Skully Fourbery : est-ce que j'ai l'air d'un squelette?
Il s'appelle Derek Landy et il est irlandais. Il est l'auteur du scénario de Boy eats girl, un film de zombie vraiment pourri. Vous allez me dire, comme introduction, on fait mieux. Il s'avère donc que le monsieur en question s'est mis à la littérature jeunesse. Si, si... Et quelque part, moi je trouve qu'il a bien fait.
Skully Fourbery, c'est le nom de son personnage, c'est le nom de son livre qui vient tout juste d'être édité en France. Skully Fourbery, c'est un type qui a gagné sa tête au poker, qui fait des flammes en claquant des doigts. Il est cynique, drôle, plein de principes un peu étranges. Et... Ah, oui, j'ai oublié de vous dire. Il est mort. Enfin plus tellement. Disons que c'est un squelette vivant. Oui, ça fait bizarre à tout le monde au départ, mais on s'y fait.
L'histoire, c'est celle de Stéphanie, une jeune fille de 12 ans comme on en fait dans la littérature fantastique pour jeunesse, qui rencontre un jour cet étrange personnage. Avec lui, elle découvre un monde dans notre monde, peuplé de sorciers et de créatures effrayantes. Par la force des choses, et surtout à cause de l'entêtement de la jeune fille, ils en viennent à s'allier pour sauver le monde. Rien que ça.
Skully Fourbery (Skulduggery Pleasant en version anglaise) n'est pas le roman de l'année. Le style de l'auteur n'est pas fameux (même J.K. Rowling, avec son style scolaire et rigide dans le premier tome d'HP, est plus cohérente) : des ellipses malheureuses, des descriptions maladroites, et des passages totalement bâclés. Certaines phrases sont de trop, certains dialogues pas très crédibles. Le personnage de Stephanie est neutre, inintéressant au possible, mal développé. Le méchant, Serpine, ressemble vaguement a un autre méchant d'une autre série anglaise du même genre, et n'a tellement pas de profondeur qu'on se fiche littéralement qu'il meure ou pas à la fin.
Vous allez me demander si j'ai aimé... Et je vous répondrai que j'ai adoré. Malgré tout ces défauts, je ne regrette pas une seule seconde les 16 euros dépensés.
L'histoire ressemble un peu à toutes ces histoires dont on raffole, le monde est merveilleux, mais merveilleux dans le sens littéraire du terme, dans le sens où tout ce qui n'existe pas se met à exister.
Ce merveilleux là est horrible, il s'y passe des choses étranges et désagréables, il y rode des personnages effrayants. L'auteur est cynique et n'a aucune pitié pour ses personnages. Un personnage doit mourir? Qu'il meure. Un autre doit souffrir ? Qu'il souffre. Tout le livre est parsemé de petites notes d'un humour très noir comme on n'en fait plus assez.
Les scènes de combat sont délectables, pleines de réalisme, les blessures dures et réelles. La magie est là, mais ici pas trois petits coups de baguette et puis s'en vont, non ici la magie a un prix, fort, et le combat est à la vie à la mort sans espoir de retour -sauf pour le héros.
Skully est un personnage attachant, dandy et drôle. Skully, c'est un peu l'ami imaginaire que nous aurions tous voulu avoir...
Ce livre, je ne le conseille pas à de trop jeunes lecteurs. Par contre, les plus âgés ne seront pas déçus : ça se lit vite, captive l'attention, fait rire et frémir.
A lire, mais évitez peut-être l'emporter avec vous dans le train, dans sa version française, la tranche est disons... Orange fluo?
Skully Fourbery, 16 € chez Gallimard Jeunesse
ou
Tome 1 en VO Skulduggery Pleasant chez HarperCollins Children's book
Tome 2 en VO uniquement Playing with fire chez le même éditeur
(comptez 12 £ pour le livre et 8 £ pour la version poche du tome 1)
Plus de renseignements : http://www.skulduggerypleasant.com