AmnesYa 2k51
Dans l’imaginaire de nombreux rôlistes masculin, les filles qui jouent au jeux de rôle n'aiment que les jeux plein de couleurs, de fées, d'elfes et de choses mignonnes. Aujourd'hui, en vous présentant l'un de mes jeux favori, j'aimerai vous prouver le contraire.
Il y a deux ou trois ans de cela, je parcours gaiement une convention de jeux et m’arrête à un stand où l’on vend des manuels. Victime de ma condition de femme, on insiste pour me vendre un livre de jeu medfan, plutôt minouchet, avec des illustrations aux couleurs vives – en ce qui me concerne, même si j’ai trouvé la couverture jolie, deux phrases de la vendeuse m’ont fait comprendre que ce ne serait pas ma came. Afin de mettre fin à cette promotion inutile, je tends le doigt vers un autre livre, la couverture sombre… Et, il faut l’avouer, plutôt moche.
« Et celui-là, qu’est-ce que c’est ?
- Euh… C’est un jeu d’anticipation, très sombre et glauque, je ne suis pas sûre que ça vous plaise…
- Aaaaah, ça c’est intéressant ! »
Le livre qu’on me présente alors, c’est AmnesYa 2k51. L’histoire : dans un futur proche (2051, comme son nom l’indique), la société est franchement inégalitaire et dangereuse et elle doit gérer l’apparition de mutants (dont font partie les joueurs et qu'on appelle les Doppelgangers). Oubliez immédiatement X-Men et Heroes, AmnesYa n’est pas Hollywood ! Ses protagonistes ne sont pas des héros qui s’apprêtent à sauver le monde, ils cherchent surtout à sauver leur peau dans un monde pourri où il ne fait pas bon être mutant. L’intrigue principale est basée sur l’amnésie (logique) et est basée à Washington, mais il est tout à fait possible de jouer des scénarios qui n’ont rien à voir, car l’univers est aussi complet que crédible.
Les mutations des personnages sont à choisir parmi un large panel. Il y a les classiques (télépathie, télékinésie), additionnés de trucs plutôt marrants (une certaine gestion de l’apesanteur, la possibilité de créer des larves pour contrôler quelqu’un, etc. : l’imagination des créateurs est fort vaste). Là où c’est drôle, c’est que chacun de ces pouvoirs à une contrepartie négative, souvent assez abominable. Vous voulez un personnage avec des ailes ? D’accord, mais elles ressembleront plus à celles d’une chauve-souris que d’un cygne… On peut créer une infinité de profils différents et jouer un personnage peu belliqueux n’est pas handicapant… Car même un mutant pacifiste est un potentiel bourrin.
Ca, c’est dû au système de dé. Il a des défauts (il n’est pas toujours très clair et il est moyennement pratique), mais il a le mérite de bien montrer les différences de capacités entre humains et mutants.
Petite explication technique (lisez lentement et préparez l’aspirine) :
AmnesYa ne se joue qu’avec des dés 6. En général, pour effectuer une action, on lance autant de dés qu’on a de points dans la caractéristique associée à l’action (force pour un coup de poing, adresse pour un tir…). Après ce jet, on garde autant de dés qu’on a de points dans la compétence (corps à corps, tir…). Évidemment, on garde les meilleurs dés. Les humains n’ont que ce score. Les humains exceptionnellement doués peuvent ajouter des points s’ils ont fait au moins trois fois le même chiffre (s’il fait trois 5, il ajoute 15 à son score). Quant au mutant… outre le fait que ses caractéristiques peuvent être bien plus élevées que les humains (et qu’il peut donc lancer plus de dés), il ajoute des points dès qu’il fait une suite de trois chiffres ou plus (s’il fait 3, 4 et 5, il ajoute 12 points à son score).
Or, par expérience, je vous assure que l’on fait très souvent des suites, même si on ne lance que quatre ou cinq dés. Ainsi, j’ai vu un jour une joueuse pacifiste et timide, dont le personnage n’avait que « armes improvisées » pour seule compétence de combat, arracher la mâchoire de son adversaire et le faire saigner à mort. Je tiens à préciser qu’au départ elle visait la main pour le désarmer…
La gamme comprend aujourd'hui le livre de base, un petit supplément vendu avec l'écran de jeu et le supplément Washington Doppleganger's Comedy. Malheureusement, les développeurs semblent avoir plus ou moins abandonné le projet de continuer le jeu, mais un groupe d'amateurs travaillent en ce moment sur la création d'un ultime supplément (ce pour quoi ils ont ma totale gratitude).
En bref, l’univers détaillé d’AmnesYa 2k51, ses PNJ hauts en couleurs et ses possibilités de création de personnage peuvent vite rendre une partie très marrante, à condition d’avoir ce sens de l’humour noir et tordu très répandu chez le geeks. Si vous ne l’avez pas, il est toujours tant de vous remettre au medfan et de trouver un maître du jeu qui ne fait que des scénarios avec des fées.
Plus d'informations sur le site officiel des Deadcrows.