Letter 44, de la SF à l'ancienne dans un tout nouveau comic-book

Il y a deux raisons qui m'ont poussée à acheter Letter 44 : la première, c'est qu'il m'a été chaudement recommandé par un ancien rédacteur du blog, qui travaille pour l'excellente boutique ApoKlyps, et il a des goûts très sûrs. La seconde, c'est que sa couverture "regarde-moi, je brille" avait de quoi me donner envie de posséder l'objet. Je ne regrette pas une seule seconde, et je vais passer les quelques lignes qui suivent à essayer de vous convaincre que vous devriez en faire autant !

A la plume, on retrouve Charles Soule, l'auteur de la Mort de Wolverine qui nous prouve que son talent n'est pas réservé aux mecs en collants. Il se sert du prétexte d'une histoire de science-fiction tout ce qu'il y a de plus classique pour développer une galerie de personnages attachants et réalistes, les confrontant à des situations extrêmes pour en faire ressortir le meilleur, mais aussi le pire. C'est de sa patte hybride, quelque part entre la BD européenne et le comic-book, que l'espagnol Alberto J. Alburquerque (AJA) illustre brillamment l'ensemble.

Si je vous parle des artistes, c'est avant tout parce que l'histoire aurait très bien pu se prêter à un format cinématographique, et pourtant, il me semble après lecture que le format comic-book a été parfaitement exploité... Les bons comics de SF pure sont rares, et c'est d'autant plus agréable quand le genre s'attarde sur des aventures de ce type. Quelles aventures, me direz-vous ? J'y viens.

L'histoire

Le 44ème président américain vient tout juste arriver au pouvoir. Comme le veut la tradition, son prédécesseur lui a laissé une lettre, qu'il s'empresse de lire. Il y apprend que le président précédent justifie les décisions catastrophiques prises lors de son mandat par l'apparition d'une construction d'origine extra-terrestre au sein du système solaire. Un groupe de scientifiques et de militaires a été envoyé enquêter sur les intentions de ces visiteurs à bord d'un vaisseau fabriqué à la va-vite, pendant que sur Terre, l'armée construit un redoutable armement en secret. Le président Stephen Blades, tenaillé entre le terrible secret qui entoure l'opération et sa volonté de ne rien cacher au peuple américain, marche désormais sur des oeufs... Pendant qu'il se débat avec les enjeux du pouvoir, les astronautes de l'impossible s'apprêtent à découvrir qui sont les extra-terrestres et surtout, quelles sont leurs intentions !

La narration passe ingénieusement des complots politiques à l'exploration spatiale, des conflits moraux du président aux difficultés de la cohabitation dans une navette, avec pour seul but de nous présenter, à la manière d'un soap, des personnages hauts en couleur et les relations qu'ils tissent entre eux.

Bref

J'y ai retrouvé un peu de l'esprit de la défunte série Defying Gravity -en moins mystique- ce qui a compensé ma frustration suite à l'annulation très prématurée de cette dernière... Ces personnages, je me vois bien les suivre encore durant quelques volumes, jusqu'à ce que tous les secrets éclatent et que les intentions de nos visiteurs d'un autre monde soient dévoilés, en espérant que le scénariste continuera à éviter les clichés avec brio.

Si vous aimez les histoires de science-fiction "à l'ancienne", les enjeux de pouvoir, les dilemnes moraux, les scientifiques fous et les complots politiques, vous ne trouverez que du bon dans ce premier volume de Letter 44, dont vous attendrez, comme moi, la suite avec beaucoup d'impatience !

Letter 44 Vol. 1 : Escape velocity (compile les chapitres 1 à 6)
Oni Press
Entre 17 et 19 €
En anglais