Promenade dans les bois avec le pseudo-burtonesque Into The Wood
Puisque c'est toujours bon de remettre dans le contexte, je vous rappelle que les comédies musicales, c'est ma came, et que comme une grande majorité de geeks, je voue une admiration sans borne à Burton. Sauf que ces derniers temps, les annonces de films de Tim Burton avec Johnny Depp en tête d'affiche, j'en ai ma claque, au point que si ça se produit encore une fois, je vais vomir. Vous allez me dire : "C'est quoi ton problème ? Into The Wood n'est PAS un film de Tim Burton". Oui, je sais, j'ai regardé le générique de fin, je suis pas débile. Mais, alors que j'attendais avec une impatience grandissante l'arrivée en salles de cette adaptation cinématographique de la comédie musicale de Stephen Sondheim "Into The Wood", la première bande-annonce est tombée.
Souvent, les bandes-annonces, c'est le mal. Elles vous promettent des trucs et après, le film est rarement à la hauteur. C'est frustrant. Et pour le coup, ce que m'a appris la bande-annonce de Into The Wood, c'est que Rob Marshall, pourtant un réalisateur très respectable, avait décidé (ou été forcé) de donner dans le burtonesque. Et le burtonesque, quand c'est fait par quelqu'un d'autre que Burton himself, c'est casse-gueule. Mais voilà, portée par mon amour des mélodies de Sondheim et par la présence d'acteurs -autres que Depp- qui me faisaient des petits clins d'oeil en mode "allez, viens, on est bien", j'ai volé jusqu'au cinéma avant de m'écraser lamentablement au fond d'un fauteuil rouge (ou noir, je sais plus trop, c'était pas très éclairé dans la salle).
Bref, j'ai fini par voir Into The Wood, et globalement, j'ai kiffé. Tout le monde il chante bien, tout le monde il joue bien et même si le début de la deuxième partie du film est longuet, franchement, ça gère. En fait, je le conseille à tous les fanas de Sondheim, de comédies musicales un peu sombres et de contes de fées. Forcément, il faut aimer Sondheim, parce que musicalement, c'est un peu spécial : on est bien loin des mélodies faciles à chanter de Mary Poppins !
Ce film était donc plutôt une bonne suprise, mais qu'il me reste de petits arrières-goûts de Beuuuaaarrrrk qui passent moins bien. Genre la réalisation burtonesque complètement foirée, sans aucune originalité, peut-être à l'exception de quelques scènes. Où le fait que les décors sont hyper-statiques ce qui m'a poussé à me demander plusieurs fois si le but, c'était de faire comme s'ils avaient filmé la pièce, ce qui est complètement con. Où l'apparition de Johnny Depp qui n'est pas si mauvais que ça, mais franchement, il me saoûle, j'en peux plus, j'ai envie de le taper à chaque fois qu'il fait son "air de Johnny Depp". Ce qui m'a vraiment dérangée, c'est que l'ensemble est tellement sombre que les moments drôles, qui le sont vraiment, passent presque inaperçus. Résultat, moi et mon humour de merde étions écroulés sur notre siège tandis que le reste de la salle regardait l'écran d'un air bien trop sérieux.
Parce que Into The Wood, malgré sa relecture très adulte des contes de notre enfance, malgré ses moments tristes, malgré sa morale en demi-teinte, c'est un film drôle. Avec des personnages complètement barrés, des scènes surréalistes, des répliques hilarantes. Chris Pine est à mourir de rire en Prince Charmant prétentieux, Anna Kendrick s'en sort honorablement en adolescente à la recherche de elle-ne-sait-pas-trop-quoi, Meryl Streep est simplement parfaite -comme toujours, et la relation entre Emily Blunt et James Corden est incroyable. Il y a de l'humour, donc, mais les contes originaux des frères Grimm n'ont pas été trahis : l'histoire est cruelle, les personnages sont immoraux et la bienséance n'y a pas sa place. Venant de Disney, ça change !
Alors oui, Into The Wood a de très nombreux défauts et m'a un peu déçue. Mais ça, je m'y attendais. Ce que je ne soupçonnais pas, par contre, c'est que le film allait me faire passer un aussi bon moment. Je me suis attachée aux personnages, j'ai eu envie de chanter les chansons et je n'ai pas eu l'impression d'être complètement abrutie par une histoire sans intérêt. Certes, si Burton avait été derrière la caméra, ça aurait peut-être donné quelque chose d'encore meilleur. Mais c'est une promenade dans les bois que je suis prête à refaire à l'occasion, les jours de pluie, avec un capuchon rouge...
Pas indispensable, mais de bonnes choses.