéros de téléphones qui font croire que c'est sérieux, où des phrases du type "cette information a été relayée par le New York Times", sauf que nulle part, il n'y a un lien vers l'article en question.
Si vous êtes vraiment, vraiment très tentés de partager parce que vous trouvez ce message vraiment poignant, il y a des vérifications faciles à faire :
- Allez sur le site Hoaxbuster ou sur leur page Facebook. Si c'est un hoax (une arnaque), il y a de fortes chances qu'ils l'aient repérée.
- S'il y a une "source", allez la consulter.
- S'il y a un numéro de téléphone, tapez-le dans un moteur de recherche : de nombreux sites Internet répertorient les numéros d'arnaques.
- On vérifie les informations qu'on partage.
En partageant une informations sur les réseaux sociaux, vous êtes responsable du fait que cette information va être lue par vos proches. Lue, crue, elle va servir de base à une argumentation. Et franchement, ça ne vous viendrait pas à l'esprit de partager sciemment une info erronée. Donc, la règle de base : si votre information ne provient pas d'un site qu'on peut considérer "de confiance" (typiquement, AFP, Le Monde, Le Figaro, Le Parisien...), vérifiez-la. Date de publication, nom de l'auteur, raison d'être du site sur lequel le message est posté, ET SURTOUT source des informations. On ne se contente pas de "lu dans le New York Time". On va sur le New York Times et on cherche l'article d'origine.
Remontez TOUJOURS à l'origine. C'est pas pour le temps que ça prend.
Par exemple, si vous partagez cet article, c'est que vous savez ce qu'est le blog Les j3ux sont faits, quels sont ses buts, et que vous avez une vague idée de ce que Eith a tendance à publier d'habitude (c'est-à-dire des articles où elle se pâme devant Vin Diesel et d'autres où elle clame son amour de la prélogie Star Wars, ce qui fait un paquet de raisons de ne pas lui faire confiance selon certains ^^). Bref, si j'étais une conspirationniste défenseuse de la théorie des anciens astronautes, vous le sauriez en quelques clics en prenant la peine de vérifier.
- On ne partage pas une citation hors contexte.
Bon, ça, je suis sûre que vous l'avez tous appris au collège. On peut faire dire tout et n'importe quoi à une citation. Quand j'écrivais des critiques de cinéma et jeu vidéo de manière professionnelle, je me souviens qu'un jour, des publicitaires ont repris sur une campagne d'affichage un seul mot (qui devait être "magnifique" ou "formidable", je ne sais plus) d'un article que j'avais écrit sur le sujet. Il se trouve que je n'avais jamais dit que le jeu en question était "magnifique" ou "formidable", juste que le chara design l'était. Sous-entendu, les personnages avaient la classe (ce qui ne fait pas forcément du jeu un bon jeu).
Je sais que c'est tentant, toutes ces petites citations croustillantes, qui ont l'air de résumer les choses. Mais si vous ne savez pas précisément d'où ça vient, ni dans quel contexte ça a été dit, vous vous retrouverez peut-être à partager des informations erronée. Des mensonges, quoi.
- On ne partage pas une photo hors contexte.
Même combat pour les photos. Une photo toute seule, sans copyright, sans article, sans source, sans date, on fait comme si elle n'existait pas. Si les infos ont l'air d'être indiquées dessus, on les vérifie quand même.
- On ne partage pas des informations qui peuvent traumatiser des gens.
Là encore, c'est du bon sens, mais partager des images horribles, des descriptions d'événements, il faut le faire avec parcimonie. Vous ne cliquez pas sur "partager à tous mes contacts et au monde entier". Des jeunes, des personnes fragiles, en état de choc, pourraient tomber dessus. Faites un tri, si vous tenez vraiment à traumatiser des gens, assurez-vous qu'ils sont d'accord pour ça.
- On réfléchit avant de poster des commentaires politiques ou moraux.
Vous êtes peut-être en état de choc. Vous avez peut-être lu des informations mensongères sans le savoir. Bref, vous n'être peut-être pas en état de discuter sereinement et d'argumenter vos propos. Prenez le temps de relire ce que vous écrivez. Vous ne voudriez pas passer pour un imbécile ou un connard, et vos amis n'ont pas envie de penser ça de vous.
Je suis sûre qu'on pourrait continuer pendant des heures, mais je vous fais confiance pour transmettre le message à ceux qui sont moins à l'aise que vous sur Internet, et pour que tout le monde retrouve un semblant de bon sens. Pragmatisme, logique et arguments, voilà de quoi nous aurions bien besoin en ce moment. Et d'un gros câlin aussi, donc exceptionnellement, je vous fais un gros câlin virtuel. N'y prenez pas goût, c'est pas demain la veille que ça va se reproduire.