World War Z : vous avez bien fait de ne pas aller le voir
Je vous entends d'ici : "Vous croyez pas que vous êtes un peu en retard, là ? World War Z est sorti au début de l'été quand même !"
Oui, bon, ça va. Figurez-vous qu'à LJSF, une bonne partie de la rédac est absolument fan des oeuvres de Max Brooks, que ce soit le très drôle Guide de survie en territoire zombie ou World War Z, qui nous avait notamment marqué par son format inhabituel. Du coup, nous traînions tous des pieds pour aller voir l'adaptation à l'écran de ce livre, dont on ne nous avait pas dit que du bien.
Finalement, je me suis dévouée. Et je vais vous dire : ils ont bien fait de ne pas y aller.
Effectivement, le film ne respecte pas le livre. Ca, c'est dit ; et à la limite, c'est pas forcément grave. Ca arrive aussi à des bons films. Passons là-dessus.
Le vrai défaut de ce film, c'est qu'il est chiant. Non, mais vraiment. Parce que dedans, il n'y a à peu près rien. Enfin si : il y a Brad Pitt. C'est d'ailleurs impossible de trouver des photos officielles du film sans Brad Pitt dessus, et croyez moi, j'ai cherché.
Le film se résume à ce schéma : Brad Pitt qui arrive dans un lieu. Brad Pitt qui passe un coup de fil à sa femme. Brad Pitt qui se fait attaquer par des zombies. Brad Pitt qui s'enfuit et arrive dans un nouveau lieu. Et ainsi de suite. Et encore une fois. Zzzzzzzzzz.
J'espérais au moins un nanard, de quoi me marrer cinq minutes, quelques beaux zombies. Même pas. Rien à sauver dans cette succession de scènes répétitives et d'une banalité à pleurer.
World War Z m'a tellement peu marqué qu'il a fallut la lecture d'autres articles pour relever un autre défaut de taille : non content de ne pas respecter l'histoire du livre dont il s'inspire, il s'attaque à son atout principal, la vraisemblance et la crédibilité. Quand je dis qu'il s'y attaque, ce n'est pas gentiment, avec une petite pelle ; c'est à coup de marteau piqueur.
(Que les esprits chagrins qui me disent qu'il n'y a pas de vraisemblance quand on parle de zombie sortent de cette pièce tout de suite ! Ajouter des éléments fantastiques à un récit n'est pas une raison pour se passer de logique. Le fantastique doit obéir à des règles strictes s'il ne veut pas basculer dans le ridicule, sauf si on s'appelle Terry Pratchett et qu'on a un univers totalement délirant.)
Tout d'abord, le zombie du film n'a plus grand chose à voir avec le morts-vivants du livre. Au lieu d'une contagion lente, comme dans l'immense majorité des films de zombies, on voit ici que la contagion est rapide, à l'image de ce qu'on voit la série des 28 ... plus tard. Dans l'absolu, pourquoi pas. Sauf que ce petit détail met toute l'histoire par terre.
Le livre insiste sur le fait que le début de la pandémie a été très insidieux : elle débute au fin fond de la Chine rurale et des porteurs du virus encore vivants parviennent à quitter le pays puis le continent par divers moyens, avant de se transformer une fois à destination. Le gouvernement chinois essayant de dissimuler l'épidémie, quand le monde se rend compte du problème, il est déjà trop tard, les zombies sont partout.
Le film, lui, fait commencer l'épidémie en Corée, pour ne pas s'aliéner le public chinois. En Corée DU SUD. A proximité d'une base militaire américaine. Etant donné qu'il est beaucoup plus simple de comprendre le danger représenté par une horde de fous furieux que par quelques individus portant des marques de morsures, pour la discrétion, on repassera. Dans WWZ, chaque personne mordue se transforme après 12 secondes. Compte tenu de la densité de population de la Corée, le pays a sûrement du connaître un black-out extrêmement rapide. Pensez-vous que personne ne s'en rendrait compte ? Surtout qu'il y aurait bien quelques milliers de Coréens pour poster des vidéos sur youtube avant de faire face à leur atroce destin.
Dans une situation pareille, il me semble évident que le monde entier s'empresserait de clore les frontières pour circonscrire l'épidémie en attendant que les infectés meurent/se décomposent. On apprend d'ailleurs que c'est ce qui s'est passé dans 28 semaines plus tard, avec un certain succès puisqu'il s'agissait de clore les frontières de la Grande-Bretagne, une île. Dans le cas de WWZ, une telle mesure fonctionnerait peut-être moins bien (d'autant que Max Brooks a établit que les zombies peuvent se déplacer dans l'eau), mais sans doute suffisamment longtemps pour que le monde s'en rende compte. De plus, les zombies serait nécessairement ralentis par les champs de mines nord-coréens et les océans.
Bref : d'ici à ce qu'une horde de morts-vivants puisse attaquer New York et la côte est des Etats-Unis, comme dans une des premières scènes du film, on peut parier que ces braves yankees se seraient tous barricadés chez eux et attendraient leurs agresseurs avec leurs plus beaux lance-roquettes. Ca tiendrait plus du feu de joie que du buffet gratuit.
Pour finir parlons de la fin (oui, j'aime le spoil !), inventée de toutes pièces par les scénaristes. Brad Pitt, qui est vraiment trop fort, a remarqué que les zombies épargnent certains individus en moins bonne forme que les autres. Il décide donc d'aller s'injecter une quelconque saleté incurable dans les veines pour tester sa théorie. Miracle, ça marche, et miracle, les scientifiques parviennent à utiliser cette information pour réaliser un "vaccin". Ca, encore, ça pourrait passer. En revanche, ce qui reste incompréhensible, c'est la raison pour laquelle Brad Pitt survit jusqu'à la fin sans traverser d'atroces souffrances. Les scientifiques qui assistaient à l'expérience avaient bien soulignés que les virus parmi lesquels le héros a choisi la seringue qu'il s'est injecté étaient tous incurables. Entre deux attaques de zombies, nos super-médecins ont donc également trouvé le vaccin contre Ebola/la lèpre/le sida/le SRAS ?
Conclusion, c'est un carton plein pour World War Z : en plus de ne pas respecter l'oeuvre originale, ce film est ennuyeux comme la mort et con comme une bûche. Vous pouvez donc parfaitement vous en dispenser, comme 9 rédacteurs de ce blogs sur 10.