Une brochette de jeux testés à Paris est Ludique

Paris est Ludique est un festival de jeu de société que je ne devrais même pas avoir à présenter. Il se déroule en plein air, dans une bonne ambiance et propose chaque année un instantané de ce milieu qui nous tient tant à coeur. C'est vraiment un endroit parfait pour découvrir tout un tas de petits et moyens jeux, en famille ou entre amis. C'est que nous avons fait ! Voici donc un retour sur tous les jeux auxquels nous avons pu goûter durant ce week-end forcément épique.

Catégorie "Jeux de demain"

Les jeux de demain, se sont des prototypes, généralement très aboutis, présentés à Paris est Ludique dans le cadre d'un concours. Nous n'avons pas testé le gagnant malheureusement, mais d'autres prototypes fort sympathiques.

Surfin

Parmi les prototypes que nous avons vus, Surfin était l'un des plus aboutis. C'est un petit jeu d'été simple, familial, sans prise de tête mais avec un énorme potentiel ludique - c'est tout ce qu'on demande à ce genre de jeux, n'est-ce pas ? Le but ici est de réaliser des figures de surf à grands coups de jets de dés. Si le hasard est de la partie, plusieurs éléments rajoutent un peu d'épices (présence de requins, possibilité de tomber à l'eau) et il faudra en permanence parier sur sa capacité à réussir le prochain coup. C'ets très marrant et le fait de pouvoir faire des duels avec d'autres joueurs ajoute beaucoup à l'aspect compétitif. Des dés, des paris, du surf et des requins : un parfait jeu de plage, je vous dis.

Kann le combat

Si beaucoup de jeux m'ont tapé dans l'oeil durant cette convention, celui-ci m'a vraiment beaucoup marquée. Malgré des explications quasi inexistantes de la part du créateur, qui préférait qu'on s'immerge -ohoh jeu de mot- dans la partie plutôt que de nous dévoiler toutes les possibilités de jeu, j'ai vite saisi les concepts de base et totalement craqué pour le principe et l'univers. Ce petit jeu pour deux joueurs à la jouabilité asymétrique nous permet de revivre le combat du Nautilus contre le Kraken dans 20.000 lieues sous les mers, de Jules Verne. L'un des joueurs devra donc se glisser dans la peau de la tentaculaire créature, tandis que son adversaire aura à gérer le Nautilus tout entier, équipage et équipements compris. Il y a plusieurs façons de gagner -et donc de perdre- ce qui assure une rejouabilité assez conséquente. Et surtout, la multitude de paramètres à prendre en compte est très bien gérée. Dans l'équipage du Nautilus, la plupart des membres d'équipage ont des pouvoirs spéciaux qui peuvent aider le sous-marin à se sortir de périlleuses situations. Côté poulpeux, on utilise de petits pions en bois pour matérialiser les mouvements des tentacules, qui vont frapper le vaisseau ou attraper les assaillants.

Proche de la commercialisation (incomparable avec la plupart des prototypes), c'est vraiment un jeu dont je vais suivre l'évolution de près et que je pense crowdfunder si, d'aventure, le créateur tente un financement participatif.

Khamsin

Avant toute chose, sachez que j'ai vraiment adoré Khamsin. Il lui manque encore un petit je-ne-sais-quoi pour en faire un très bon jeu et le rendre encore plus dynamique et l'équilibrer un peu mieux, mais autrement, c'est probablement pour lui que j'aurais voté. Le principe, c'est qu'on joue des explorateurs perdus dans le désert et qui doivent avancer de dune en dune pour essayer d'atteindre la mer. Pour avancer, les joueurs prennent une carte au hasard, qui leur permettra d'avancer d'un certain nombre de cases, à condition d'être sur une dune de la bonne couleur ! On peut s'ensabler, trouver des amulettes bien utiles pour avancer plus vite ou faire exploser des dunes, et bien entendu, le premier joueur arrivé au bout du plateau (qui s'allonge au fur et à mesure de la partie), gagne. Le voyage est vraiment agréable et le système de jeu bien pensé. A suivre, donc.

La bataille du poil

Si le concept et les mécaniques de jeu sont plutôt réussis, là où il pêche, c'est pour ce qui est d'ajouter du fun dans les éléments de jouabilité. D'autant plus que vu la thématique du jeu, il y a moyen de bien se poiler. Les joueurs forment deux équipes secrètes, les poilus et les imberbes, qui dans la première partie du jeu récupèrent des armes (peignes et rasoirs) et des parties de corps, afin de se mener une guerre ouverte durant la deuxième manche. Il y a plein de bonnes idées dans ce jeu, mais malheureusement, ses défauts le rendent un peu poussif. L'équilibrage des équipes est à refaire -pourquoi pas en assignant un nombre maximal de rôles pour chaque équipe en début de partie- et ajouter des points de règles s'inspirant de l'état capillaire des joueurs -franchement, ce serait génial d'avoir à montrer ses poils aux pattes ou ses joues parfaitement rasées pour gagner des avantages. Bref, je pense que si les créateurs de ce jeu se lâchent un peu, ils ont moyen de réaliser quelque chose de véritablement épique.

Champion Maze

Ici, nous sommes dans la catégorie du jeu de donjon. De type porte-monstre-trésor, mais sous format jeu de cartes. Des aventuriers perdus dans un château qui vont combattre des monstres et gagner des trésors, c'est du déjà-vu, vous me direz. Sauf que les créateurs sont allés chercher assez loin leurs principes de jeu, et qu'on arrive à un mix vraiment fendard entre combats de dés, gestion d'artefacts, apparition aléatoire de boss et de créatures et coups en traître. C'est malin et en même temps très simple, nécessite autant de chance que de bonne gestion de ses ressources, et même si nous avons dû nous contenter d'une partie express pour le tester, il a montré pas mal de qualité. J'ai hâte de voir ce qu'il peut devenir.

Jeu sur le point d'être adapté en français

Tragedy Looper

J'ai beaucoup moins aimé ce jeu, probablement parce qu'une partie express et un manque total d'immersion n'ont pas aidés. Pourtant, sur le papier, il avait l'air cool : un jeu japonais, une sorte de Cluedo avec boucles temporelles qui te permettent de revivre plusieurs fois de suite la même journée pour essayer de deviner dans quel scénario on se trouve, quel personnage il faut sauver et quels personnages il faut tuer. En pratique, j'ai trouvé que le nombre incroyable de petits détails inutiles qui parsèment le jeu encombre bêtement un jeu au principe finalement très simple. En permanence, on oscille entre une jouabilité bête à pleurer et une complexité retorse, un plateau basique et pourtant lourdement surchargé. Du coup, j'avoue, j'ai grogné. Parce que pour moi, soit on choisit l'abstraction et la complexité du puzzle, soit on part dans des histoires ultra-scénarisées et on allège le principe de jeu. Bien entendu, tout cela dépendra finalement du MJ qui gérera vos parties, et s'il est un peu malin, il pourra, je pense, rendre l'expérience grisante, parfois en s'éloignant un peu des règles de base.

Jeu déjà édité (ou bientôt édité)

Fruit Salad

On a trouvé un sérieux concurrent à Jungle Speed et Rok ! Avec sa salade de fruits, Christophe Boelinger, le papa de Dungeon Twister, fait d'une pierre deux coups en épiçant à la fois le très classique Memory et le violent Jungle Speed. Le principe ? Des cartes représentent divers fruits : fraise, poire, orange ou encore pastèques, qui sont répartis et mélangés par groupes. En début de partie, un dé permet de sélectionner un nombre et un fruit. Imaginons, 7 pastèques. Les joueurs posent leurs cartes les unes sur les autres, en essayant de retenir le nombre de pastèques posées. Bien entendu, quand un joueur est persuadé qu'il y a 7 pastèques dans la pile, il doit taper sur le paquet en premier. S'il a raison, il gagne un point ; autrement, il grossit sa main.
Et comme sinon, ce serait trop simple, le fruit et le chiffre peuvent changer à n'importe quel moment !

Très simple et rapide à comprendre, il n'est pourtant pas dénué d'intérêt (il faut être rapide et avoir une bonne mémoire) et surtout, extrêmement amusant à jouer. Vous avez dit "parfait jeu d'été" ? Je suis bien d'accord. A mon avis, il se prête aussi aux fins de soirées arrosées et aux après-midi jeux entre potes.

Robin

La bonne nouvelle, c'est que je suis l'heureuse propriétaire de ce jeu, que j'ai acheté durant le salon -parce qu'il est trop bieeeeen- donc il devrait probablement arriver dans une après-midi jeu prochaine. En août, je pense. En attendant, je vous le présente, peut-être ? Edité par les mêmes joyeux lurons que l'excellent Rumble in the Dungeon/House, Robin vous permet d'incarner un Robin des Bois qui cherche à collecter un maximum de trésors, compagnons, nourriture ou bien encore d'armes. 7 précisément, comme dans un jeu de 7 familles. Pour cela, il faudra collectionner des cartes qui sont à la fois des objets à conserver et des moyens d'avancer sur le plateau de jeu. Plus vous avancez, plus vous piochez de cartes, plus vous pouvez avancer et collecter de cartes similaires. Sauf que jouer une carte, ce n'est pas se contenter de la poser et de bouger votre pion. Chaque carte jouée est en réalité mise aux enchères : les autres joueurs peuvent vous proposer de troquer une de leurs cartes contre la vôtre. S'ils le font, vous êtes obligé d'accepter !
Il y a moyen d'être tordu, de faire des coups en traître, et mieux vous connaîtrez vos adversaires, plus vous aurez de chance de vous éclater.

Robin est un petit jeu simple mais à la fois joli et très sympa à jouer, avec une bonne dose de stratégie mais sans faire mal au crâne. Mon petit préféré de toute cette sélection.

Lords of Scotland

On connaît Filosofia et leurs jeux phares (tels que Pandémie), on sait donc qu'ils sont capables d'éditer de très bons jeux. Lords of Scotland fait clairement partie de cette catégorie. Si les termes construction de deck, combos de cartes et batailles sur les terres d'Ecosse vous font rêver, vous devriez vous y intéresser de près. Les joueurs font s'affronter des armées d'écossais belliqueux qui sont classés par clan. Chaque clan possède une capacité spéciale et est divisé en 12 cartes numérotées de 1 à 12 en fonction du nombre de points qu'elles vous rapportent. Durant la partie, vous récupérez des cartes, et vous posez ces cartes devant vous, indifféremment de leur clan, pour grossir votre armée. Attention : pour activer leurs pouvoirs, vous devez poser la carte la moins puissante du jeu ! A chaque tour de jeu, il devient plus compliqué d'activer les pouvoirs, aussi les joueurs jouent-ils plus souvent face cachée. En fin de manche, on dévoile le contenu des armées et des points sont attribués en fonction du total affiché par l'armée de chaque joueur.

Malgré une jouabilité très simple et intuitive, Lords of Scotland offre beaucoup de subtilités et met tous les joueurs au même niveau, en mêlant intelligemment hasard et stratégie. On reste en haleine jusqu'à la dernière manche !

Cette année encore, c'était un vrai plaisir de se rendre à Paris est Ludique pour rencontrer des créateurs et découvrir des nouveautés.  Parfaitement organisé, avec comme toujours le jeu de l'événement avec le billet d'entrée, PeL est devenu un événement incontournable. Tant pis pour le sable qui nous a tous recouverts comme si on sortait de l'univers de Mad Max, pour le vent, et pour les coups de soleil ; ça en valait la peine.

Petits bémols pour cette édition 2015, toutefois :

- Comme à l'E3, on commence à avoir l'impression, d'années en années, que les grands éditeurs mettent uniquement en valeur des suites et des extensions de leurs best-sellers. C'est TRES dommage, parce qu'on ne vient vraiment pas à Paris est Ludique pour ça.

- Sur de nombreux stands professionnels, les animateurs semblaient bien plus soucieux de serrer les pognes de leurs amis et de taper la discut' entre eux que de présenter leurs jeux à des joueurs. Alors, les gars, si ça vous fait chier à ce point de devoir animer vos propres stands, je connais une petite association très sympa qui pourrait vous aider, ils s'appellent LJSF et franchement, bien qu'ils ne soient pas payés, ils font mieux le job que vous.

A suivre, donc, pour la plupart des jeux découverts : en souhaitant tout le meilleur qui puisse arriver à leurs créateurs, parce qu'on a vu un tas de beaux bébés durant ce formidable week-end.  

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