Belle, la geekette
Film : La Belle et la Bête, 1991
Age : 17 ans
Nationalité : Française
Statut : Mariée
CV : princesse Disney officielle, nerd de service d'un village de bouseux, princesse d'un pays probablement aussi grand que Monaco
Chansons : Bonjour, Belle, Belle (reprise), Je ne savais pas
Attention, attention : pour son grand retour, le moment Disney va s'attarder sur une princesse qui tient une place un peu particulière dans le cœur de nombreuses geekettes de notre génération. Car Belle, c'est la princesse des nerds.
- Je pense qu'il est temps d'aller de l'avant, Belle.
- NOOOOON, J'VEUX ENCORE DU POUDLAAAARD!!
- Hé Ariel, tu l'as fini celui-là, non ?
Club de lecture
Amy Mebberson
Lors de sa chanson d'exposition, on découvre en effet que tous les habitants de son petit village de campagne la regardent de travers parce qu'elle passe son temps le nez dans un bouquin. De nombreuses petites filles bibliophiles et impopulaires – dont plusieurs rédactrices de ce blog – se sont donc complètement identifiées à Belle, même si, soyons honnêtes, nos détracteurs ne chantaient probablement pas des louanges à notre beauté dans notre dos.
Désolée de briser tes illusions, chère lectrice.
Cette personnalité est une nouveauté chez Disney : Belle est la première princesse dont on ne vante pas seulement la beauté et la gentillesse – même si elle est quand même belle et gentille, faut pas déconner – mais également la culture et les capacités intellectuelles. Elle se rapproche un peu de Cendrillon car elle est plutôt plus âgée et surtout plus mature que la plupart des princesse Disney. Elle se distingue également de ses consoeurs en ayant une relation particulièrement harmonieuse avec son père, pour laquelle elle va aller jusqu'à sacrifier sa liberté.
Elle s'inscrit néanmoins dans la même lignée qu'Ariel, puisqu'elle souhaite s'évader de son quotidien non pas pour des raisons romantiques, mais parce qu'elle n'a pas l'intention de passer toute sa vie dans ce village un peu pourri, où les gens ne l'aiment pas et dont elle a épuisé la bibliothèque municipale.
En revanche, contrairement à Ariel, ce n'est pas la subite apparition d'un sentiment amoureux qui la pousse à partir. Au contraire, et encore une fois c'est une première, Belle s'oppose carrément au mariage et repousse son prétendant, Gaston, qui remplit pourtant pas mal de critères du prince Disney : il est beau – en tout cas c'est ce que disent les villageois, hein, chacun ses goûts, il est viril, et il est prêt à épouser Belle malgré les médisances. Présenté comme ça, on dirait presque le héros de l'histoire ; mais malheureusement pour Belle, il est également macho et stupide. La jeune femme aspirant à plus qu'une vie de femme au foyer, elle refuse donc de l'épouser. Ne criez cependant pas au girl-power tout de suite : elle ne restera pas célibataire longtemps.
C'est d'ailleurs la relation entre la Belle et son futur – la Bête, suivez un peu – qui provoque les principales critiques contre ce personnage. Beaucoup de gens trouvent assez limite qu'après que la Bête ait enlevé Maurice, séquestré et menacé Belle, la jeune fille soit néanmoins toute gentille avec son geôlier et lui tombe dans les bras malgré son aspect monstrueux. La plupart des gens en ont donc conclus que la Belle souffrait d'un syndrome de Stockholm particulièrement carabiné.
Je comprends l'argument, et c'est pas complètement con. Mais un petit peu simpliste.
Belle ne tombe pas dans les bras de la Bête tout de suite. En réalité, au début, elle lui est plutôt hostile et refuse d'obéir à ses ordres. Elle ne change de comportement que lorsque la Bête la sauve d'une meute de loup lors de sa tentative d'évasion, se blessant au passage. C'est seulement après cela que Belle, se sentant probablement redevable, adopte un comportement moins agressif. Elle soigne la Bête et essaie de lui inculquer quelques bonnes manières. Et c'est sans doute parce que la Bête se plie aux leçons de la Belle que celle-ci finit par l'apprécier.
Notons que ce développement est complètement zappé dans La Belle et la Bête 2 : Un Noël enchanté, dont je vais prétendre ignorer totalement l'existence.
Enfin, on oublie trop souvent un détail important : lorsque la Bête donne à Belle l'occasion de partir... elle part. Sans hésiter. Elle a apprit à s'entendre avec son geôlier, mais pas au point d'oublier qu'elle n'a aucune envie d'être là. Au final, si on ne savait pas que Belle était une douce princesse Disney, on pourrait presque penser qu'elle manipule la Bête pour la convaincre de la laisser partir.
Cette hypothèse est d'autant moins farfelue qu'elle colle finalement assez bien avec ce qui est finalement le fond de l'histoire : un monstre qui se transforme en homme grâce à l'influence d'une femme.
Si tant de geekettes considère encore Belle comme leur princesse favorite, c'est qu'elle est un des premiers modèles de princesse auquel une fille des années 1990 peuvent réellement s'identifier. C'est une jeune fille normale un peu nerd, qui sait tirer le meilleur d'une situation difficile et reste convaincue qu'on peut changer les gens avec de l'éducation et de la gentillesse.
Bref, Belle, c'est une fille bien.
- Ta collection est léééégèrement hors de contrôle, là...
- LAISSE-LA TRANQUILLE !
Amy Mebberson