Space Battleship Yamato 2199: Odyssey of the Celestial Ark
Pour commencer, il est bon de rappeler que ce film s'inscrit directement dans la continuité de Yamato 2199: chronologiquement situé entre les épisodes 24 et 25, son action se situe lors du voyage de retour du Yamato vers la Terre. Aussi il est évident qu'il m'est impossible de parler du film sans spoiler les épisodes. De plus, ce film ne peut pas vraiment s'apprécier sans un visionnage préalable de la série. Comme c'est souvent le cas pour les oeuvres cinématographiques issues de larges franchises, il s'agit bien davantage d'un triple épisode bonus, constituant un arc narratif, que d'une introduction à cet univers.
Pour ceux n'ayant ni vu Yamato 2199, ni lu mon précédent article, bref rappel. La Terre, bombardée et assiégée par le puissant empire de Garmillas, n'a plus qu'un seul espoir: le vaisseau hyperspatial Yamato doit traverser la Galaxie jusqu'au Grand Nuage de Magellan et ramener de la planète alliée Iscandar une machine permettant de rendre la planète à nouveau vivable. Outre une qualité graphique superbe, la nouvelle série s'attache de façon remarquable à moderniser le propos (l'original étant sorti en 1974) ainsi qu'à développer les membres de l'équipage et les relations entre eux. Les antagonistes bénéficient eux aussi d'un traitement très honorable contribuant à les rendre aussi crédibles que menaçants. En outre, l'action et les batailles spatiales sont de toute beauté (Franchement, regardez la série. Ça vaut le coup.)
Après un récapitulatif très accéléré des épisodes précédents en guise de générique, nous retrouvons le Yamato et son équipage en route vers la Terre, quelques semaines après leur départ d'Iscandar. Survient alors une nouvelle menace: le Yamato est attaqué par une flotte spatiale appartenant à Gatlantis, empire rival de Garmillas, qui tente de s'emparer du vaisseau Terrien. Sous la pression des attaques du belliqueux commandant Goran Dagam, le Yamato est contraint de s'enfuir en effectuant un warp en aveugle près de la surface d'une étrange planète. La destination du saut s'avère cependant encore plus mystérieuse: au cœur d'un lit de brumes apparaît une petite planète vers laquelle le Yamato est inexorablement conduit par une force inconnue. Le vaisseau parvient à s'arrêter auprès d'une construction flottante. Alors que le gros de l'équipage s'attelle à la réparation des avaries, l'équipe chargée d'explorer la surface de la planète se retrouve piégée dans un décor incongru: un hôtel vintage où un petit groupe de Garmillons est également prisonnier! Il appartient alors aux humains et à leurs anciens ennemis de percer le mystère de l'illusion où ils sont enfermés, tandis que la flotte de Gatlantis, toujours hostile et avide de butin, se rapproche inexorablement.
L'apport le plus important d'Odyssey of the Celestial Ark à la nouvelle série Yamato est l’introduction d'une nouvelle puissance galactique: l'Empire de Gatlantis. Version ré-imaginée de l'Empire Comète, qui, dans le second film et la seconde saison de la série originale régnait sur la galaxie Andromède, ce peuple n'avait été jusqu'ici que peu mis en avant par 2199. Les Gatlantéens n'ont été mentionnés que comme a) ennemis de Garmillas servant à introduire le général Domel, adversaire majeur du Yamato (épisode 11) et b) des alliés très ponctuels des membres de l'équipage lors d'une révolte sur une planète-prison (épisode 21). La version 2199 des Gatlantéens nous les présente comme un peuple à forte tradition guerrière, livrés avec la panoplie de cornes à boire, cols de fourrure et armes blanches brandies à foison. 2199 ne renie donc pas ses origines de vielle SF en nous présentant ces Mongols de l'espace, et c'est ça qui est bon.
En tant qu'antagonistes majeurs du film, ils tiennent très bien la route, grâce à leur dangereuse arme secrète conjuguée à l'incapacité du Yamato à se servir du Wave Motion Gun depuis son passage à Iscandar. En revanche, si la mission de la flotte pourchassant le Yamato nous est décrite, et que Doran Dagam fait le job en termes de grandiloquence guerrière, le film ne vous donnera pas de personnages Gatlantéens aussi développés qu'ont pu l'être certains Garmillons tels Domel, Melda ou même Dessler. Aussi je regrette que l'on ait pas pu en voir plus sur cet aspect. Si seconde saison il y a, il y a fort à parier que la trame générale de la série originale sera suivie, et que l'armée de Gatlantis teasée par le film y sera l'adversaire du Yamato: ce qui fera au final de ce film un très bon épisode pilote.
Yamato 2199 a fait fort pour donner une vraie substance à l'équipage du vaisseau, et c'est un plaisir de retrouver tous ces personnages. Naturellement, il n'y a que 90 minutes à passer en leur compagnie, et à trop vouloir satisfaire le fan, ce type de production peut facilement se perdre. Odyssey of the Celestial Ark évite cet écueil en assumant entièrement sa position d'épisode bonus d'une plus vaste série: pas besoin de revenir sur chaque personnage secondaire, d'autres arcs narratifs s'en sont déjà chargé. Et bien que j'aurais souhaité que certains de mes favoris aient davantage de screentime, ce choix permet au film de mettre en avant d'autres protagonistes: côté Yamato, la jeune linguiste Mikage Kiryu et le pilote Sho Sawamura, qui en plus d'assurer le quota romance (shippers, there's a new ship in your (battle)ship), ont également (Mikage en particulier) leur rôle à jouer dans la compréhension des mystères de la planète où nos héros sont retenus. Le personnage à qui le film donne le meilleur développement est à mon avis Fomt Berger, l'un des survivants de Garmillas piégés dans l'hôtel avec les humains, qu'il ne reconnaît pas du fait de l'illusion qui y est générée. Obligé par la situation de surmonter sa culpabilité et sa haine du Yamato, il s'avère très badass lors de l'action, ce qui ajouté à son background en fait l'un des atouts majeurs du cast.
Susumu Kodai reste cependant le personnage central. Le capitaine Okita ne peut assurer le commandement du Yamato durant le film du fait de sa santé déclinante, et c'est à Kodai de prendre les rênes du vaisseau durant les batailles. C'est un plaisir de voir notre protagoniste gagner en responsabilité et en maturité, et la chaise de commandant lui va très bien. A saluer aussi sa scène de dialogue avec le capitaine Okita, qui réaffirme la confiance et le respect mutuel entre le vénérable capitaine et son jeune successeur.
Au niveau visuel, le film est à la hauteur de la série dont il est issu: les décors sont superbes et variés, même si on aurait gagné en spectaculaire en augmentant le nombre de plans larges. Et si les CGI sont toujours massivement utilisées pour le rendu des vaisseaux et des batailles, elles savent se faire oublier grâce au niveau de détails et au dynamisme de l'ensemble. Le film n'est pas avare en petits clins d'œil visuels aux épisodes passés qui raviront le fan, et aucune erreur de continuité n'est à déplorer. Côté action, le film n'est pas extrêmement bourrin, mais la bataille finale impliquant le Yamato, les Garmillons et Gatlantis est excellente (bien qu'un cran en dessous de la bataille du Rainbow Star Cluster à mon humble avis). Les brèves scènes d'introduction et de conclusion, bien que totalement inutiles à l'intrigue, touchent du doigt un élément très intéressant et assez peu exploré dans l'ensemble de la franchise: la situation sur Terre alors que la planète se meurt dans l'attente du retour providentiel du Yamato. Même si je peux comprendre que cet aspect soit assez secondaire, en voir un peu plus aurait permis d'approfondir considérablement l'univers.
Côté son, le thème principal est toujours aussi classe, et ses différents réarrangements pour l'occasion nous plongent directement dans l'ambiance de la saga. Le thème de Gatlantis illustre également à merveille ce peuple belliqueux. Comme dans la série, l'ambiance 70's est de mise au niveau des effets sonores (en un peu mieux dosé tout de même), marque de fidélité de la série envers ses origines.
Space Battleship Yamato 2199: Odyssey of the Celestial Ark s'avère en conclusion un très bon épisode bonus pour une excellente série. Certes on ne révolutionne pas le genre, mais cela n'a jamais été le but. Nous sommes ici en face d'une œuvre de SF old-school qui n'a pour ambition que de nous faire passer un bon moment, tout en remettant au goût du jour une série culte. Si vous avez déjà vu la série, je ne peux que vous suggérer de regarder ce film à la première occasion; et si vous n'avez pas vu 2199, je vous recommande chaudement de regarder la série, puis de savourer le film. Ajout inédit à la franchise, Odyssey of the Celestial Ark tease plusieurs éléments très prometteurs dans le cadre d'une éventuelle seconde saison. Et si ce reboot continue sur une telle lancée, il y a fort à parier que la récompense sera à la hauteur de nos attentes.
"Yamato, hasshin!"