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Les j3ux sont faits
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LJSF est un blogzine communautaire et une association sur le thème des cultures ludiques et de l'imaginaire.
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10 avril 2011

Sucker Punch, le film le plus culotté de Zack Snyder

19695607Des jolies filles en petites tenues, des zombies nazis, un hôpital psychiatrique, des robots tueurs, des orcs et des dragons, des samurais et un spectacle de cabaret : tout ça, et plus encore, dans un seul film.
Qui d'autre que l'inclassable Zack Snyder pouvait signer cet exploit plein de culot à une époque où Hollywood ne tente plus rien ?

19481698L'histoire... Ou ce qui y ressemble

On ne sait pas son vrai nom, on ne le saura jamais...
L'a-t-on su ? De toute manière, il importe peu. Babydoll a été enfermée à tort dans un hôpital psychiatrique, et veut à tout prix en sortir. Pour cela, elle devra réussir 5 épreuves, que vous vivrez en direct depuis un monde imaginaire, celui de l'esprit déjanté de la jeune femme (et de Snyder, of course).

En fait, vous raconter le scénario reviendrait à essayer d'évoquer la Nuit sur le Mont Chauve sans vous faire écouter la moindre note de musique. C'est beaucoup plus simple que ça, c'est beaucoup plus complexe à la fois.

Un Snyder, ça ose tout, c'est même à ça qu'on le reconnait

Oubliez tout, et laissez-vous happer. Sucker Punch est un ovni de cinéma comme plus personne n'en fait. Quelque part entre Black Swan et Scott Pilgrim, il associe l'envie folle qu'a dû avoir ce cher Zack Snyder de réaliser plusieurs films en un seul, et son amour des intrigues retorses. Toute la popculture de ces 50 dernières années y fait une apparition-éclair, qui loin de transformer l'objet cinématographique en film de références,  accentue le mal-être du spectateur et l'enfonce dans un insondable délire.

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Bouche ouverte, poings serrés, on se prend toutes les images -sublimes, comme toujours- en pleine tronche sans jamais réussir à rire, pleurer, ou simplement ressentir quelque chose de défini. Il y a bien l'extase de ces combats complètement allumés, métaphores un peu lourdes des actions réelles de l'héroïne. Mais c'est tellement hyperbolique qu'on commence à avoir l'impression que le réalisateur -et pour la première fois scénariste- veut juste nous violenter. Avec moi, il y est parvenu. Je suis ressortie de là complètement sur les nerfs, surexcitée et au fond du trou.
Une seule phrase au bord des lèvres : "Putain, il a osé."

Cinéma = image + musique ?

N'en déplaise à tous ceux qui trouvent que la photographie et le travail numérique de l'équipe du réalisateur font "jeu vidéo", s'il y a bien un talent qu'on peut leur trouver, c'est celui de faire "beau". De la même école qu'un Jeunet ou qu'un Spielberg, Zack Snyder associe effets physiques et effets virtuels, mais au lieu de laisser l'image telle qu'elle (et les pixels apparents), il ajoute un traitement très exacerbé, qui mélange vrai et faux avec l'élégance d'un sépia foncé. Dans SP, ça claque. Surtout que la réalisation suit vraiment bien ! Pas mal inspirée des constructions des cases de bédés, elle attire le regard du spectateur attentif vers les petits indices dissimulés ici ou là, qui aident à la compréhension de l'histoire.

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Le scénario, d'ailleurs, n'est pas toujours facile à appréhender si on ne s'attarde pas sur les chansons qui composent la BO. Celle-ci donne toute sa dimension et sa profondeur au film. Fana de codes et de sous-entendus, Snyder a particulièrement bien mis en avant cette bande-son très rock dont les textes collent aux images. Finalement, n'est-ce pas ça, le vrai cinéma : de la musique et de l'image ?

Snyder / Kubrick : même combat

19699861Après avoir à peu près tout entendu ou lu à propos de ce film, une chose est sûre : Sucker Punch sera à Snyder ce que 2001 L'Odyssée de l'Espace fut à Kubrick.
Une oeuvre magistrale écrabouillée par une partie de la critique, diminuée par un public accro au premier degré, et dont quelques scènes trop "réalisées" et misant sur la culture (manquante) des spectateurs ont un effet désastreux sur l'ensemble. C'est fort dommage. Car pour qui y regarde à deux fois, Snyder signe ici un film puissant, où les magnifiques scènes d'action ne sont qu'un prétexte à rendre encore plus dramatique une histoire qui l'était déjà de prime abord.

D'ailleurs, si je fais référence à Kubrick, ce n'est pas uniquement parce que c'est à la mode. Lui aussi signait des adaptations controversées, bourrées de sous-entendus et de messages. Celui de Sucker Punch (premier scénario original du réa) est moins subtil que celui de 300, mais son pessimisme le fait apparaître en demi-ton.

Erreur de casting

19650103Parce qu'il fallait bien que quelque chose ne tourne pas rond dans ce monde de poupées sexy, de nombreuses erreurs de raccord et des actrices plutôt fades gâchent un peu le plaisir du film. Je ne saurais vous dire si c'est fait exprès ou non, mais le jeu d'Emily Browning consiste en deux expressions, rester neutre et chouigner. Miss High School Musical (Vanessa Hudgens) prouve s'il en était besoin que lorsqu'elle ne chante pas, elle n'est pas meilleure actrice. Pour sa seconde collaboration avec Snyder, Carla Gugino donne le change, mais perd par moment son accent polonais pour des notes un peu plus... espagnoles.

Quant à la ravissante Abbie Cornish, elle sauve le tout avec des expressions parfois peu modérées mais toujours justes. Au final, c'est son personnage qui attire le plus l'attention du spectateur, tandis que les autres ne se distinguent que par leur plastique de rêve.

Une fois que vous serez allés voir le film, je vous laisse me donner votre avis : est-ce que c'était fait exprès pour servir le scénar... ou est-ce que Snyder a encore du mal à diriger ses actrices ?

 Au final

Il n'y a que deux publics possibles pour Sucker Punch, qui n'est décidément pas à conseiller à la majorité. Soit vous êtes un fan de premier degré et apprécierez un film qui reprend grosso-modo les images de Onechambara Bikini Samurai Slayer. Soit vous aimez les énigmes, les mondes oniriques, et réfléchir un poil (en plus des combats contre des zombies nazis).

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S'il n'est pas parfait et déplaira au plus grand nombre, le petit dernier de Zack Snyder vaut le coup d'être vu rien que pour découvrir comment on déguise un thriller psychologique en film d'action. Garanti sans testostérone.


4eOn vous le conseille fortement !

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Commentaires
E
Pour info : je ne l'ai vu qu'une seule fois. J'attendais une vraie version longue director's cut avec commentaire du réa pour le revoir... Ms visiblement, que ce soit en dvd ou bluray, Suckerpunch aura pas le droit à des super collectors. Snif.
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C
A voir alors, je vais laisser aussi maturer mon impression sur le film et je le reverrai peut-être d'ici quelques mois :) Je te tiendrai au courant de mes nouvelles impressions
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E
Bien entendu, il y a du vrai dans ce que tu dis, mais le problème avec les films de Snyder, c'est que tout le monde croit qu'il ne s'agit que de films grand public... C'est une grave erreur ! <br /> <br /> Snyder se fout de plaire au grand public (qui a d'ailleurs détesté son Suckerpunch, et pas vraiment adoré ses autres films à leur juste valeur). Alors OK, ya de la babe, des références faciles et des belles images, mais ça c'est de la poudre aux yeux, du décorum pour producteur frileux. Dans 300, Snyder a pondu une critique très fine du capitalisme que personne n'a observée (et c'est bien dommage), alors que dans SuckerPunch, il a joué avec tout autant de finesse sur les différents niveaux de lecture pour réaliser un portrait psychologique très complexe du seul personnage principal. Et j'invente pas ! Il y a un vrai travail de recherche et de vraies inspirations derrière tout ça. <br /> <br /> Ici, Snyder ne joue pas que sur les rêves où les références culturelles de Babydoll... Il se sert de ses références à lui (et donc des nôtres) pour construire un univers qui sert à enfermer un monstre : la psychologie humaine en général. Il aurait pu utiliser n'importe quel décor, mais il a choisi celui avec lequel il était le plus à l'aise (et nous aussi), justement pour nous mettre mal à l'aise. Son travail est à peu près aussi impressionnant que celui de Lewis Carroll dans Alice (dont il s'est inspiré). Il s'y passe exactement la même chose : Carroll reprend des "mythes" communs à son époque, et s'en sert de référent pour que son lecteur ne soit pas "perdu"... Et pourtant, il fait tout pour le perdre ! Les questions que semblent poser ces deux oeuvres, c'est : "où est la limite à notre folie ?" "où commence-t-elle ?" "à quoi la reconnait-on ?" "sommes-nous tous fous ?" "où est le monde réel ?"<br /> <br /> Bref, pour moi, après une longue maturation du film dans ma petite tête, l'utilisation de la pop-culture n'est pas juste un argument de vente, mais un coup de génie pour provoquer le mal-être. Putain, en plus, ça a vraiment été efficace (pour moi en tout cas) !
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C
Bon ben voilà, je l'ai enfin vu. Mon avis est plutôt positif, mais mitigé.<br /> <br /> J'ai du mal à me demander si la platitude du jeu des actrices (et de l'acteur) sont voulus ou non. Etant donné que leurs personnages sont tout aussi vides (on dira "mystérieux" si on veut être gentil), cette médiocrité du jeu d'acteurs amène un je-ne-sais-quoi de nanar culte au film, et finalement, après avoir eu un peu peur, je me suis surpris à prendre tout ça au second degré et j'ai beaucoup aimé.<br /> <br /> L'idée de scénario est également très bien trouvée, le contraste entre les univers déjantés qui servent d'échappatoires à "Babydoll" et la réalité glauque mais tellement mal jouée qu'elle en devient tragi-comique est saisissant.<br /> <br /> Globalement, je dirais que j'ai bien aimé.<br /> <br /> [à partir de là, c'est long et polémique, vous pouvez vous arrêter là]<br /> <br /> Ca a quand même soulevé en moi une question qui me dérange un peu par rapport à ce film, mais pas uniquement par rapport à lui :<br /> <br /> Suis-je le seul a avoir l'impression que "contient des références à la pop-culture" devient de plus en plus un argument de vente (voire le seul) pour beaucoup de produits aujourd'hui ? Et que cela tend à nuire à l'originalité des productions ? Suis-je également le seul à m'en lasser peu à peu ?<br /> <br /> Bien évidemment, quelqu'un qui écrit quelque chose, que ce soit un film, un livre, une chanson ou autre est forcément influencé par sa culture, et il me paraît clair aussi que quelques références bien placées et bien utilisées peuvent avoir un impact important sur le spectateur/lecteur/autre. Ce que j'aime en effet dans l'a-propos d'une référence (que ce soit à la pop-culture ou autre), c'est qu'elle témoigne alors d'un certain travail de recherche, pour comprendre la référence et réussir à la placer correctement, à l'endroit précis du script ou le spectateur pensera "On ne pouvait pas dire mieux".<br /> <br /> J'ai malheureusement l'impression que de plus en plus, cette recherche de la petite référence bien placée devient pour les scénaristes/réalisateurs/autres une solution de facilité pour pondre des univers fantastiques (ou des blagues, je pense à TBBT par exemple) à moindre risque. Plutôt que de se creuser la tête et prendre le risque d'être incompris par le grand public en produisant des univers fantastiques originaux, faisons donc un salmigondis de tout ce que les gens comprennent en fantasy et SF, cela sera plus simple. Et malheureusement, je dois dire que si ce n'étaient les images époustouflantes, je me serais presque ennuyé au cours des passages dans les univers oniriques, faute d'y avoir vu du rêve; faute d'y avoir vu de l'imagination.<br /> <br /> Je reste toutefois ouvert en ce qui concerne l'application ou non de ce que je dis ci-dessus aux univers fantastiques de Suckerpunch, car l'argument consistant à dire que ces références sortent précisément du psychisme de Babydoll et donc de sa culture me paraîtrait peut-être défendable (Ha, vous ne le saviez pas encore, j'adore me faire l'avocat du diable). Alors bon, peut-être que Snyder a créé avec Babydoll un personnage plus complexe qu'il n'y paraît ? Qu'il n'a pas fait simplement un étalage facile de références pop-culture-esques ?<br /> <br /> <br /> Quoi qu'il en soit, je précise à nouveau que j'ai bien aimé ce film :)
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C
Oui, je pense que rechercher une quelconque cohérence historique dans ce genre de film tient du non-sens, il n'y a clairement aucune volonté de coller à quoi que ce soit, ça a l'air d'être simplement un patchwork de ce qui a marqué l'imaginaire collectif et populaire ( c'est pas forcément péjoratif ce que je dis là), je ne faisais que chipoter sur un détail technique ^^ D'autant qu'en voyant les affiches promos, j'ai soupiré, car les Méchants Allemands Démoniaques ( MAD ) commencent à me lasser (en plus j'en ai assez bouffé dans ma jeunesse, du "on aime pas les boches"), mais bon, avec la classe ultime de leurs uniformes, je comprends qu'on veuille s'en servir ^^
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