eXistenZ
Vous qui êtes un gamer, vous devez connaître cette étrange sensation de "retour à la réalité", quand, après au minimum deux bonnes heures de jeux, la réalité vous parait irréelle et vous vous retrouvez avec le reflexe de verifier s'il n'y a pas un ennemi derrière la porte avant d'entrer dans la pièce ou bien avez une subite envie de casser le vase en terre cuite de maman pour vérifier si, par hasard, il n'y aurait pas une trousse de soin dedans...
Bref, vous savez à quelle point le réalisme de certains jeux est déroutant. Vous savez que certaines âmes sensibles en sont au point de continuer une partie de CS en pleine rue sur de vraies personnes, et que d'autres vont vouloir à tout prix maison et mobilier des Sims. Bref, trop abuser du jeu, c'est dangereux...
C'est en partie sur ce thème que David Cronenberg a créé le scénario du film eXistenZ que je vais vous présenter ici.
Ce film fait partie de la mouvance cyberpunk, tout en la critiquant violemment, ce qui fait que ce film n'est pas un "cliché" du rapport réalité/réalité virtuelle comme ont pu l'être d'autres films.
Non, dans eXistenZ, bien au contraire, on navigue dans un monde irréel et opposé à tous les mondes futuristes imaginables : les consoles de jeux (pad) sont des sortes d'organes en forme de manette de jeu qui se branchent grâce à un cordon ombilical directement sur le système nerveux, et aucun objet électronique ou informatique ne filtre de notre monde réel à ce monde imaginaire.
L'histoire est celle d'une jeune femme, créatrice de talent d'un jeu vidéo qui plonge ses utilisateurs dans un monde trop réel pour être vrai : le jour de la présentation du jeu, elle est victime d'un attentat et découvre qu'une ligue de libération de la réalité en veut à sa vie. Elle s'enfuit en compagnie de son garde du corps, et ensemble, ils vont tenter de lutter contre leurs poursuivants à la fois dans le monde réel et dans le jeu...
Ce film est troublant, émotionellement fort et en 95 minutes, les rebondissements sont tels qu'on a presque l'impression de ne plus réussir à suivre. Certaines scènes sont particulièrement drôles, mais le ton est plutôt à l'humour noir. Au delà du scénario vertigineux, les réferences au monde du jeu sont absolument géniales : ainsi, les personnages qui se mettent "en boucle" tant qu'on ne leur pose pas la bonne question, et les cinématiques durant lesquels les personnages voient leurs corps jouer sans pouvoir les contrôler. Les joueurs ne pourront que saluer la performance des acteurs, et l'inventivité du "jeu".
Ce film vous dit mais vous avez peur que votre copine déteste? Dîtes lui juste que le héros est joué par Jude Law et que Willem Dafoe y fait une sympathique apparition...
Pour conclure, un film a recommander a tous les fans de SF et/ou de jeux vidéos, aux gens qui aiment bien se retrouver cloués au siège à la fin d'un film, à ceux qui aiment quand violence, action et passion se confondent et surtout...
Is it still the game?