Crimson Peak vous invite pour le thé... vous prendrez bien un peu de fantômes avec ?

C'est un film de saison tout ce qu'il y a de plus traditionnel : le bon vieux film d'horreur gothique des familles. Avec ses plans conventionnels, ses jump scares, son héroïne terriblement belle et ingénue, ses fantômes effrayants, ses méchants séduisants... Bref, Guillermo Del Toro a fait le taf, alors si les histoires de fantômes qui font peur (mais pas trop), c'est votre truc, vous devriez songer à aller le voir !

On suit les aventures d'une jeune américaine plutôt attachante, qui voit les fantômes -de temps en temps- et rêve de devenir écrivain -avec acharnement. Un peu Mary-Sue sur les bords, elle fait tout de même preuve de suffisamment de naïveté et en même temps de badassitude pour qu'on l'apprécie rapidement. Autour d'elle gravitent de nombreux personnages aussi intrigants que ce mystérieux "baronnet" anglais, qui semble la trouver à son goût, mais aussi sa soeur, une pianiste de talent, sans oublier l'ophtalmologue fan de Conan Doyle et les méchantes vipères. A leur contact, Edith (de son petit nom) va vite se retrouver plongée dans une histoire d'horreur au sein de laquelle les fantômes ne sont pas les créatures les plus effrayantes...

Bon sang ce que c'est classique. C'est presque éculé. Mais étonnamment, ça fonctionne impeccablement. La mise en scène est simple, mais fluide et certains plans sont sublimes. Les personnages sont caricaturaux, mais interprété avec tellement de talent par le trio en tête d'affiche (Mia Wasikowska, Tom Hiddleston et Jessica Chastain) qu'on leur pardonne vite leur manque d'originalité. Tout comme ces décors sombres et grandioses, ils semblent sortis tout droit d'un film de Tim Burton où ils auraient probablement été remplacés par Winona Ryder, Johnny Depp et Helena Bonham-Carter. Et je ne vous parle même pas de ces costumes ! Et ce manoir anglais, complètement délabré, où la terre est rouge et où on prend le thé sous le regard malveillant du portrait de l'ancêtre. 

Crimson Peak s'appuie sur ces références pour imposer un petit film d'horreur plutôt grand public, à la fois romantique (pas trop) et sanguinolent (pas assez). Guillermo Del Toro s'amuse même à nous faire des transitions façon années 80 pour nous rappeler qu'on est bien dans un film de genre. Au cas où on ne savait pas.

Bien entendu, il y a un twist final. Bien entendu, on le voit venir depuis le début du film. Mais le rythme de ce dernier repose en partie sur l'espoir du spectateur qu'il ne s'agisse finalement que d'une belle histoire d'amour, pimentée par la présence de monstrueux fantômes. Pas tout à fait d'un film d'horreur, quoi. On s'enfonce donc, confortablement, dans un récit qui s'avère de plus en plus terrifiant... Et drôle, à la fois, du coup. Parce que les apparitions soudaines, les moments de panique, le comportement étrange des personnages poussent forcément, entre deux sursauts, à un petit rire.

Je ne reprocherai qu'une seule chose à Guillermo Del Toro sur ce film : est-ce parce que, comme tout le monde, il est tombé amoureux de Hiddleston ? Avait-il trop d'amitié pour ce personnage ? Quoi qu'il en soit, notre mystérieux baronnet aurait pu devenir un plus grand personnage de fiction si l'auteur avait osé aller jusqu'au bout de ses pensées, et s'il n'avait pas cherché à l'épargner.
Ah non, en fait il y a une autre chose qui m'a déplu. Les gens lisent super vite dans ce film, c'est un peu flippant (et complètement surréaliste).  

Certes, Crimson Peak n'est pas non plus LE chef d'oeuvre de la carrière du réalisateur mexicain. Pourtant, si vous êtes amateur de films de genre à l'aspect gothique, vous allez l'adorer. Et avoir envie de le revoir, probablement, comme on reverrait un bon vieux Sleepy Hollow, pour s'émerveiller, s'épouvanter, se moquer (un peu, quand même). A Halloween, pourquoi pas ?

On vous le conseille fortement !