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8 novembre 2014

Moment Disney : Portrait d'Ariel

Ariel, la groupie

Affiche de La Petite sirène (1989)

Film : La Petite Sirène, 1989

Age : 16 ans

Nationalité : Danoise

Statut : Mariée

CV : princesse Disney officielle, princesse d’Atlantica, princesse consort de la principauté de son mari

Chanson : Partir là-bas

Ariel a marqué les esprits par son look ; sa chevelure rouge et son soutien-gorge coquillage sont devenus iconiques. Elle est également la première princesse officielle – et, à ce jour, encore la seule – à ne pas être humaine. Côté famille, on s'éloigne un peu des habitudes des princesses Disney : bien qu'étant orpheline de mère, Ariel a encore son père et, une première, des soeurs ! On n'est plus dans le schéma de l'orpheline seule au monde.

Elle a aussi cette particularité d'être beaucoup plus sexualisée que ces consoeurs plus anciennes. Outre son "costume" de base quasiment inexistant, elle Ursula prend possession de la voix d'Arielest représentée presque nue lors de sa transformation par Ursula - bien qu'une certaine license artistique nous empêche d'apercevoir quoique ce soit. La sorcière lui met les mains sur son décolleté, avant de carrément lancer son pouvoir - matérialisé par une sorte de tentacule - au fond de sa gorge. La scène est d'autant plus troublante lorsqu'on sait que le personnage d'Ursula a été inspirée par la drag queen Divine, icône queer.

Quant à la scène de la plage où elle découvre ces jambes, on la regarde tout de suite différemment lorsqu'on réalise que l'ex-sirène ne porte rien en bas. Ariel n'est pas une princesse éthérée, c'est une princesse sexy.

(Je n'accepterai aucune plainte comme quoi j'aurais ruiné votre enfance ou autres sornettes de ce genre.)

Avec La Petite Sirène, Disney passe un cap. En plus d’être le premier film de la période « renaissance Disney », son héroïne est la première des princesses « modernes ». En effet, elle lance la longue tradition des princesses aventureuses, celles dont les chansons ne tournent plus nécessairement Ariel sur son rocherautour de leur intérêt amoureux, mais autour d’un désir de découvrir de nouveaux horizons afin de bouleverser une vie pas assez trépidante à leur goût. De plus, c'est également la première princesse à avoir un rôle actif dans son histoire et non plus seulement passif - même si ça ne va pas jusqu'à ce qu'elle se débarrasse de son antagoniste elle-même, on en est pas encore là.

Pourtant Ariel ne bénéficie pas forcément d’une bonne réputation. Elle a beau être une des héroïnes Disney préférée du public, on l’accuse également d’être une princesse particulièrement écervelée. On lui reproche de tout laisser tomber pour un coup de cœur, d’abandonner sa famille, son royaume, sa voix et sa queue de sirène, tout ça pour… un homme. Bref, elle a hérité de l’étiquette de « groupie », et c’est tout sauf un compliment.

Parler ou nager, il faut choisir

Ca ne facilite pas la communication...
"Tu es... euh... ballonée ?"
Tu ne nages pas, tu ne parles pas
Amy Mebberson

On peut cependant présenter la situation différemment. Il y a de grandes similitudes entre Ariel et Cendrillon : les deux rêvent d’un avenir meilleur et d’échapper à leur condition. Dans le cas d’Ariel, ce n’est pas une vie princière qui l’intéresse – puisqu’elle est déjà princesse – mais une existence humaine. Pendant toute la première partie du film, ce n’est clairement pas l’amour qu’elle cherche. Elle s’aventure dans des endroits dangereux pour trouver des objets humains et rêve de quitter la mer. Bref, elle veut partir à l'aventure.

Pas content, pas content !Tout comme Cendrillon, la rencontre avec le prince n’est qu’un déclencheur. D’ailleurs, ce dont elle tombe vraiment amoureuse, c’est du fait qu’il est humain ; ça aurait pu tomber sur n’importe qui d’autre. Il se trouve que c’est Eric parce que c’est le premier humain qu’elle voit de près – et le seul homme du bateau qui ne soit pas un vieux marin couturé. On peut donc considérer qu’elle n’abandonne pas tout pour un homme : elle abandonne tout pour son rêve d’être humaine. C’est certes radical, mais il faut se rappeler qu’Ariel a 16 ans : à cet âge, on est radical.

Il y a cependant une différence fondamentale entre Ariel et Cendrillon : Cendrillon rêvait d’une autre vie parce qu’elle était exploitée et malheureuse. Ariel rêve d’une autre vie, parce que… eh ben parce que, c’est comme ça. La petite sirène a cela de moderne qu’elle n’a pas besoin de raison pour partir à l’aventure. Elle est certes princesse, sa vie est certes confortable, mais elle part quand même ; elle part parce qu’elle est jeune, dynamique et rebelle, et pis c’est tout.

Un couple un peu jeuneUn bémol cependant : à la fin, lorsque tout est rentré dans l’ordre, que la méchante est morte et que l’héroïne a retrouvé son intégrité physique, papa-Triton ne trouve rien de mieux que de céder face au coup de cœur de sa fille, de la changer en humaine et la laisser se marier avec le prince Eric. A 16 ans, donc.

Bon sang, Disney, on est en 1989, plus en 1937. Ca lui aurait coûté quoi, à Triton, de demander à sa fille d’attendre d’être majeure ?

Comme beaucoup de ses congénères, Ariel a eu droit à une suite, mais également à des prequels –dont sa propre série. Les films ne valent pas tellement la peine qu’on en parle, à ceci près que La Petite Sirène 2 fait d’Ariel la première princesse Disney à être officiellement mère – d’une petite fille qui fera exactement les mêmes idioties que sa maman. Quant à La Petite Sirène 3, bien qu’ayant basé son (mauvais) scénario sur la musique dans le royaume d'Atlantica, il réussit l’exploit de ne pas avoir une seule chanson potable.

On se contentera donc de revoir l'original pour apprécier toutes les facettes de cette princesse nouvelle génération, qui a ouvert la voie à une kyrielle de consoeurs.

Princesse précédente

Princesse suivante

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