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Shelter, sorti sur PC et Mac en août 2013 pour 9 euros (disponible sur Steam). Enfin un jeu qui met sur le devant de la scène cet animal boudé du grand public et pourtant si raffiné dans l'élégance de son tempérament naturel et duveteux : le blaireau. Ou plus précisément, une maman blaireau et ses cinq petits. Vous contrôlez donc une blairelle devant mener d'un terrier à un autre ses blaireautins en les nourrissant régulièrement et en évitant le plus possible qu'ils se fasse capturer par les prédateurs présents dans le jeu.

 

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Ne vous attendez pas à ramasser des pièces et des rubis sur le long du chemin ni effectuer des combos dévastateurs sur les ennemis, Shelter est plus conçu comme une œuvre vidéo interactive que comme un jeu vidéo standard. Je m'explique. Même si certain joueurs ont peu apprécié son gameplay lent et ses graphismes ternes, Shelter trouve sa vrai raison d'être en nous faisant vivre par des moyens sobres la vie, les espoirs et les craintes d'un animal dans son milieu naturel, avec le souci d'un certaine justesse dans la retranscription (même si les graphismes ne sont pas hyper réalistes). Il est donc vain de se demander quelle fin secrète est débloquée lorsqu'on parvient à terminer le jeu avec ses cinq petits blaireaux toujours vivants.

 

Les graphismes sont dignes d'un Zelda Ocarina of Time, voire mieux, en tous cas très corrects pour du jeu indépendant. Les polygones sont assez gros mais leur forme est si bien gérée et les textures si charmantes qu'on a l'impression de faire face au top de l'origami. Les commandes sont simples et les difficultés restent celles d'un jeu qui ne fait pas l'erreur de tomber dans le réalisme casse couilles. Par exemple, pour éviter les attaques d'un oiseau de proie que vous ne voyez pas, il suffit d'esquiver son ombre sur le sol, très visible et qui se déplace assez lentement. Pareil pour l'intelligence artificielle de vos rejetons, elle est suffisamment bien conçue pour que vous n'ayez pas à leur courir après toutes les cinq secondes. Donc pas de défaites injustes où vous vous dites que c'est la faute du jeu.

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Loin des block busters à mondes ouverts qui en jettent plein la vue, Shelter vous fait vivre une expérience originale, sobre et poétique, trop rare pour passer à côté. Bien qu'assez court (comptez environ une heure vingt pour en venir à bout), le jeu se fini d'une traite. Réussissant à vous mettre en immersion dans la peau d'un blaireau et résistant aux codes faciles et standardisés du monde vidéoludique en général, Shelter parvient à imposer sa patte et à laisser son empreinte de blaireau. Franchement, si le supermarché n'était pas juste en bas de chez moi et la caissière vachement sympa, je crois que j'irai direct dans la forêt arracher des navets avec les dents. Ou pas.

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