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Les j3ux sont faits
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LJSF est un blogzine communautaire et une association sur le thème des cultures ludiques et de l'imaginaire.
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10 février 2014

Bienvenue dans le fabuleux monde d'Iluvendan

Quelques années auparavant, je traînais à la Comic Con à la recherche d'une interview à faire quand le stand des Éditions de l'Homme sans nom m'a tapé dans l'oeil.  Parmi les livres édités par ces gens forts sympathiques, il y avait Iluvendan.
J'ai souvent un très gros faible pour les couvertures qui me font miroiter des mondes imaginaires, mais, surtout lorsqu'il s'agit d'auteurs français, j'ai souvent des déceptions. Et puis, j'ai rencontré l'un des auteurs, et je me suis dit que j'allais forcément aimer.

couverture_iluvendan_1

Iluvendan, c'est un drôle de livre en deux tomes qui a une drôle d'histoire. Écrit à quatre mains par de jeunes gens à la carrière toute scientifique, Marc-Antoine Fardin et Nicolas Debandt, c'est le produit de l'imagination de lycéens qui se sont improvisés écrivains. A la sortie du lycée, les deux comparses ont mis en place leur univers et fait évoluer leurs personnages en même temps qu'ils progressaient dans leurs études. On est donc face à ça : un livre d'ados à l'imagination débordante, teinté de la maturité de jeunes adultes.

De la fantasy avec un peu de steampunk dedans

S'il y a bien une raison qui m'a fait tomber amoureuse d'Iluvendan, c'est la richesse de son univers. Gaeria, un monde post-apocalyptique, reconstruit mais divisé, codifié, dominé par l'homme et imprégné de magie. Une magie personnalisée par le Iölthan, un cristal aux propriétés étonnantes qui sert de combustible pour les machines. C'est bien simple, après avoir lu une dizaine de pages, je n'avais qu'une envie : faire une campagne de jeu de rôle au sein de Gaeria.

Le premier tome nous présente tout d'abord la ville d'Iluvendan, grande capitale où la technologie steampunk la plus évoluée cotoie les impressionnantes ruines du monde d'hier. On y découvre les Universités, 5 grandes écoles élitistes : les Graveurs, les Arcombes, les Druides, les Ingénieurs et les Militaires. Chaque spécialité comporte sa dose de magie et d'utilisation du Iölthan. On voyage ensuite à la rencontre d'autres cultures et d'autres traditions et usage de la magie.

Qui veut du bon cliché ? Il est beau, mon cliché !

Je suis comme ça, on ne se refait pas, j'adore les compilations de clichés et de références. Clairement, les auteurs ne le cachent pas, l'histoire s'appuie sur tout ce que la fantasy a construit de plus solide. Des jumeaux télépathes, des destinées auxquelles on ne peut pas échapper, du voyage initiatique en-veux-tu-en-voilà, des dragons sympa et des dragons moins sympa, une alternance de paysages pittoresques (mer/désert/forêt/ville/ville souterraine...), un gros méchant qui veut détruire le monde, des mentors, des orphelins, des créatures mythologiques, des écoles de magie, des noms avec des ¨ et des doubles-voyelles,  une morale écolo... Bref, tout ce qu'on aime et déteste à la fois.

Franchement ? J'ai marché à fond. Les nombreuses références à d'autres oeuvres de fantasy/SF m'ont fait sourire, et j'ai adoré retrouver ce plaisir immense d'avancer quand on sait à peu près où on va mettre les pieds. Le classique, quand c'est aussi bien mené, c'est rassurant et drôlement plaisant. Surtout qu'il y a de jolies inventions qui parsèment le tout.

 

iluvendan_tome_2_bd

C'est l'histoire de 3 mousquetaires (qui sont en fait 5 avec le fameux Albert)

L'histoire ? Ah oui, l'histoire, j'allais oublier, dis donc. On suit l'entrée à l'Université de trois jeunes héros qui ne le savent pas encore, mais une destinée grandiose les attend. Enfin, ne croyez pas que c'est du Harry Potter, on lâche bien vite l'enseignement pour partir à la guerre, déjouer un complot politique, faire le tour du monde et en découvrir les moindres secrets... Tout le monde commence à développer des super-pouvoirs, on rencontre d'autres gens aux destinées toutes aussi glorieuses, et c'est un joyeux bordel qui passionne de bout en bout.

Gentiment écolo, plein de morale et de bons sentiments à la Disney, Iluvendan dresse un portrait peu flatteur du monde dans lequel nous vivons. On reconnaît facilement des événements qui étaient d'actualité il n'y a pas si longtemps, et leur traitement s'avère plutôt ingénieux. Malgré ce qu'on pourrait croire au premier abord, les auteurs ne se contente pas d'un manichéisme classique -et de bon aloi dans ce type d'oeuvre.

La seule chose que je pourrais reprocher au récit, c'est la profusion d'éléments. Le background est extrêmement riche, les intrigues secondaires si nombreuses que certaines semblent avortées, et les auteurs jonglent avec un groupe de personnages principaux à la Joss Whedon. Du coup, on se sent un peu démunis, ça part dans tous les sens et à la fin très définitive du récit, on regrette un peu que certains points aient seulement été survolés. La mythologie mériterait à elle seule une encyclopédie !

Difficultés de style

Deux sentiments contradictoires se sont emparés de moi durant la lecture : l'émerveillement devant l'univers présenté et l'agacement devant le style assez maladroit. Allons donc droit au but : je conseille la lecture d'Iluvendan, je vous invite à venir vous plonger dans ce monde, mais ne vous attendez pas à un chef d'oeuvre absolu. Si vous avez du mal à supporter l'écriture gauche et parfois pompeuse des (bonnes) fanfictions, vous ne supporterez pas ces deux livres. Mais bon, après tout, nous sommes tellement nombreux à lire du Bernard Werber sans se soucier de son imbuvable prose que ça ne me parait pas insurmontable !

L'écriture est très inégale, avec un mélange de longues envolées lyriques (parfois réussies, parfois non) et un style beaucoup plus sec le reste du temps. Hormis les débuts du Tome 1, très laborieux, ça passe... comme du Marc Lévy, disons. La maladresse de la forme ne dessert pas toujours le fond, et si j'aurais personnellement fait sauté quelques passages et imposé une relecture bien plus sévère aux apprentis auteurs, je dois admettre que la lecture devient plus fluide au fil des chapitres.

En bref

Si je devais comparer Iluvendan à un film, ce serait le premier Star Wars. Il y a de grosses maladresses, des faux raccords, on sent que le budget est short, l'image est un peu dégueu et certains acteurs devraient retourner à l'école, mais putain, c'est jouissif quand même ! Parce que ça brasse les cultures, que c'est frais, qu'il y a de chouette scènes de bataille, que ça se lit tout seul, que les personnages sont assez agaçants et en même temps super attachants, et que l'univers, on voudrait bien s'y échapper de temps en temps. Certes, il y a des petits défauts (assez typiques des livres écrits par des ados), mais ça ne vous empêchera pas de vouloir à tout prix avancer dans l'aventure. Et j'espère que quelqu'un m'entendra : ça ferait un background de jeu de rôle absolument formidable.

À conseiller aux amoureux de littérature jeunesse, aux jeunes passionnés d'aventure et aux curieux.

> Pour vous faire une idée, n'hésitez pas à aller lire les premières pages sur le site des Éditions de l'Homme Sans Nom

 

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