Alain Damasio : devenez un Volté
A côté de lui, Asimov c'est du bas de gamme
Voilà, ça c'est fait lol je continue ma campagne pour faire connaitre cet auteur génialissime ! Allez place au programme, heu aux arguments XD
Bon et qu'est ce qu'il a de si génial au juste ? A la fois le fond et la forme !
Le fond : des
histoires profondes qui touchent à l'essence de ce que nous sommes, du
suspens haletant et des personnages vibrants. Des théories détaillés du
qui sommes nous et quelle société créer. (Le seul vrai défaut qu'on pourrait lui reprocher c'est de faire des théories ultra complètes, ce qui en soit est une force car c'est passionnant et rendu crédible, mais bon c'est un peu longué... Mais l'ensemble vaut le coup de s'accrocher ! )
La forme :
Accrochez vous car il faut me prendre aux mots, imaginez les avec
toutes leurs forces (c'est pas du baratin) : son style est enlevé,
virevolté, de la pur dynamite ! Un style que vous ne verrez pas
ailleurs. Les mots deviennent éclairs, sons, éclats. Pur, massif et
noble, ça vous vrille direct au coeur, et vous emporte dans une tempête
d'émotions.
Ses histoires ? Deux romans.
La horde du contrevent :
La
Horde : une élite formée à la dure dès le plus jeune âge pour Contrer.
Pour seule arme, leur corps et leur volonté. Contrer les rafales
feroces qui deferlent de l'Amont. Avancer, mois après mois, année après
année, pour aller trouver l'origine du vent, làs bas à l'Extrème-Amont.
Avancer
en oubliant ses souffrances, malgré les morts que le vent leur arrache,
lutter plus qu'au bout pour rejoindre cette chimère où nul homme a pu y
mettre les pieds.
Ils sont la 34ème Horde à entreprendre la quête de
l'impossible, la 34ème et la dernière, celle qui réussira, le 9ème
Golgoth qui les guide en fait le pari. Mais face aux tempêtes de vents
inhumaines, face au glacier infini de Norska, et surtout face à
l'inconnu, qui peut dire s'ils réussiront ?
Ce roman est grandiose par sa richesse, sa profondeur, ses personnages taillés à la hache par le vent qui les façonne.
Les
descriptions atteignent un réalisme inoui au point qu'on sent la
férocité du vent contre sa peau, on vit avec eux, on fait partis de la
Horde.
Profondeur aussi des rafales qui ne façonnent pas que la
terre, mais les esprits aussi : le sens du devoir de la Horde, et
surtout philosophies du vent, et du mouvement placé comme l'essence
même de la vie.
Il est grandiose par le style, cette originalité de tons, ces jeux incessants d'écritures et de formes.
Le
troubadour Caracole a toujours les mots précis, saisissants, drôles et
réfléchis. Par contraste, le franc parler de Golgoth qui a tout du
vieux marinier macho. Et les autres qui y vont de leur sensibilité
différente. L'auteur les laisse raconter, passant des uns aux autres
avec souplesse, et c'est un vrai bonheur à lire.
Plus que cela les
mots se font rafales, les mots se font musiques, et c'est une vrai
partition d'un autre genre que nous présente l'auteur. La ponctuation
sert à noter les rafale, blaast, tourbillons, accélération et autre
salves. Et on se prend à imaginer les vents décris, à en créer à notre
tour...
La zone du dehors, son premier roman réécrit :
La
dictature moderne se veut caché. Elle est subtile, se montre sous
l'aspect d'une démocratie. Mais est on vraiment libre lorsqu'on n'est
qu'une pâte à norme, moulée par l'état ? Une copie qu'on forme...
La
Volte, elle, est là. Une force de frappe, une envie irrépressible de
liberté, de faire tout éclater pour retrouver l'envie profonde de
vivre. Une bataille acharnée contre un adversaire dilué dans la
société...
Honnetement je m'attendais à un énième
roman-sur-la-vilaine-dictature-qui-opprime, et j'ai été bluffé. J'ai
retrouvé ce ton endiablé, ces virevoltes des mots et des idées de la
Horde. Et cette fois ci, on est plus dans la fiction.
N'avez
vous pas sentis que notre société actuelle devient une dictature
déguisée ? N'avez vous pas eut l'impression que de se battre contre
elle c'est évoluer dans la glue ? Parce que, tout comme dans ce livre,
la plus grande force de cette dictature ce n'est pas les têtes de ponts
de l'état, non, mais le conformisme, le statisme et le consensus du
peuple !
Et ce livre analyse parfaitement ce processus déjà en
marche, nous donnant une vision d'avenir que trop réaliste. Il nous
donne aussi la clé : cette volte interne constante, ce refus de tout
train-train, de tout cadre, ce besoin irrépressible de la création
constante.
Une joyeuse anarchie ? Pas tant que ça.
Une vision de l'homo futurus ? sans aucun doute.
Bref
voilà une grande histoire, une belle réflexion sur la société humaine
et le besoin vital de liberté où l'on se sent emporté, mieux, qui nous
redonne vie. A lire d'urgence !