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Les j3ux sont faits
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LJSF est un blogzine communautaire et une association sur le thème des cultures ludiques et de l'imaginaire.
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2 mars 2011

Tron Legacy : Reboot

quorraTRON : Legacy sur le divan...

A moins de vivre sur la Lune, vous avez du faire face ces six derniers mois à l'horripilante stratégie de marketing autour de la sortie du film Tron : Legacy. Licences distribuées par-dessus la jambe, esthétique "noir à néons colorés" envahissant le moindre produit "geek", adaptation vidéoludique hyperactive et immaniable, tout laissait penser que ce fameux Tron 2 cachait une monumentale merde atomique en 3D. Maintenant que le film est en salle, le soufflé retombe un peu, mais finalement, la déception n'est pas si grande.

Souvenirs, souvenirs

tron_affichesEn 1982, le microprocesseur vient tout juste d'être inventé, la souris n'est qu'un projet universitaire, et déjà, des fanas d'informatiques imaginent le monde Tron. A la sortie du film, toute une génération se prend une des plus grosses claques visuelles de sa vie. Pour la première fois, les images de synthèses sont utilisées pour réaliser un univers à part entière, sur lequel se détachent des acteurs fagotés de costumes lumineux du plus bel effet -pour l'époque.

Le Tron de 1982 est certainement le premier film geek de l'histoire, et n'a du son succès auprès du grand public qu'à l'omniprésence de Disney, producteur. En quoi est-il geek ? Si vous avez vu le film, je pense qu'il n'y a rien à ajouter.

Pour les autres, voici une petite liste :

tron_geeks- Les héros de l'histoire sont un hacker et un programme informatique
- Le film est une ode vibrante au libre
- Les méchants de l'histoire sont un genre de Bill Gates et un programme super-puissant qui phagocyte tous les systèmes informatiques de la planète
- La seule fille du film est une véritable geekette, elle a même des lunettes et une poitrine normale
- A lui seul, le film a inventé plusieurs jeux vidéo géniaux
- 1/4 des dialogues n'est accessibles qu'à des gens qui s'y connaissent un poil en informatique
- Les écrans sont déjà des tables tactiles

Et j'en passe. Tron est plus qu'un bon film avec de beaux effets spéciaux et de bons acteurs, c'est le symbole même de la révolution numérique, bref, il est à l'informatique actuelle ce qu'Erasme fut à l'humanisme ; un précurseur, un devin, voire même un avatar. Autant dire que lorsque les premières rumeurs ont couru à propos d'un Tron 2, tous les fans avaient déjà placé la barre très haut.

Tron 2 : le fils caché de Torvalds (Linus) et Oswald (le lapin chanceux)

Disney, pas un pro du saut à la perche, s'est donc lamentablement planté si on considère son film d'un point de vue purement "geek". Rien de bien folichon, les questions existentialistes sont plutôt de l'ordre de "il faut être zen dans la vie mon fils -Tu es sûr papa, tu veux pas bouger ton cul un peu pour me faire plaisir?", alors que 2h à 2h30 de pellicule permettaient largement d'en faire un manifeste engagé. En filigrane, il reste toujours un message assez similaire à celui du premier opus, à savoir que l'informatique est faite pour être partagée, libre, etc... Mais on s'arrêtera là pour les considérations d'ordre spirituel ou politique.

Belles images

tron_combat_de_disqueLà où la surprise est de taille, c'est que c'est fichtrement beau. Un mélange d'effets physiques (les véhicules et décors sont quasiment tous réels) et virtuels rend la "grille" (le monde informatique) vraiment classe. On reste dans le même minimalisme que dans le premier épisode, mais avec un look beaucoup plus cool et actuel.  De mon point de vue, un peu trop "cool" et un peu trop "actuel", mais il en faut pour tous les goûts. Surtout depuis qu'Apple se taille des parts de marchés énormes grâce à ses designs glossy... Les costumes sont toujours aussi étranges mais collent bien à l'univers, les nouveaux moyens de transports et les nouvelles règles des jeux sont très sympa.

Côté réalisation, rien à critiquer, tout a été pensé ingénieusement pour nous plonger dedans, avec une utilisation de la 3D assez originale puisque plutôt que de faire des effets de jaillissement à tout-va, elle nous oblige à focaliser notre regard sur un point précis de l'écran. Pendant les courses de motos, cette façon de forcer l'identification au personnage est très dynamique. Visuellement, donc, rien à dire, ça déchire.

Ah. Si. Un truc. Le Flynn "jeune" qu'on voit dans le film, complètement retravaillé en images de synthèse, il vaut même pas Néo dans Matrix Reloaded. C'est dire que c'est laid. On va juste imaginer que c'est pour faire plus "jeu vidéo".

...et bon son

daft_punkDaft Punk remixant le sympathiquement desuet thème de Tron, et créant sa propre musique autour du film, c'était forcément une bonne idée. Mais là encore, j'ai frissonné de la tête aux pieds en découvrant que non seulement le duo de français avait (super bien) travaillé avec un orchestre symphonique, mais qu'en plus, leur son collait absolument parfaitement à chaque scène. Pour un peu, on croirait qu'il ne s'agit en fait que d'un clip de Daft Punk rendant hommage à Tron premier du nom. Les deux casqués se tapent la vedette dans une scène hilarante et surréaliste menée avec brio par le génial Michael Sheen, où ils officient en tant que "programme DJ".

 Tron : Reboot

lightcycle_avant_apresNon, le plus surprenant quand on voit Tron Legacy, c'est que si, finalement, il n'est pas si mauvais que ça, c'est surtout parce qu'il s'agit tout simplement d'un remake grand public du premier volet. Ah, si, ils ont osé. Voyez plutôt l'histoire des deux films :

  • TRON : dans le monde réel, le patron de l'entreprise Encom se fait des couilles en or avec des jeux qu'il n'a pas inventés ni même modifiés. Dans le monde virtuel, le MCP, un programme dictateur surpuissant, fait subir une épuration aux logiciels qui composent la sphère informatique. Il projete de diriger le monde à la place de ses concepteurs, qui ne sont décidément ni logiques ni intelligents. Il profite de sa toute puissance pour aspirer dans le monde virtuel le désabusé Flynn (père), un hacker un peu trop fouineur, et le jeter dans une arène pour qu'il meure par le jeu.
  • TRON LEGACY : dans le monde réel, le patron de l'entreprise Encom se fait des couilles en or en vendant comme neuf un vieil OS. Dans le monde virtuel, CLU, un programme dictateur surpuissant, fait subir une épuration aux logiciels qui composent la sphère informatique. Il projete de diriger le monde à la place de ses concepteurs, qui lui ont demandé de créer le monde parfait. Il profite de sa toute puissance pour aspirer dans le monde virtuel (la "grille") le désabusé Flynn (junior), un hacker un peu trop glandeur, et le jeter dans une arène pour qu'il... Là, je suis pas sûre qu'il y ait un connecteur logique, c'est juste histoire de faire intervenir les jeux vidéo dans l'histoire. 

Les similitures entre les deux scénars ne s'arrêtent même pas aux grandes lignes, car si quelques passages font office de clin d'oeil pour les fans, d'autres ne sont qu'un banal copier-coller. En plus de ce manque d'imagination, les scénaristes ont également souffert d'un gros manque de mémoire.
nom_lightcycleCertains des nombreux auteurs du film ne devaient même pas avoir vu le premier opus pour oser faire de Flynn (père) un gourou pacifiste ou encore pour appeler "Tron" le jeu de course de moto... Sachant qu'à ce niveau, c'est pratiquement un blasphème puisque "TRON" est le nom d'un programme de défense conçu par Alan, le meilleur ami de Flynn, alors que Flynn le jeu vidéo en question s'appelle tout simplement "Lightcycle". Désolée, quand je vois des conneries pareilles, je m'énerve.

Actors Studio

Bizarrement, je n'ai pas été traumatisée par le jeu des acteurs.
Jeff Bridges ne colle plus trop à son ancien personnage, mais joue toujours aussi bien. D'ailleurs, il fait prendre à Flynn des faux airs du Big Lebowski, ce qui est assez amusant par moments. Olivia Wilde est tiptop, et le petit nouveau, Garrett Hedlund, a beau avoir la tête à claque du jeune premier de chez Disney, il assure. Je lui trouve un craquant petit air de Corin Nemec, en moins scientologue. Et il faut l'avouer, ça fait également bien plaisir de revoir Bruce Boxleitner dans autre chose que des redif de Babylon 5.

michael_sheenMais celui qui s'en sort avec le plus de classe, de brio, de pep's, de tout quoi, comme à chaque fois, c'est le grand Michael Sheen, qui crève littéralement l'écran avec un tout petit rôle qui prend de la place. Il s'en donne à coeur joie et durant quelques minutes, on se délecte de son jeu tout en subtilité et bourré d'ironie. Ah ! Y a pas à dire, ça fait du bien.

Enfin bref

TRON Legacy aura finalement un avantage : il est l'occasion pour les non-initiés de revoir son précurseur, et de découvrir ce monde fabuleux. Pour les plus jeunes, c'est une entrée en matière à peu près aussi correcte que la prélogie de Star Wars, mais qui comme cette dernière, ne saurait être dissociée de son vénérable ancêtre.

A conseiller aux fans tout en leur précisant de ne pas trop en attendre, ainsi qu'au non-initiés à condition qu'ils n'oublient pas que c'était mieux avant. Conseil ultime : achetez le DVD de TRON (1), et (re)voyez-le avant.

3e Pas indispensable, mais de bonnes choses.

 

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PS : (je vous conseille glTron, la seule véritable adaptation en jv des lumicycles LIBRE POWA)

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