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Les j3ux sont faits
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28 octobre 2015

La Comic Con Paris 2015, pas à la hauteur de ses ambitions

Je me suis rendue, dimanche 25 octobre 2015, à la Comic Con de Paris. Ce n'était bien évidemment pas ma première Comic Con parisienne, mais c'était la première fois que l'événement se déroulait seul, dans son coin, sans le soutien de l'immense Japan Expo. Depuis 2011, Comic Con ne m'avait jamais déçue.

> Passer le compte-rendu et directement regarder notre galerie photo (on ne vous en voudra pas)

Quand j'ai pris mon billet, la programmation n'était pas la plus excitante qui soit, mais j'avais des souvenirs mémorables des éditions précédentes. Le souvenir d'avoir assisté à un panel fort sympathique avec tout le cast de la série Highlander (est-ce que ça s'appelait déjà Comic Con à l'époque ? Je ne sais plus), d'avoir croisé Mark Gatiss dans les allées, d'avoir vu Gale Anne Hurd, Steven Moffat, Brian Azzarello, Geof Darrow, d'avoir découvert Firefly à travers un documentaire inédit, d'avoir assisté à la diffusion entière d'une saison de Hero Corp en présence Simon Astier (et de me faire troller par lui), d'avoir entendu Murray Gold parler français... Il y avait aussi les décors magnifiques pour faire des photoshoots (gratuitement, bien sûr, dans les univers de Stargate, Star Wars, The Walking Dead, Alien, Doctor Who...) et la découverte de webséries, d'auteurs, d'acteurs, de réalisateurs, de producteurs, de dessinateurs. L'artist alley était de grande qualité. C'était un lieu où je me sentais chez moi, où je courrais d'un endroit à l'autre, d'une conférence à l'autre, d'une rencontre à l'autre.


comic-con-paris-stormtrooper

Alors même si, dans le programme, il n'y avait que la venue de Frank Miller qui excitait vraiment ma curiosité, je me voyais déjà farfouiller dans les stands de comics, à la recherche de bouquins en VO qui manquent à ma collection, aller d'un artiste à l'autre, regarder au loin les acteurs connus, poser devant des décors, participer à des quiz, des jeux, assister à des conférences, voir des spectacles, des défilés de cosplay... je savais que j'allais encore une fois passer une excellente journée.

Je me trompais. Comic Con ne m'a pas seulement déçue : je me suis sentie volée. J'ai eu l'impression d'être prise pour une vache à lait. L'impression qu'on se foutait de mes passions, qu'une fois les portes d'entrée passées, je devenais un simple zombie parmi tant d'autres. Je suis entrée à 9h, et à 14h, après avoir fait plusieurs fois le tour de la convention à la recherche de quelque chose à faire, je suis repartie. Pour aller au cinéma, histoire de ne pas perdre ma journée.

Ce qui est insupportable, c'est que pour passer une demi-journée à m'ennuyer dans une convention vide, je me suis levée à 6h du matin, j'ai traversé tout Paris, et j'ai payé 20€. Vous vous souvenez, ces 20€ que nombre d'entre vous ne voulaient pas payer pour se rendre à Geekopolis ? A Geekopolis (aka la meilleure convention du monde), on était remboursé au centuple, même quand il y avait des couacs. A Comic Con, les plus chanceux, ceux qui avaient pu s'y rendre vendredi ou samedi, étaient tout juste remboursés, pourvu qu'ils acceptent de faire la queue.

Bon, il parait que beaucoup de gens se sont bien amusés durant ces trois jours. Que je suis un peu dure avec la convention. J'admets que s'il n'y avait pas eu ces nombreuses années d'existence au sein de Japan Expo, si le tarif et les campagnes d'affichage n'avaient pas été aussi ambitieux, j'aurais peut-être été plus douce. Mais je considère que quand tu as passé plusieurs années adossé à un géant de l'organisation comme Japan Expo, tu sais organiser une convention. D'autant plus que je me suis vraiment emmerdée, durant cette matinée de convention. Moi qui serait capable de trouver le moyen de m'amuser avec une allumette dans un entrepôt de poudre à canon. Alors, je vais vous raconter ma journée, telle que je l'ai vécue. Puis je vais faire une liste des points forts et des points faibles de la convention, à mes yeux, ce dimanche. Je vous laisse seul juge, à vous de voir si vous vous y rendez l'année prochaine. Moi, non.

Mon dimanche de Comic Con :

ghostbusters-comic-con

Je suis arrivée de bonne heure. Il y avait déjà une énorme foule qui attendait dehors. J'ai retrouvé JainaXF, nous avons passé le contrôle des sacs tout en douceur. Sushi est arrivée un peu plus tard, a été un peu bousculée au contrôle des sacs par un vigile qui faisait du zèle, mais la foule l'a très gentiment laissée passer pour nous rejoindre. Nous sommes très vite entrées, et une fois dans la Grande Halle de la Villette, les filles ont un peu déchanté devant la taille du lieu (pour moi, pas de surprise, j'avais déjà expérimenté). Peu importe, nous voilà parties pour faire un premier tour des lieux. Nous avons mis environ une heure à faire le tour, essentiellement parce que nos costumes de Ghostbusters ont eu beaucoup de succès et que tout le monde nous arrêtait pour des photos (ce qui était COOL !). Une fois que c'était fait, nous avons lu, relu, et re-relu le programme à s'en crever les yeux, mais hormis la conférence de Brian Azzarello, Frank Miller et Geof Darrow, rien ne nous semblait justifier 30 à 45 min d'attente. Idem pour les invités présents en dédicace.

jurrassic-world_comic_con

Nous avons tout de même rencontré les gens des Comptines Barbares qui nous ont fait passer un excellent moment sur leur stand avec un quiz rigolo. Et puis, le temps de se remettre à circuler dans les allées, la foule s'est densifiée, d'un seul coup. Tous les tickets pour les dédicaces de la journée venaient d'être distribués, et l'immense file qui attendait s'est alors répandue dans les allées étroites. Nous avons tout de même fait un second tour des lieux, pour voir qu'il y avait là encore des files d'attente un peu partout qui bloquaient le passage : deux d'entre elles permettaient de se faire prendre en photo sur le Trone de Fer, une autre devant des raptors en plastique (ce qui aurait pu être cool si les photographes avait eu un minimum d'espace pour le recul), les dernières menaient aux diverses signatures pour les heureux gagnants d'un ticket. Fatiguées d'avoir à jouer des coudes pour avancer, nous avons alors rejoint la foule qui attendait impatiemment le début de LA conférence de la journée.

Commence alors une migration épique de notre file d'attente vers la "grande salle". Épique, je vous dis, mais tragique aurait été aussi approprié. Alors que nous attendions patiemment, en faisant la queue comme tout le monde, le vigile nous ordonne de remplir l'espace de "l'entonoir" qui mène à la salle. Personne ne voulant doubler ceux qui étaient devant, il a commencé à crier. Et nous voilà, poussées par les vigiles, à doubler des gens qui faisaient la queue devant nous depuis au moins 20 bonnes minutes. A la fin de cette incohérente file d'attente, nous étions devant tout le monde -hyper mal à l'aise, il va sans dire. Nous avancions, donc, et d'un seul coup, nous nous sommes arrêtés, à l'entrée de la salle. Pleine à craquer. Pas de vidage de salle ? Une file prioritaire ? Des gens qui campaient depuis l'ouverture ? Aucune idée. En tout cas, nous n'avons pas pu aller plus loin, et la foule est restée à l'entrée de la salle, regardant de loin la conférence.

azzarello-miller_comic_con

Cette dernière était une plutôt bonne surprise. Azzarello et Miller se sont beaucoup amusés à troller, ont répondu sérieusement (quelques fois) aux questions souvent pas très intelligentes des personnes présentes dans la salle (qui étaient globalement toutes une variation sur le thème : "est-ce que vous pensez que vous avez rendu le Batman plus sombre ?", merci les gens). C'était le prochain tome des aventures du Dark Knight que les deux comparses étaient venus nous présenter (et le premier fascicule a même été offert à quelques chanceux !), et nous avons même eu le droit à des propos inclusifs de la part des deux scénaristes, notamment vis-à-vis des femmes. Certes, Frank Miller reste un personnage bougon, aux idées politiques bien ancrées et qui font parfois froid dans le dos, mais apercevoir un soupçon d'évolution chez celui qui me semblait jusqu'ici bien misogyne, ça a égayé ma journée.

Malheureusement, Geof Darrow (qui est probablement mon dessinateur préféré de tout l'univers) n'était pas présent -bien qu'il ait été annoncé- à cette sympathique conférence. Je les voyais déjà, Miller et Darrow, nous teaser une prochaine collaboration, mais ce dernier n'était pas là, et il n'a même pas été excusé par l'organisation. C'est pas grave, les gars, c'est pas comme si vous aviez annoncé la venue d'un dessinateur multi-primé. Impossible de savoir s'il était là pour les dédicaces : en passant devant les stands où lui (et d'autres) devaient faire des dédicaces toute la journée, je n'ai pas aperçu la moindre annonce, le moindre horaire. Il parait que le papier était trop petit, alors j'ai raté des rencontres (qui auraient été possibles, je pense, s'il avait tout simplement été possible de circuler normalement dans les lieux).

tortue-ninja-comic-con

Après la conférence, nous avons vu passer des Tortues Ninja. Et puis nous avons découvert la triste vérité : plusieurs invités, dont Maisie Williams, ont annulé leur participation. Aucun remplacement... La Grande salle était donc vide, et les centaines de geeks qui auraient dû s'y trouver erraient comme des âme en peine dans les allées, qui n'étaient plus seulement étroites, mais carrément bondées. Le moindre déplacement dans n'importe quelle partie de la convention se faisait dans une bousculade maladroite. Difficile de trouver de l'espace pour faire des photos, de retourner voir des stands qu'on aimait bien.

Agacées, bousculées, fatiguées de chercher quelque chose à faire pendant près de 2 heures, nous avons pris la décision de partir de la convention. Il est à peine plus de 14h. Il nous faudra un peu moins de 45 minutes pour trouver la sortie, mal indiquée, après que des vigiles nous aient rembarrées à maintes reprises, et une fois la foule traversée. Bien entendu, la sortie de la convention se fait au niveau de l'espace fumeur. On sort, on tousse. Finalement, Crimson Peak passait au cinéma à Châtelet, nous sommes arrivées juste à temps pour la séance, et nous n'avons pas regretté cette décision. Par contre, celle d'avoir acheté nos billets pour Comic Con, beaucoup plus.

comic-con-stands

Le contenu "physique" de la convention :

La convention était, en gros, divisée en 5 types d'exposants :
- les artistes, dans une Artist Alley découpée en plusieurs parties tout autour de la convention
- les éditeurs, qui avaient installés des stands plutôt petits- les stands purement commerciaux "pour geeks", qui étaient la majorité de ce qu'il y avait à voir
- les stands "de pub", qui proposaient des maquillages ou des photoshoots, ainsi qu'un quiz bruyant sur le stand Canal+
- les petits stands d'asso/fanzines disséminés parmi les artistes

Il y avait aussi quelques stands de nourriture, dont nos amis du Dernier Bar qui avait fait l'effort d'inviter des gens pour animer leur stand. Mais à 14h, c'était toujours la file d'attente de la mort pour ceux qui voulaient un hot-dog. Nous, on était contentes d'avoir pris un sandwich.

Malgré le côté "centre commercial" pour geeks, avec tous ces stands qui vendaient tous exactement les mêmes choses, il y avait bien sûr probablement moyen de trouver une ou deux bricoles intéressantes. Malheureusement, les prix n'étaient pas toujours très accessibles et les stands pas toujours faciles à approcher (surtout quand des files d'attente passaient devant, en fait). Côté comics, on pouvait oublier la VO, et les stands étaient vraiment riquiquis. Les stands de dédicaces n'étaient pas évidents à repérer.

Les points positifs :

- Une file d'attente hyper bien gérée à l'entrée, presque pas d'attente

- Un lieu plutôt joli et bien éclairé

- L'animation de la conférence, plutôt fluide

- La bonne idée d'avoir invité Azzarello et Miller à nous révéler des trucs cools

- Des tonnes de cosplayeurs adorables et talentueux (bon, ça, Comic Con y était pour rien, mais il faut admettre que les cosplayeurs ont assuré le show durant toute la journée)

- Le photographe officiel Comic Con était probablement le plus sympa qu'on ait rencontré de la journée

- La présence de plusieurs univers

- (attendez, je cherche)

D'après les gens qui sont venus les autres jours (et qui avaient plus d'affinité avec les invités hors comic-book que moi) :

- la disponibilité et la qualité des artistes présents

- la possibilité d'aller à des séances de dédicaces gratuites

 

Les points négatifs :

- L'espace, bien trop petit pour contenir une convention de cette ampleur

- Les indications pour se repérer dans la convention, quasi inexistantes (comment peut-on se perdre dans un espace aussi petit ?)

- Les files d'attente PARTOUT

- Aucun panneau d'affichage central (point information ou autre) pour consulter les annulations et savoir quels artistes sont présents où et à quelle heure. Si tu n'avais pas réussi à trouver l'info sur le site Internet -ou pas eu le temps de la noter- tu n'avais aucune chance de la retrouver dans la convention.

- Une Artist Alley complètement déstructurée, repoussée aux recoins de la convention, découpée en petits bouts, sans aucun panneau d'affichage

- Des stands mal agencés, trop petits, avec des allées trop étroites

- Très peu d'animations, de quiz, pas même de jeu de piste ni de stamp rally

- Pas un seul événement cosplay de la journée du dimanche

- Une très mauvaise communication (on a vu des gens faire la queue pour voir Maisie Williams, qui avait annulé sa venue LA VEILLE)

- Aucun plan de secours pour compenser les imprévus, aucune réactivité face aux impondérables

- Un service de sécurité extrêmement désagréable

- Une convention de comics où on ne vendait presque pas de comics, en encore moins de VO

- Les invités en dédicaces étaient "cachés", donc on pouvait venir à la convention et n'apercevoir aucun des invités si on n'arrivait pas à entrer dans une salle de conférence

- Un programme de conférence très pauvre (le dimanche du moins)

- Un espace fumeur qui dérangeait à la fois les exposants à proximité des portes et les gens qui voulaient sortir

- Un site Internet pas clair (et bourré de fautes d'orthographes), pas à jour (les annulations pas exemple ?), où il est difficile de trouver les informations

- Un traducteur qui n'avait pas l'air de comprendre de quoi parlait les invités par moments

- Beaucoup trop de stands similaires qui vendaient tous les mêmes choses

- Pas vraiment de mise en avant des stands originaux ou proposant du contenu

- Quasiment aucun décor pour faire des photos

- Pas assez de stands de nourriture

- Un grand n'importe quoi au niveau de l'organisation de l'espace : les stands auraient pu être regroupés par univers comme dans la plupart des conventions, facilitant leur accès et les déplacements

- Un prix d'entrée bien trop élevé et identique pour les 3 jours de convention, malgré le fait que le programme n'était pas équivalent sur les 3 jours

 

Reste pour moi que cette Comic Con n'a pas tenu ses promesses. Quand la séparation entre Comic Con et Japan Expo a été annoncée, on nous a dit qu'il n'y aurait pas de Comic Con en 2014 pour que les organisateurs puissent prendre le temps de préparer la meilleure convention possible en 2015. Arraché des entrailles de sa convention-mère, ce nouveau Comic-Con reste une demi-convention, un poids léger maquillé par une campagne de publicité trop bruyante pour être honnête. Il y avait un énorme potentiel. Il y avait quelques noms qui pouvaient l'aider à asseoir sa crédibilité (Frank Miller, Brian Azzarello, Maisie Williams...). Mais rien qui ne justifiait ce tarif exorbitant. L'année prochaine, moi, j'irais à Paris Comics Expo, qui à l'heure d'aujourd'hui a déjà une affiche plus impressionnante que celle de la Comic Con. Où je ne mettrai, à mon grand regret, probablement plus jamais les pieds.

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Commentaires
W
Comme quoi j'ai bien eu raison de ne pas y aller. Cette version autonome de Comic Con ne me plaisait pas vraiment au niveau du contenu, ça me paraissait trop pauvre (en même temps, après avoir rencontré R.A. Salvatore lors de la saison 2013, j'ai l'impression que tout me paraîtra fade à côté :D ).<br /> <br /> Mais je ne m'attendais pas à un tel fiasco. C'est vraiment dommage.
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D
J'y suis pas allé perso, mais c'est vraiment dommage qu'ils se soient foiré à ce point. La seule expérience que j'ai eu du Comic Con, c'était durant l'année 2013, et dans mon souvenir je préférais largement cette partie à celle de la Japan XD.<br /> <br /> <br /> <br /> Après, peut-être qu'on peut espérer qu'ils feront comme Geekopolis : C'est à dire prendre en compte les critiques et les corriger pour les prochaines éditions.<br /> <br /> (Attention, je dis pas que la toute premier édition de Geekopolis était comme cette édition du Comic Con, au contraire elle s'en était plutôt bien sortie durant sa première année, mais la meilleure reste celle de 2015 ^^).
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E
Plus charitable, je ne sais pas : je pense que nous avons raté beaucoup, beaucoup de choses parce qu'il était impossible de se repérer dans cette convention et que les affichages et annonces étaient quasiment absents. Mais avec les retours que j'ai obtenu d'autres participants, il semble qu'on aurait pu rester facilement une ou deux heures de plus et rencontrer des artistes, si nous étions directement allées sur le site des éditeurs pour connaître leurs planning. <br /> <br /> Et globalement, je pense que les gens qui sont venus le dimanche se sont fait voler, parce qu'il y avait bien plus de choses à faire les deux autres jours.
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J
Je n'aurais pas dit mieux, et encore tu t'es sans doute montrée un peu plus charitable que moi ! <br /> <br /> Je ne sais pas pourquoi les oraganisateurs ont sabordé la convention à ce point : comme tu l'as dit, ils ont pourtant de l'expérience...
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