Conan (2011) - Le Retour du Barbare

C'est tout neuf, tout hirsute et bien huilé que nous revient Conan le Barbare - ou Connard le Barbant, comme on le surnomme chez moi, moins pour dénigrer le film que parce que les membres de ma famille sont incapables de résister à un bon calembour. Si le film original était resté dans les annales grâce à l'ineffable Arnold "Gouvernator" Schwarzenegger et à sa magnifique BO, quid de ce nouvel opus ?

Dans le rôle-titre, on ne retrouve évidemment pas notre Terminator favori qui est désormais un peu trop âgé pour ce genre d'exercice. A la place, c'est l'hawaïen Jason Momoa qui roule des mécaniques. Après avoir été Khal Drogho dans le Trône de fer, le revoilà, toujours barbare, mais Cimmérien cette fois. La barbichette en moins, il est quand même dur à reconnaître; en revanche cela permet de constater que ce jeune homme a un peu de souplesse zygomatique. En clair, il sait à peu près jouer.

 Je suis allée voir Conan sans grands espoirs. L'original étant (pour ce que j'en sais, je ne l'ai pas vu) un semi-nanard, je n'espérais qu'un film de baston lourdingue. J'ai été agréablement surprise par ce remake; si les rares dialogues ne cassent pas forcément trois pattes à un canard, la photographie est très esthétique, le scénario tient la route et les personnages, qui pourraient très vite sombrer dans le grand-guignol, évitent le ridicule les doigts dans le nez.

Certes, le personnage de Conan reste un indécrottable bourrin. Mais replaçons les choses dans leur contexte : le personnage de Conan est issu d'une série de nouvelles de Robert E. Howard, première oeuvre d'heroic-fantasy recensée. Hé oui, Tolkien n'est que le numéro deux ! De là est issu le personnage-type du babare tel qu'on le retrouve dans nombre d'oeuvres de fantasy actuelle - voyez la classe "barbare" du jeu de rôle Donjons & Dragons ou le personnage du même nom dans Le Donjon de Naheulbeuk. Bref, malgré le peu de succès récolté à l'époque par cet ami de H. P. Lovecraft et la brièveté de son oeuvre (il s'est suicidé à l'âge de 30 ans), Howard est parvenu à façonner notre vision du "barbare", à savoir : une espèce de grosse brutasse. Notez au passage que le personnage est presque toujours torse nu : si vous voulez traîner une jeune femme réticente voir ce film, c'est un argument à retenir.

Je passe très vite sur les personnages assez classiques de ce type d'histoire : le père et mentor  de Conan - oh, tiens, voilà Ron Perlman... mais si, vous savez, une des gueules cassées favorites de Jean-Pierre Jeunet, qu'on a déjà aperçu dans Le Nom de la Rose, Alien 4 et La Cité des Enfants Perdus -, le grand méchant - un Sauron en devenir -, le bon pote voleur - oh, tiens, encore un truc qui ressemble à D&D ! - et le bon pote black - merci les quotas ethniques.

Plus original, ce film peut s'enorgueillir de deux bons personnages féminins. Un petit exploit quand même : rappelons qu'il s'agit d'une histoire de fantasy des années 1920-30 récupérées par Hollywood. Pourtant, les deux demoiselles du film ne se contentent pas de faire de la figuration. Déjà, Marique, la "méchante" sorcière, est le bras armé de son sanguinaire papa. On saluera au passage la présence de Rose McGowan, que j'attendais pas du tout là. Sa présence malsaine - et accessoirement son Oedipe mal réglé - fait assez froid dans le dos. En face d'elle, la "gentille", Tamara, n'est pas une oie blanche non plus. Certes, elle se fait enlever, comme toute damoiselle qui se respecte. Cependant, il faudrait voir à pas l'emmerder non plus : cette douce jeune fille embroche tout de même deux trois sbires sans sourciller. Pour l'interpréter, Rachel Nichols, illustre inconnue, qu'on a quand même vaguement croisée dans le dernier Star Trek.

Pour conclure, Conan cru 2011 est un agréable film d'action où le sang gicle à souhaits - remarquez notamment un gag à base de nez coupé - et où les belles jeunes filles vous défigurent et vous démolissent les tibias. Une occasion bien sympathique de redécouvrir ce classique absolu de la fantasy en attendant que les nouvelles ne sortent en poche...